Kenya : arrestation de dizaines de manifestants appelant à la fin des enlèvements

Par Epoch Times avec AFP
31 décembre 2024 13:40 Mis à jour: 31 décembre 2024 13:47

La police kényane a lundi tiré des gaz lacrymogènes et arrêté avec violence des dizaines de manifestants qui protestaient pacifiquement contre une nouvelle vague d’enlèvements de jeunes opposants qui suscite l’indignation dans le pays, a constaté l’AFP.

Des policiers kényans à cheval tentent de disperser des manifestants accroupis au cours de manifestations visant à exiger la libération des personnes qui auraient été enlevées par les agences de sécurité de l’État, à Nairobi, le 30 décembre 2024. (TONY KARUMBA/AFP via Getty Images)

Des manifestations anti-gouvernementales durement réprimées en juin-juillet

Des personnes tiennent des photographies de leurs proches disparus ou décédés devant le bureau du président alors que des familles, des militants et des représentants de la société civile se rassemblent pour présenter une liste de personnes disparues lors des manifestations contre les hausses d’impôts proposées par le gouvernement, à Nairobi, le 24 septembre 2024. L’Autorité indépendante de surveillance de la police a déclaré qu’elle examinait de nombreuses plaintes concernant des arrestations illégales et des enlèvements à la suite des manifestations antigouvernementales de grande ampleur qui ont éclaté au Kenya en juin. Plus de 60 personnes ont trouvé la mort au cours de ces manifestations, ce qui a conduit à la démission du chef de la police, Japhet Koome. (SIMON MAINA/AFP via Getty Images)

Les forces de sécurité kényanes ont été accusées d’être derrière des dizaines de disparitions à la suite des manifestations anti-gouvernementales durement réprimées de juin-juillet dans ce pays d’Afrique de l’Est, au cours desquelles plus de 60 personnes ont été tuées selon des ONG.

Edith Wanjiku (au centre), la mère d’Ibrahim Kamau, 19 ans, tué de deux balles dans le cou lors d’une récente manifestation, porte son portrait lors d’une veillée aux chandelles en mémoire des manifestants tués lors de la manifestation nationale contre un projet de loi fiscale controversé qui a fait plus de 20 morts et a choqué la nation est-africaine, à Nairobi, le 30 juin 2024. Quelques centaines de personnes ont défilé pacifiquement dans la capitale kenyane Nairobi, en hommage aux victimes des manifestations anti-gouvernementales meurtrières du 25 juin, au cours desquelles plusieurs dizaines de personnes ont été tuées selon les ONG.  (SIMON MAINA/AFP via Getty Images)

Enlevés pour des critiques du président Ruto sur internet

La dernière vague d’enlèvements, qui fait les gros titres au Kenya, concerne principalement des jeunes hommes ayant critiqué le président William Ruto sur internet. Deux d’entre eux avaient publié une image générée à l’aide de l’intelligence artificielle du chef de l’Etat allongé dans un cercueil.

La Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR) a recensé la semaine dernière sept cas d’enlèvements signalés ce mois-ci, parmi lesquels six sont toujours portés disparus.

Le président kényan William Ruto (C) inspecte une garde d’honneur après son arrivée au Parlement où il prononcera un discours sur l’état de la nation, à Nairobi, le 21 novembre 2024. (TONY KARUMBA/AFP via Getty Images)

Acculé par les défenseurs de droits humains et plusieurs figures politiques, M. Ruto a promis vendredi de « mettre fin aux enlèvements ».

Lundi, des dizaines de manifestants ont répondu à un appel à manifester dans la capitale Nairobi, brandissant des pancartes à l’effigie de certains disparus, scandant leurs noms, et appelant à leur libération et la fin des enlèvements.

« Les citoyens n’ont pas peur de parler, même si l’intimidation est réelle »

« Les jeunes qui ont été enlevés qui doivent être libérés », a déclaré à l’AFP Nerima Wako, de l’ONG Siasa qui soutient la jeunesse. Ce type d’exactions « aurait dû prendre fin dans les années 90 », a poursuivi la manifestante, évoquant l’ère du président Daniel arap Moi, synonyme de disparitions approuvées par l’État. « Les citoyens n’ont pas peur de parler, même si l’intimidation est réelle », a-t-elle ajouté.

Derrière elle, un petit groupe de manifestants a chanté l’hymne national et a refusé de bouger, malgré les tirs répétés de gaz lacrymogènes des policiers.

Un nuage de gaz lacrymogène enveloppe des manifestants accroupis au sol lors d’un affrontement avec la police anti-émeute, alors qu’ils demandent la libération des personnes qui auraient été enlevées par les agences de sécurité de l’État, à Nairobi, le 30 décembre 2024.(TONY KARUMBA/AFP via Getty Images)

« Ce combat est loin d’être terminé »

Le groupe – où se trouvait le sénateur Okiya Omtatah Okoiti – a finalement été regroupé dans quatre véhicules de police.

« Je ne vois pas pourquoi ils font ça à des gens qui ne sont même pas violents », a déploré auprès de l’AFP Wanjiku, 29 ans. « Ce combat est loin d’être terminé », a ajouté la manifestante, qui avait pris part à la contestation en juin, et estime que le président devait démissionner.

29 des 82 personnes disparues toujours introuvables

La police kényane a nié être impliquée dans les disparitions, mais des militants ont demandé pourquoi celles-ci ne semblent pas faire l’objet d’une enquête.

Un tribunal de Nairobi a décidé lundi que la police devait libérer « immédiatement et sans condition » cinq hommes qui auraient été enlevés. Le juge Bahati Mwamuye a ordonné à la police de présenter les cinq hommes au tribunal mardi ou « d’expliquer sous serment les circonstances de l’affaire » ou le lieu où ils se trouvent. Au total, 29 des 82 personnes disparues depuis le mois de juin recensées sont toujours introuvables, estime la KNCHR.

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