La BAC missionnée pour empêcher une cancéreuse non vaccinée d’entrer à l’Institut Curie

Par Emmanuelle Bourdy
10 décembre 2021 14:47 Mis à jour: 11 décembre 2021 05:35

Jusque dans les hôpitaux, l’inégalité entre les vaccinés et les non vaccinés se fait durement sentir. Interviewée par Le Courrier des Stratèges, Stéphanie, atteinte d’un cancer du sein, en a fait les frais à l’Institut Curie. Du fait qu’elle n’était pas vaccinée, l’établissement n’a pas hésité à demander aux policiers de la brigade anti-criminalité d’intervenir pour l’empêcher d’entrer. Parmi d’autres situations ubuesques, elle raconte son parcours.

Ayant appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein en mai 2021, Stéphanie, une jeune femme de 33 ans, a été prise en charge par l’Institut Curie, spécialisé dans le traitement des cancers « compliqués ». Mais, n’étant pas vaccinée contre le Covid-19, la situation de Stéphanie est rapidement devenue difficile. Chacun de ses rendez-vous médicaux s’avère être un véritable parcours du combattant faute du fameux passe sanitaire, et elle doit cumuler les tests de dépistage pour avoir le droit de se soigner.

Lorsque les tests sont passés de 72 à 24 heures de validité, cela est devenu « irréalisable » !

Devoir se faire tester systématiquement contre le Covid n’est pas simple pour Stéphanie, d’autant qu’elle doit parcourir un long et fatiguant trajet pour se rendre de son domicile au centre de soins, explique-t-elle au Courrier des Stratèges. Régulièrement, face à l’engorgement dû aux nombreuses personnes venues se faire tester, la jeune femme est dans l’incertitude : va-t-elle réussir à fournir un test pour son rendez-vous ?

De surcroît, lorsque la validité des tests est passée de 72 heures à 24 heures, c’est devenu « irréalisable », raconte-t-elle. Elle manque de temps. D’autant qu’elle doit systématiquement présenter une ordonnance du médecin pour se faire prescrire un test.

« Parce qu’on considère que le Covid est plus grave que le cancer »

Un jour de novembre, Stéphanie a été stupéfaite de constater qu’on lui refusait l’accès à l’Institut Curie, et donc à ses soins, sous prétexte que son test était périmé depuis quelques heures seulement. Ce qui n’a pas manqué d’augmenter ses inquiétudes. La voilà donc obligée à rester 4 heures dans le froid, se souvient-elle. Ce jour-là, la direction de l’Institut Curie contacte les forces de l’ordre et les policiers de la brigade anti-criminalité débarquent pour l’éloigner, jouer les intermédiaires entre elle et l’hôpital.

Une autre fois, l’Institut Curie refuse son autotest, ignorant les changements de politique sur ce point. « Vous ne me laisserez pas crever ! », lance-t-elle au personnel, exigeant d’avoir accès aux soins auxquels elle a droit.

Stéphanie, qui est pourtant une battante, constate amèrement : « On ne soigne plus aujourd’hui. On scanne, on surveille et on punit, c’est tout ce qu’on fait. Et on trie dans les hôpitaux. On trie ceux qui sont vaccinés, on trie ceux qui ne sont pas vaccinés. » Selon elle, on empêche des malades de rentrer dans les hôpitaux « parce qu’on considère que le Covid est plus grave que le cancer », mais « je pense que le cancer tue plus de monde que le Covid », conclut-elle.

« Ils ont décuplé ma détermination »

Depuis, Stéphanie en fait des cauchemars. Elle qualifie tout cela de « scandaleux et grotesque ». Elle se dit finalement davantage préoccupée par les réactions inhumaines auxquelles elle doit faire face à l’Institut que par son cancer. Elle dénonce également divers détails aberrants. Les soignants qui lui demandent de se faire vacciner, par exemple, n’ont aucun scrupule à sortir en blouse pour aller à la boulangerie. Ils reviennent ensuite dans les locaux même où les cancéreux sont pris en charge, sans suivre le moins du monde le protocole de non-contamination des patients. Car les vaccinés peuvent eux aussi être positifs et donc infecter les autres.

« Mais je ne me laisserai jamais abattre, je suis quelqu’un de très très déterminé et j’ai un fort caractère, mais ce qu’ils ne savent pas avec tout ça, c’est qu’ils ont décuplé ma détermination », poursuit-elle. « Je ne lâcherai pas et j’irai au bout de mes soins quoi qu’il en soit. »


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