Magistrats, avocats et greffiers se sont mobilisés mardi contre une « justice au rabais », un an après une retentissante tribune qui avait étalé au grand jour leur « souffrance » au travail en France, qui alloue moins de crédits à la justice que ses partenaires européens à PIB comparables.
« La réalité du terrain, ce sont toujours des audiences surchargées (…), des délais au-delà du raisonnable, des jugements non expliqués », écrivent 19 syndicats et organisations de magistrats, d’avocats ou de conseillers d’insertion dans un communiqué commun, appelant à « renvoyer toutes les audiences » mardi.
Pontoise : tous réunis et avec une énorme pensée pour Marie Truchet. Elle a marqué la juridiction et le Barreau par sa gentillesse et son humanité. C’est en sa mémoire aussi que nous apportons notre soutien aux magistrats et personnels de greffe pic.twitter.com/kcuJcACrdq
— Maître Ruban (@MaitreRuban) November 22, 2022
Le texte dénonce le « dilemme intenable » auquel sont confrontés les magistrats : « Juger vite mais mal ou juger bien mais dans des délais inacceptables ».
Quelque 200 personnes se sont ainsi rassemblées sur le parvis du tribunal judiciaire (TJ) de Paris scandant notamment « Des moyens pour la justice » ou encore « Justice au rabais, justice en danger », a constaté une journaliste de l’AFP.
Une institution en « état de délabrement avancé »
Il y a tout juste un an, une tribune signée par 3000 d’entre eux et publiée dans le quotidien Le Monde avait créé un électrochoc et alerté sur les conditions de travail d’une institution rongée par une « grave perte de sens ».
Écrit après le suicide d’une jeune collègue, le texte a depuis été paraphé au total par près de 8000 magistrats, auditeurs de justice et greffiers.
Lancés par le gouvernement, les États généraux de la justice ont conforté ce diagnostic en concluant à « l’état de délabrement avancé » de l’institution, auquel le ministère a tenté de répondre en décrochant, pour 2023, une troisième hausse consécutive de 8% de son budget annuel.
« Avec ce budget de presque 10 milliards d’euros, le ministère de la Justice poursuit son changement de dimension avec des moyens à la hauteur de ses missions », avait estimé fin septembre le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, qui doit bientôt dévoiler un nouveau plan d’action.
Belle mobilisation à la roche sur Yon !
Qui a dit que la justice était réparée ? pic.twitter.com/KwW0cggRA8— Union Syndicale Des Magistrats Poitiers (@USM_Poitiers) November 22, 2022
Des recrutements « largement insuffisants »
L’exécutif s’est engagé à recruter 8500 magistrats et personnels de justice supplémentaires d’ici à la fin du second quinquennat Macron et a annoncé une hausse de salaire de 1000 euros mensuels en moyenne pour les juges judiciaires.
Ces recrutements « sont largement insuffisants et aucun plan d’action clair n’a été défini », déplorent les organisations professionnelles.
À Strasbourg (Est), environ 150 personnes dont le président du TJ se sont réunies sur les marches du tribunal. À Pontoise, en banlieue parisienne, environ 100 personnes étaient rassemblées tandis qu’à Toulouse (Sud-Ouest), ce sont une centaine de personnes qui étaient réunies.
D’après le Conseil de l’Europe, la France alloue moins de crédits à la justice que ses partenaires européens à PIB comparable : elle y consacrait 72,50 euros par habitant en 2020, contre 82,20 euros en Italie, 88 en Espagne ou 140,70 en Allemagne.
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