Un cessez-le-feu a été annoncé mercredi au Nagorny-Karabakh où les séparatistes arméniens ont accepté de déposer les armes et d’entamer des négociations sur la réintégration de ce territoire à l’Azerbaïdjan, 24 heures seulement après le déclenchement par Bakou d’une offensive militaire d’envergure.
Cette annonce constitue une victoire majeure pour le Président azerbaïdjanais Ilham Aliev dans sa volonté de prendre le contrôle de cette région majoritairement peuplée d’Arméniens et qui a été le théâtre de deux guerres, l’une de 1988 à 1994 et l’autre à l’automne 2020.
Un assaut militaire azerbaïdjanais de 24 heures, dont le bilan humain fourni par les Arméniens s’établit pour l’instant à au moins 32 morts – dont deux enfants – et 200 blessés, aura donc suffi à faire plier les séparatistes acculés par la puissance de feu des forces de Bakou et la décision de l’Arménie de ne pas leur venir en aide.
« Un accord sur une cessation complète des hostilités »
Totalement absorbée par la guerre en Ukraine depuis plus d’un an et demi, la Russie, dont un contingent de la paix est déployé au Nagorny-Karabakh depuis 2020, a néanmoins joué un rôle crucial de médiateur dans la signature de ce cessez-le-feu, selon les séparatistes. « Un accord sur une cessation complète des hostilités » mercredi « à 13h00 (09h00 GMT) a été conclu avec la médiation du commandement des forces de paix russes », a dit la présidence des séparatistes dans un communiqué.
Dans des propos diffusés par la télévision d’État, le président russe Vladimir Poutine a dit espérer un « règlement pacifique » de ce conflit, sans mentionner le cessez-le-feu. Il n’était pas possible de dire si ces déclarations avaient été enregistrées avant ou après l’annonce de l’accord. Quelques minutes plus tôt, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait dit n’avoir « aucun détail » sur le cessez-le-feu.
Premiers pourparlers sur « la réintégration » à l’Azerbaïdjan
Dans le détail, l’accord signé mercredi et confirmé par Bakou prévoit, selon les séparatistes, « le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l’Arménie » et « la dissolution et le désarmement complet des formations de l’Armée de défense du Nagorny-Karabakh ». Les séparatistes ont en outre accepté d’avoir jeudi, dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh, de premiers pourparlers sur « la réintégration » à l’Azerbaïdjan de ce territoire où les tensions s’intensifiaient ces derniers temps.
Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, qui avait dénoncé mardi une « agression de grande ampleur » à des fins de « nettoyage ethnique », a jugé pour sa part « très important » que les combats s’arrêtent, ceux-ci n’ayant pas encore, d’après lui, totalement cessé. Il a par ailleurs assuré que son pays n’avait « pas participé » à la rédaction de l’accord sur le cessez-le-feu et affirmé que l’Arménie n’avait plus d’unités militaires dans la région depuis août 2021 même si Bakou maintient le contraire.
Appels à un « coup d’État »
Le précédent conflit au Nagorny-Karabakh avait duré six semaines à l’automne 2020 et s’était soldé par une déroute militaire arménienne. M. Pachinian, que ses opposants accusent d’avoir été responsable de cette défaite, a dénoncé mardi des appels à un « coup d’État » tandis que des heurts ont opposé des manifestants exigeant sa démission aux policiers devant le siège du gouvernement.
Les autorités azerbaïdjanaises – qui ont dit avoir eu recours à l’« artillerie », à des roquettes, à des drones d’attaque et à l’aviation – avaient déclenché mardi une opération « antiterroriste » au Nagorny-Karabakh, expliquant leur offensive par la mort de six personnes dans l’explosion de mines posées, affirmaient-elles, par des « saboteurs » arméniens.
Les séparatistes arméniens avaient annoncé pour leur part l’évacuation le même jour de plus de 7000 civils de seize localités, cependant que le contingent de la paix russe a évacué plus de 2000 civils des zones les plus dangereuses.
Considéré comme une région centrale de son histoire par l’Arménie, le Nagorny-Karabakh avait proclamé son indépendance de l’Azerbaïdjan avec le soutien d’Erevan au moment de la dislocation de l’URSS. Après plusieurs années de violences interethniques, cette sécession avait provoqué une guerre ouverte responsable de la mort de quelque 30.000 personnes.
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