Kim Jong Un semblait parti mercredi à la découverte du miracle économique chinois, au lendemain de son arrivée à Pékin où le numéro un nord-coréen est venu chercher l’appui tous azimuts de son grand voisin.
Une quatrième visite en moins d’un an alors qu’ils ne s’étaient jamais vus depuis leur arrivée au pouvoir au début de la décennie: le réchauffement spectaculaire des relations entre Kim Jong Un et le président chinois Xi Jinping se poursuit après la glaciation provoquée par les ambitions nucléaires et balistiques de Pyongyang. Conformément à la tradition, Pékin maintenait le secret sur le programme de la visite du dirigeant nord-coréen. Les médias chinois se sont contentés d’annoncer jusqu’à présent qu’il se trouvait en Chine jusqu’à jeudi.
D’après l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, M. Kim a été reçu mardi pendant une heure par Xi Jinping. Les deux hommes ont ensuite dîné en compagnie de leurs épouses dans le cadre solennel du Palais du Peuple, Kim Jong Un fêtait apparemment mardi son anniversaire (sa date de naissance n’est pas connue avec certitude). D’après Yonhap, les discussions ont porté largement sur le deuxième sommet que Kim Jong Un a prévu d’avoir avec le président américain Donald Trump, après la rencontre historique de Singapour en juin dernier.
De l’avis des experts, le jeune dirigeant de Pyongyang est à la recherche de l’appui de son seul allié afin d’obtenir du président américain un début de levée des sanctions internationales décidées en réaction au programme nucléaire nord-coréen. Dans son discours du Nouvel an, Kim Jong Un a menacé de changer d’attitude vis-à-vis de Washington s’il n’obtient pas satisfaction. « S’il veut pouvoir résister à la pression américaine, il a besoin de communiquer à l’avance avec M. Xi pour savoir quels pions il peut avancer dans ses négociations avec Trump », analyse le politologue chinois Hua Po.
Le dirigeant de Pyongyang « a besoin de l’appui de M. Xi pour demander aux Etats-Unis de faire des gestes conséquents, comme apporter une aide à la Corée du Nord et normaliser les relations » avec elle, ajoute cet expert indépendant. En attendant, M. Kim devait se rendre mercredi dans une zone technologique de la capitale chinoise afin de visiter une usine pharmaceutique, selon Yonhap. Un convoi officiel a été vu par l’AFP en train de quitter en début de matinée la résidence diplomatique de Diaoyutai, où M. Kim est descendu lors de ses précédentes visites à Pékin.
La Chine a célébré le mois dernier le 40e anniversaire du lancement des transformations économiques qui ont fait d’elle une superpuissance industrielle et commerciale. Elle peut servir de modèle au régime nord-coréen. Mais Pyongyang, qui a donné la priorité à sa défense, n’a entrepris jusqu’à présent que de prudentes réformes économiques et reste largement figée dans un cadre collectiviste traditionnel. Dans son discours du Nouvel an, l’homme fort de Pyongyang a assuré qu’il concentrerait ses efforts sur l’amélioration de la vie des gens et la lutte contre les pénuries.
« L’année 2019 offre la possibilité d’un tournant stratégique » à Kim Jong Un, observe Lu Chao, spécialiste de la Corée du Nord à l’Académie des sciences sociales du Liaoning (nord-est de la Chine). Or, « s’il veut donner la priorité au développement économique, il a besoin de coopérer avec la Chine ». Dans ce contexte, « la Chine va présenter ses réussites à M. Kim afin d’aider la Corée du Nord à réaliser sa transition économique et la dénucléarisation de la péninsule le plus vite possible », prévoit l’expert.
Mais les réformes économiques peuvent s’accompagner de bouleversements politiques, comme Pékin l’a constaté lors des manifestations de 1989 en faveur de la démocratie, « et menacer le pouvoir » de Kim Jong Un, analyse Hua Po. « Il a besoin des conseils de la Chine sur ce point. »
D.C avec AFP
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