INTERNATIONAL

La Birmanie rejette le rapport de l’ONU accusant son armée de « génocide »

août 29, 2018 13:40, Last Updated: août 29, 2018 13:45
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La Birmanie a rejeté mercredi le rapport des enquêteurs de l’ONU accusant son armée de « génocide » à l’encontre des musulmans rohingyas, défiant la communauté internationale au lendemain d’une réunion du Conseil de sécurité marqué par un vibrant plaidoyer de l’actrice Cate Blanchett. Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, y ont soutenu l’idée de poursuites judiciaires internationales contre les responsables militaires birmans, après la publication lundi du rapport du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.

Le gouvernement birman a  répondu ne pas avoir autorisé la MEF  à entrer en Birmanie

« J’ai entendu les récits déchirants, les récits de torture, de femmes brutalement violées, de personnes dont les proches ont été tués sous leurs yeux. Des enfants qui ont vu leurs grands-parents enfermés dans des maisons ensuite incendiées », a déclaré, devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York, l’actrice australienne Cate Blanchett, ambassadrice de bonne volonté du Haut commissariat aux réfugiés  qui s’est rendue dans la région en mars. Le gouvernement birman, par la voix de son porte-parole Zaw Htay,  lui a répondu ne « pas avoir autorisé la MEF (Mission d’établissement des faits de l’ONU) à entrer en Birmanie ».

La création d’une Commission d’enquête indépendante créé  par la Birmanie pour répondre aux fausses allégations de l’ONU

« C’est pourquoi nous n’acceptons aucune résolution du Conseil des droits de l’Homme », a-t-il poursuivi, dans des propos publiés mercredi par le journal officiel Global New Light of Myanmar. Le porte-parole a alors appelé à la création d’une « Commission d’enquête indépendante » par la Birmanie pour répondre aux « fausses allégations des agences de l’ONU ». Selon les enquêteurs de l’ONU, les principaux généraux de Birmanie, y compris le chef de l’armée, Min Aung Hlaing, devraient faire l’objet de poursuites internationales pour « génocide » contre les Rohingyas, dont plus de 700.000 ont fui au Bangladesh après une offensive de l’armée birmane en août 2017 lancée en représailles d’attaques de rebelles rohingyas.

Le gouvernement civil de la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi s’accroche donc à la ligne qui a été la sienne depuis août 2017: défendre les militaires, force politique puissante avec laquelle l’ancienne dissidente tente de composer depuis son arrivée au pouvoir début 2016. Aung San Suu Kyi elle-même s’est abstenue jusqu’ici de tout commentaire sur le rapport des experts de l’ONU publié lundi, qui déplore qu’elle n’ait pas utilisé son « autorité morale » dans la crise et que son gouvernement ait nié tout problème et empêché l’enquête de l’ONU.

A New York, l’ambassadeur birman auprès de l’ONU, a  rejeté les conclusions du rapport onusien, un manque d’impartialité

Le Conseil de sécurité est néanmoins resté vague sur la suite à donner aux accusations de « génocide » de ce rapport onusien. Dans leur rapport, les experts de l’ONU appellent le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale par le biais d’une résolution ou à créer un tribunal international ad hoc, comme pour le Rwanda ou l’ex-Yougoslavie. Mais la probabilité d’une résolution sur le « génocide » rohingya est faible, la Chine et la Russie risquant d’y mettre un veto.

« Les faits de nettoyage ethnique contre les Rohingyas doivent être décrits et entendus », a cependant insisté l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley. Le porte-parole du gouvernement birman, Zaw Htay, s’est également insurgé contre la décision de Facebook – critiqué par les enquêteurs de l’ONU pour avoir permis la propagation de discours haineux, de fermer la page du général Min Aung Hlaing, pour « violations des droits de l’homme ». Zaw Htay a estimé que cette décision du géant américain nuisait aux efforts du gouvernement birman pour promouvoir la « réconciliation nationale ».

A New York, l’ambassadeur birman auprès de l’ONU, Hau Do Suan, a lui aussi rejeté les conclusions du rapport onusien et mis en cause l’impartialité des enquêteurs. « Le moment choisi pour rendre public de manière hâtive ce rapport à la veille de la réunion du Conseil de sécurité soulève de sérieuses questions », alors que le document était attendu le 18 septembre, a-t-il relevé.

DC avec AFP

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