Une employée de La Poste, Sylvie Auconie, âgée de 59 ans, avait signé un colis à la place d’une usagère. Cette dernière avait coutume de demander à la factrice de lui rendre ce service, lorsqu’elle n’était pas à son domicile. Les faits s’étaient passés à Favars (Corrèze), une petite bourgade d’à peine plus de 1000 habitants, cette pratique étant relativement «répandue dans les campagnes», ainsi que le précise Karine Lavaud, secrétaire de la CGT FAPT.
Au moment des faits, la direction de La Poste avait alors reçu une plainte de la fille de l’usagère. Malgré la mobilisation des habitants et des syndicats, Sylvie Auconie a été mise à pied pendant un mois, sans salaire, ainsi que le relate Le Parisien.
Le conseil de discipline de l’antenne régionale de la Poste a estimé que son employée, en poste depuis vingt-sept ans, avait «dérogé à sa mission et à sa prestation de serment».
Les usagers, les habitants de Tulle et des communes desservies par La Poste de Tulle, ayant appris que Madame Sylvie AUCONIE, factrice depuis 30 ans, avait été mise à pied par sa direction en attendant sa convocation en conseil de discipline, ont mis… https://t.co/32KP3AUHii
— Patrick Besset (@PatrickBesset) 10 octobre 2019
Sylvie Auconie se dit toutefois rassurée : «Lors de ma convocation, on m’a signifié qu’une telle attitude pouvait aller jusqu’à trois mois de mise à pied. J’étais quelque part soulagée car au début, je craignais surtout le licenciement. Je suis arrêtée un mois sans salaire, c’est un moindre mal. Et surtout, je peux garder mon travail.»
Les actes de soutien en faveur de la factrice n’ont pas pu éviter la sanction, jugée «lourde au regard de la faute commise», par la CGT FAPT.
En effet, une pétition avait recueilli 7500 signatures, un hashtag #TousAvecSylvie avait circulé sur les réseaux sociaux. De plus, une trentaine de personnes (collègues, amis, syndicalistes entre autres) s’étaient rassemblés devant le centre de tri de Tulle (Corrèze) où exerce la factrice.
Karine Lavaud, elle, semble dépitée : «Pour Sylvie, on est amer. (…) Elle a simplement voulu rendre service, a reconnu son erreur, s’est excusée plusieurs fois auprès de la direction. Nous espérions plus de clémence. Mais le message est clair : La Poste ne souhaite plus aucune proximité entre les facteurs et les usagers.»
@GroupeLaPoste ils aiment bien « rendre service » aux personnes isolées contre espèces sonnantes et trébuchantes, mais quand c’est gratuit, là c’est mise à pied et suspension de salaire. Belle humanité #TousAvecSylvie (et bravo à la fille de la cliente, belle humanité) https://t.co/Rn0IGWuiv5
— Fabienne CASSAGNE (@FabienneCASSAGN) 13 novembre 2019
Quant à Sylvie, elle précise : «Je ne pense pas faire appel de cette décision. J’ai vécu toute cette période assez mal, je vais me reposer maintenant et attendre de pouvoir enfin reprendre mes tournées». Elle tient à rester «humaine» vis à vis des usagers et ne souhaite pas se «transformer en robot !»
«Mais pour les périodes de Noël, il y aura un flux de paquets que les gens devront aller chercher s’ils ne sont pas chez eux… Ils seront certainement très embêtés mais ce ne sera plus mon problème. Je serai bien obligée de scrupuleusement respecter les règles, de ne pas signer à leur place. Et de ne plus leur rendre service», renchérit-elle.
Les syndicats voient cette mise à pied comme une «vengeance». Karine Lavaud s’explique sur le sujet : «En juillet dernier, dans le secteur de Tulle, nous avons entamé une grève extrêmement dure dans le cadre de la réorganisation des tournées. Elle a duré vingt-neuf jours. Depuis, les grévistes sont soumis à pas mal de pression et sont sanctionnés au moindre écart».
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