Le ministre ukrainien des affaires étrangères a critiqué lundi les pays voisins pour leur intention de limiter les importations de céréales en provenance de son pays au-delà de l’interdiction imposée par l’UE, Kiev menaçant de « défendre farouchement » ses droits.
La Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie (qui n’est pas un voisin direct de l’Ukraine) ont déclaré la semaine dernière qu’elles souhaitaient que l’UE prolonge l’interdiction, qui doit expirer le 15 septembre, jusqu’à la fin de l’année, pour défendre leurs propres agriculteurs.
Ces cinq États ont menacé de prendre des mesures à l’échelle nationale si l’UE ne prolongeait pas les restrictions, que la Commission européenne les avait autorisés début juin à prolonger jusqu’au 15 septembre pour bloquer sur leur territoire la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens, qui selon eux provoque l’effondrement des prix sur les marchés locaux.
Une mesure qui « violerait les règles du marché commun »
« Nous nous y opposons catégoriquement, car cette mesure violerait les règles du marché commun », a déclaré le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, lors d’une visite à Prague. « Cette règle violera l’accord d’association Ukraine-UE, mais surtout elle ira à l’encontre du principe de solidarité sur lequel repose l’Union européenne », a-t-il ajouté.
M. Kuleba a déclaré que son pays était prêt à travailler avec les cinq membres de l’UE afin de trouver une solution à ce problème. Il leur a également demandé « de ne pas prendre la question de l’exportation des céréales en otage dans leurs processus politiques internes », alors que la Pologne, en particulier, se prépare à des élections législatives. « S’ils se comportent de la sorte, nous n’aurons d’autre choix que de défendre farouchement nos droits et ceux des agriculteurs ukrainiens », a ajouté M. Kuleba.
Une querelle diplomatique
Bien qu’alliée de l’Ukraine, la Pologne s’est opposée à Kiev au sujet des importations de céréales, ce qui a déclenché une querelle diplomatique entre les deux pays sur ce sujet. En juillet, un conseiller présidentiel polonais, Marcin Przydacz, a déclaré que Varsovie donnait la priorité à « la défense des intérêts des agriculteurs de l’UE en demandant la prolongation des restrictions sur les importations de céréales ukrainiennes ». Il avait appelé l’Ukraine à montrer de la reconnaissance pour « le rôle que la Pologne a joué » en la soutenant contre l’agression russe.
Kiev avait réagi en convoquant à son ministère des Affaires étrangères l’ambassadeur de Pologne. Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, l’UE est devenue une voie de transit et une destination d’exportation majeure pour les céréales ukrainiennes.
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