Dix mois seulement après avoir accouché, la Française Clarisse Agbégnénou retrouve les Championnats du monde de judo à Doha avec sa fille à ses côtés et l’envie d’ouvrir la voie pour les autres mères-judokas.
« Elle sera partout avec moi », déclare à l’AFP Agbégnénou à propos de sa fille Athéna. « J’ai le droit d’avoir ma fille et mon accompagnant partout où je le souhaite ».
Partout, c’est-à-dire à l’hôtel des athlètes, dans les tribunes climatisées de l’Ali Bin Hamad Al Attiyah Arena, ou même dans la salle d’échauffement, où grouillent chaque jour les judokas, entraîneurs, sparring partners et membres du staff des équipes engagées.
Absente de la dernière édition des Mondiaux pour cause de congé maternité, la double championne olympique de Tokyo, déjà auréolée de cinq couronnes mondiales, signe au Qatar son grand retour sur la scène planétaire en préparation des JO à domicile dans un peu plus d’un an.
Lors de l’annonce de sa grossesse en février, la judoka de 30 ans avait immédiatement donné rendez-vous pour ceux de Paris en 2024.
Au Qatar, elle s’estime capable d’aller chercher une médaille même si sa reprise post-maternité n’a pas été de tout repos avec une blessure à un genou et surtout un conflit avec la Fédération française au sujet de son kimono.
Cet épisode désormais derrière elle, elle arrive à Doha concentrée sur la compétition, qu’elle entame mercredi en -63 kg, et sur sa fille Athéna, après un premier test effectué au Grand Slam de Tel Aviv en février où tout s’est passé de manière « fluide », assure-t-elle.
Comme elle, d’autres femmes judokas ont récemment repris leurs carrières après être devenues mères. La Néerlandaise Kim Polling, 32 ans, ou la Britannique Nekoda Smythe-Davis, 30 ans, également présentes à Doha, ont par exemple des enfants en bas âge.
Mais Agbégnénou est pour l’instant la seule à amener sa fille jusqu’en salle d’échauffement. « C’est une première », souligne-t-elle. « Avant, je crois qu’on n’avait pas le droit d’aller dans la salle d’échauffement avant l’âge de trois ans. Je pense que ça peut être bien parce que ça peut ouvrir la porte (pour d’autres) ».
« Je ne peux que remercier la fédération internationale d’avoir accepté d’avoir un bébé à la salle d’échauffement », poursuit-elle. « Comme ça si je dois allaiter, Athéna pourra venir, elle pourra être là. Maintenant comme elle grandit un peu, elle pourra aussi être dans les tribunes mais elle a au moins la possibilité de venir dans la salle d’échauffement si j’en ressens le besoin ».
Une situation inédite
Une situation inédite qui suscite l’admiration de ses coéquipières. « Je trouve que c’est une femme très courageuse », dit d’elle Blandine Pont, licenciée comme elle au Red Star de Champigny.
« C’est une grande championne avec un gros mental et depuis qu’elle est maman, c’est dur, c’est difficile, on le voit, il ne faut pas se le cacher. Elle le sait aussi, mais je trouve justement qu’elle redouble de courage et c’est beau à voir. Ca donne de l’envie, c’est admirable ».
Comme Agbégnénou, Nekoda Smythe-Davis, mère d’une petite Ryia âgée d’un an et demi, documente régulièrement sur les réseaux sociaux son retour sur les tatamis. « Si les choses ne sont pas vues ouvertement, les gens croient qu’elles ne peuvent pas être faites », déclarait-elle récemment dans une interview à la Fédération internationale.
« Une fois que l’on nous verra faire ces choix, d’autres femmes qui veulent fonder une famille verront que c’est une possibilité. Nous montrons ce dont notre corps est réellement capable. Cela me donne aussi la motivation nécessaire pour réussir. Nous montrons la voie ».
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