Beyond Time de U-Theatre présenté du 14-18 au théâtre du Châtelet à Paris propose au public un voyage intérieur au-delà du temps et de l’espace.
La compagnie U-Theatre créée en 1988 par Liu-Ruo-Yu combine arts martiaux, tambours et méditation. Fondée sur les traditions ancestrales chinoises qui ont pu, à Taiwan, être préservées des ravages de la révolution culturelle, la compagnie fait également usage de la technologie moderne : effets de lumières, miroirs au sol ou projection vidéo.
Le caractère chinois au son U signifiait dans la Chine ancienne à la fois « excellence » et « artiste professionnel ». En effet, selon les sages chinois l’excellence, à savoir, l’aspiration à la perfection et la maturité technique et artistique, est décisive pour s’accomplir véritablement en tant qu’artiste.
Le spirituel conduit le brio technique
Depuis sa création, la compagnie met l’accent sur l’art des tambours et le Zen ainsi que sur le calme dans le mouvement, inspiré du Tao.
Huang Chih-Chun, maître percussionniste et directeur musical de la compagnie, a rejoint le groupe en 1993. Son arrivée a changé la démarche de la compagnie et lui a permis de se développer vers des horizons encore plus profonds. Son exigence par rapport aux artistes était qu’ils pratiquent la méditation avant de jouer des percussions. Une partie des artistes pratique toujours la méditation quotidiennement.
« Quand j’étais jeune, je suis allé en Inde, ce voyage était crucial pour moi car c’est là que j’ai appris la méditation. Comment vivre en mouvement. J’ai apporté les méthodes que j’ai apprises là-bas au théâtre. La méditation est primordiale pour moi et pour le groupe », dit le maître percussionniste.
U-Theatre est basé dans les hautes montagnes de Laochuan, et l’entraînement des artistes inclut 10 jours de retraite avant de commencer les nouvelles productions.
À travers la méditation, les artistes tentent de retrouver l’essence de la vie et de l’art, permettant de lier les deux et ainsi créer une fusion entre corps et esprit. L’effet sur les spectateurs est suggestif.
Chaque pas, chaque mouvement que les artistes effectuent, chaque roulement de tambour se fait délibérément, en pleine conscience, le moindre geste est gouverné par une lucidité de l’« ici et maintenant », est un rituel sacré.
Un voyage aux confins de l’univers
Les instruments de musique, les gongs, les cymbales ou les tambours inspirent la contemplation, transportant les spectateurs vers d’autres sphères, tantôt au bord de l’eau, tantôt vers des temples bouddhistes et leurs cérémonies de danses sacrées, tantôt jusqu’aux confins de l’univers.
Les images vidéo de pluie ou de galaxies, la lumière inspirant le mystère, éclairant une partie du corps et laissant l’autre dans l’ombre, les miroirs reflétant le ciel et la terre, la « substance » et le « vide » le yin et le yang ; ne font que rajouter à la force et à l’aspect onirique des mouvements circulaire et répétitifs, invitant le spectateur à transcender l’espace-temps du monde matériel et à pénétrer dans un univers situé au de-là de l’espace et du temps.
Les profondeurs de notre être
Un homme seul danse sous la pluie. Au bruissement de la pluie se rajoutent les sons des tambours de plus en plus puissants. Un homme de blanc vêtu apparaît, seule la moitié de son visage est éclairée, des femmes en noir se déplacent derrière ou de l’autre côté de la scène, frappent de petits tambours à des temps précis comme le temps qui coule, rappelant les petits démons qui représentent dans la culture chinoise ancestrale la vieillesse la maladie et la mort. L’homme en blanc lutte contre les petites créatures noires, et finit par les vaincre.
« Ce sont les éléments obscurs qui habitent en chacun de nous et la transformation de ces éléments. Il ne s’agit pas que de la représentation du mal mais de tous les éléments composant notre être. C’est en découvrant les éléments qui existent dans chaque couche de notre être, que nous pouvons atteindre le plus profond de nous-même», dit Huang Chih-Chun.
Des gongs pendent dans l’air, une dizaine d’hommes les frappent d’un seul mouvement, puis le mouvement se divise comme les cellules d’un même et seul être, chaque geste est précis et lent, décalé d’un fragment de seconde, tel un seul homme reflété dans des espaces temps différents, puis sans qu’on s’en aperçoive toutes les parties de cet être se réunissent à nouveau.
Le spectateur est invité à un voyage extraordinaire dans le sens propre du terme.
En Novembre la compagnie donnera des représentations à la New York Brooklyn Academy of Music.
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