L’Ukraine a annoncé mercredi qu’un premier cargo commercial avait quitté le port d’Odessa, défiant la Russie qui menace de couler de tels navires depuis qu’elle a claqué la porte de l’accord permettant l’exportation des céréales ukrainiennes.
L’annonce de la sortie en mer Noire du « Joseph Schulte », battant pavillon de Hong Kong, a eu lieu malgré un nouveau bombardement nocturne russe des infrastructures céréalières ukrainiennes sur le Danube, dans la région d’Odessa.
En outre, Kiev a annoncé la prise d’une localité sur le front sud, où se concentre l’essentiel de l’effort dans sa difficile contre-offensive pour libérer les territoires occupés par la Russie. « Le porte-conteneurs Joseph Schulte (…) a quitté le port d’Odessa et navigue le long du couloir temporaire établi pour les navires civils », a annoncé Oleksandre Koubrakov, le ministre ukrainien en charge des infrastructures.
Moscou continue de mettre « en danger la sécurité alimentaire »
À 14h30 heure locale (11h30 GMT), le bateau longeait la côte ukrainienne et se dirigeait vers Vylkove, dans le sud de l’Ukraine, selon un site Internet de suivi maritime. L’Ukraine avait annoncé la semaine dernière ouvrir des couloirs « temporaires » en mer Noire pour défier le blocus de la Russie. Signe des risques, durant le week-end, un navire de guerre russe avait procédé à des tirs de sommation sur un cargo qui se dirigeait vers Izmaïl, port du Danube dans le sud de l’Ukraine.
Le fleuve est devenu l’une des principales voies de sortie des produits agricoles ukrainiens depuis que Moscou a mis fin en juillet à l’accord sur les exportations de céréales, source de revenus pour Kiev. L’armée russe a d’ailleurs aussi continué de cibler avec ses bombardements les infrastructures portuaires du Danube, lançant encore une attaque de drone dans la nuit de mardi à mercredi. « Conséquence des frappes ennemies sur un des ports du Danube : des entrepôts de céréales ont été endommagés », a annoncé le gouverneur de la région d’Odessa Oleg Kiper sur les réseaux sociaux. La Roumanie voisine, membre de l’Otan, a « fermement condamné » une « violation flagrante du droit international » mettant « en danger la sécurité alimentaire ».
La contre-offensive ukrainienne en cours
Les forces ukrainiennes ont annoncé avoir abattu 13 drones durant la nuit dans les régions méridionales d’Odessa et de Mykolaïv. S’agissant de la difficile contre-offensive ukrainienne en cours depuis juin, le ministère de la Défense a annoncé la libération d’Ourojaïné, une localité de la région de Donetsk, sur le front sud, principal axe d’attaque des Ukrainiens. La prise de la bourgade était attendue depuis le week-end.
L’Ukraine avait déjà revendiqué lundi quelques gains dans les parties orientale et méridionale de son territoire, en particulier aux alentours de Bakhmout, dans l’est. Des avancées qui restent modestes, après deux mois de combats. Son armée est par ailleurs en difficulté au nord-est, autour de Koupiansk, où les forces russes sont à l’offensive, incitant les autorités locales à encourager l’évacuation des plus vulnérables.
L’armée russe a assuré dans son rapport quotidien mercredi avoir encore « amélioré » ses positions dans ce secteur du front. « Je suis malade et il faut que je sorte mon petit-fils de là », a témoigné auprès de l’AFP une habitante, Vira Vouneskou, 53 ans, avant de monter dans un minibus en demandant à ses proches « de ne pas pleurer ». Il y a beaucoup de demandes et les volontaires qui organisent ces transferts sont « débordés », explique l’un d’eux, Serguiï Goumeniouk, venu « prêter main forte ».
Moscou affirme de son côté que les troupes ukrainiennes sont à bout de ressources et que leur contre-offensive reste un échec. Kiev, qui réclame encore et toujours plus d’aide occidentale, assure que sa contre-offensive avance méthodiquement, face à des lignes de défense russes faites de tranchées, de champs de mines et de pièges anti-chars.
Le territoire russe frontalier de l’Ukraine continue d’être visé lui aussi par des frappes et des drones ukrainiens, certains atteignant Moscou. Une personne a encore été tuée et deux autres blessées mardi dans un bombardement ukrainien dans la région russe de Belgorod, a indiqué mercredi le gouverneur régional, Viatcheslav Gladkov.
Sur le plan économique, les difficultés russes sont réelles. La Russie voit sa monnaie s’écrouler, l’inflation repartir et son commerce extérieur chuter, en particulier ses ventes d’hydrocarbures, subissant les mesures restrictives adoptées par les Occidentaux. Après de longues tergiversations, la banque centrale s’est finalement résolue mardi à un relèvement surprise de son taux d’intérêt directeur de 8,5% à 12%.
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