Des manifestations devant le bâtiment du Parlement kenyan à Nairobi ont dégénéré en violences et en coups de feu mardi, alors que des législateurs délibéraient sur un projet de loi prévoyant une augmentation des impôts.
La fusillade a commencé quand des manifestants ont envahi l’enceinte du Parlement.
Alors que les détails exacts des troubles ne sont pas encore connus, l’Association médicale du Kenya et la branche kenyane d’Amnesty International ont publié un communiqué de presse avec d’autres groupes, signalant que la police a tiré sur les manifestants avec des balles réelles et des balles en caoutchouc. Les organisations ont rapporté qu’au moins 13 personnes ont été touchées par des balles réelles et que cinq d’entre elles sont mortes des suites de blessures par balle, tandis que quatre autres ont été blessées par des balles en caoutchouc et trois autres par d’autres munitions de contrôle de la foule. Elles ont également affirmé que 21 personnes avaient été enlevées par des policiers en uniforme et en civil au cours de la journée écoulée, alors que les manifestations se multipliaient pour protester contre les nouvelles lois fiscales.
Les manifestations ont eu lieu alors que les législateurs, qui faisaient avancer le projet de loi de finances 2024 du pays, envisageaient des dispositions augmentant les taxes existantes sur les transactions financières et les envois de fonds à l’étranger, ainsi que des prélèvements accrus sur des produits de base tels que le pain, l’huile végétale et le sucre. Les législateurs ont également envisagé une nouvelle taxe sur les véhicules à moteur et un « éco-prélèvement » sur des produits comme les serviettes hygiéniques et les couches.
Les législateurs de l’Assemblée nationale du Kenya, la chambre basse du parlement du pays, ont annoncé qu’ils avaient voté contre l’augmentation des taxes sur les couches, les serviettes hygiéniques, le pain, les envois de fonds de la diaspora et autres transferts d’argent, et qu’ils avaient exclu les pneus de motos, de tuk-tuk et de bicyclettes de la « taxe écologique ». Mardi, l’Assemblée nationale a voté par 195 voix contre 106 le projet de loi de finances de cette année, alors que les manifestations dégénéraient en violences.
Le président kenyan William Ruto s’est exprimé publiquement à la suite des événements survenus autour de l’enceinte parlementaire mardi, dénonçant le comportement de certains manifestants.
« Aujourd’hui, le Kenya a subi une attaque sans précédent contre sa démocratie, l’État de droit et l’intégrité de ses institutions constitutionnelles », a commencé M. Ruto. « Une expression par ailleurs légitime des droits et libertés fondamentaux de réunion, de manifestation, de mise en place de piquets de grève et de partage des autorités publiques, par une partie des citoyens respectueux de la loi de la République du Kenya, a été infiltrée et détournée par un groupe de criminels organisés. »
Le président kenyan a confirmé que les affrontements avaient entraîné des pertes en vies humaines, des destructions de biens et la « profanation » de symboles de la souveraineté kenyane. M. Ruto a annoncé qu’il avait ordonné à toutes les composantes de la sécurité nationale du Kenya de cesser à l’avenir leurs efforts visant à « saper la sécurité et la stabilité de notre pays ».
M. Ruto a conclu son allocution en promettant « une réponse complète, efficace et rapide aux événements de trahison d’aujourd’hui ».
Aden Duale, secrétaire du cabinet du ministère kényan de la Défense, a également annoncé mardi que l’armée kényane avait été déployée pour aider la police nationale à répondre aux « manifestations violentes en cours » dans l’ensemble du pays.
L’ambassade des États-Unis à Nairobi a publié un communiqué de presse conjointement avec le haut-commissariat du Royaume-Uni et les ambassades du Canada, du Danemark, de la Finlande, de l’Allemagne, de l’Irlande, des Pays-Bas, de l’Estonie, de la Norvège et de la Suède, exprimant leur inquiétude face aux manifestations et aux mesures de sécurité qu’elles ont suscité.
« En tant qu’amis et partenaires du Kenya, nous notons que la constitution kenyane garantit le droit de manifester pacifiquement », indique le communiqué multinational. « Tous les acteurs ont la responsabilité de respecter, de soutenir, de promouvoir et de mettre en œuvre les principes de la démocratie et de l’État de droit, notamment en assurant une réponse proportionnée en matière de sécurité. Nous sommes profondément préoccupés par les violences observées dans de nombreuses régions du pays lors des récentes manifestations, et nous sommes particulièrement choqués par les scènes qui se sont déroulées devant le Parlement kenyan. Nous regrettons les pertes tragiques de vies humaines et les personnes blessées, notamment par l’utilisation de tirs réels. »
Le communiqué exprime également des inquiétudes quant aux allégations d’enlèvement de manifestants par les autorités et salue la déclaration de la présidente de la Cour suprême du Kenya, Martha Koome, qui a fait part de ses propres inquiétudes quant aux enlèvements signalés.
« Nous appelons toutes les parties à la retenue et encourageons tous les dirigeants à trouver des solutions pacifiques à travers un dialogue constructif », conclut le communiqué de l’ambassade des États-Unis et de ses homologues.
Avec Reuters
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