Au « supermarché inversé » de Cervione en Haute-Corse, on peut trouver : jouets, vaisselle, cafetières, livres, poussettes et même des skis. Chacun peut déposer des objets en état de fonctionnement et en prendre gratuitement, une initiative unique dans l’île pour réduire les déchets et le poids de la vie chère.
« En 2021, 3,8 tonnes d’objets ont ainsi été détournés de l’enfouissement, et en 2022 nous sommes à 4,2 tonnes », se félicite Serge Bereni, initiateur de ce magasin gratuit adossé à la déchetterie du village de 2200 habitants.
Pour les visiteurs, c’est aussi une façon de contourner l’inflation. « J’ai trouvé une lampe et cette belle soupière colorée pour les décos de Noël », se réjouit Catherine Piombini, une fonctionnaire retraitée âgée de 65 ans qui déambule dans ce hangar de 100 mètres carrés aménagé grâce à 80.000 euros d’aides publiques.
« La dernière fois, j’ai amené des livres, des tissus et une cafetière. Et cet été, pour mon petit-fils venu en vacances, j’ai pris des Playmobil, que j’ai ramenés quand il est parti », explique cette habituée des lieux.
« Nous souhaiterions qu’il y en ait partout »
Alors que la Corse peine depuis une vingtaine d’années à gérer ses déchets, en l’absence d’incinérateur et avec seulement deux centres d’enfouissement, cette alternative astucieuse et écosolidaire à la décharge a été créée sur le modèle du « supermarché inversé » de Vayres initié en 2017 en Gironde par le syndicat mixte de collecte et de valorisation des déchets du Libournais.
« Libourne est le premier en France, nous sommes le deuxième, le premier en Corse, mais nous souhaiterions qu’il y en ait partout », s’enthousiasme M. Bereni.
« Ça n’était plus possible de voir des choses valables jetées, avec l’époque que nous vivons, les augmentations perpétuelles », ajoute cet agent territorial chargé de l’environnement sur la communauté de communes du Costa Verde.
Région la plus pauvre de France métropolitaine, la Corse est « plus vulnérable face à l’inflation actuelle », a souligné l’Insee en décembre 2022, pointant une présence plus importante dans l’île d’habitants ruraux, de ménages modestes, de familles monoparentales et de personnes âgées, tous plus touchés par la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation.
Une prise de conscience primordiale
Cette caverne d’Ali Baba, ouverte les lundi, mercredi et vendredi matin, est tenue par Sylvie Perolari, bénévole de 62 ans qui égrène les dons d’objets organisés via le magasin : 2 kg de jouets au Secours populaire, 5,6 kg de DVD à l’hôpital de Tattone, 12 kg de jouets à la crèche du village, 20 kg de vaisselle et de livres à la Croix Rouge.
« Pour moi, les fins de mois aussi sont très difficiles, mais ce lieu m’occupe l’esprit. J’adore le rangement, l’harmonie », explique celle qui vit chichement de son allocation adulte handicapée.
Quant à Patrick Hoor, journaliste spécialisé en écologie et ostéopathe âgé de 68 ans, il a amené des livres et repart avec deux paires de skis : « Ma femme voulait retourner faire du ski. Alors voilà ! « Il faut cette « prise de conscience », estime-t-il : « Sinon la nature va nous l’imposer ».
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