La militante franco-palestinienne Rima Hassan, présente à la septième position de la liste insoumise aux élections européennes, a été convoquée vendredi par la police pour « apologie du terrorisme » et a aussitôt dénoncé « des manoeuvres purement politiciennes ».
Selon la convocation, révélée par le journal Le Monde et consultée par l’AFP, la militante controversée, par ailleurs juriste en droit international et spécialiste de la question des réfugiés, est convoquée à la fin du mois « afin d’être entendue librement sur des faits d’apologie publique d’un acte de terrorisme, commise au moyen d’un service de communication au public en ligne ».
Les faits qui lui sont reprochés auraient été commis entre le 5 novembre et le 1er décembre, selon le document, qui n’apporte pas d’autres précisions.
« Je me sens sereine et combative », a réagi Mme Hassan auprès de l’AFP. « Sereine car j’estime n’avoir rien à me reprocher, m’être toujours exprimée de manière critique à la fois envers le Hamas et son mode opératoire terroriste mais aussi d’Israël. Et je suis très combative car je crois que ce sont des manœuvres politiciennes », a-t-elle ajouté en marge d’un « café citoyen » à Marseille, où elle s’est exprimée devant quelque 300 personnes qui ont à plusieurs reprises scandé leur soutien.
« Une tentative d’intimider et de criminaliser toutes les voix »
Mme Hassan fait valoir que sa convocation, qui tiendrait à la « discréditer », « fait mention de publications sur ses réseaux datant de novembre ». « On est 6 mois après. Une convocation pour apologie du terrorisme, c’est quand même assez lourd, urgent généralement, on ne met pas 6 mois pour convoquer quelqu’un », appuie-t-elle, estimant être « surtout ciblée comme une personnalité politique en plus d’être ciblée comme voix palestinienne ».
Au lendemain de la double annulation d’une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan sur le Proche-Orient à Lille, les Insoumis y voient « une tentative d’intimider et de criminaliser toutes les voix qui se lèvent face aux massacres en cours à Gaza ». « Contrairement aux propos qui lui sont imputés, Rima Hassan n’a JAMAIS dit que les actions du 7 octobre étaient légitimes », ajoute dans son communiqué le mouvement de gauche radicale, qui a fait de la dénonciation des opérations militaires israéliennes à Gaza l’un des principaux axes de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin.
Depuis Marseille, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a, lui, demandé à ce que « soit immédiatement mis fin à cette campagne de dénigrement » envers Mme Hassan. Peu connue du grand public jusqu’à récemment, sa désignation à la septième place de la liste conduite par Manon Aubry, une place a priori éligible, a provoqué de vives réactions à droite, dans la droite nationaliste et la majorité.
« La représentante des idées que véhicule le Hamas »
Mme Hassan « est la représentante des idées que véhicule le Hamas », a ainsi notamment dénoncé le président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Sylvain Maillard. En cause notamment, une interview au média Le Crayon où elle est accusée d’avoir estimé après le 7 octobre qu’il était « vrai » que le mouvement islamiste palestinien Hamas mène une action légitime. La militante avait également déclaré que l’État d’Israël ne disposait pas de droit de défense et qu’une solution à deux États était impossible. Celle qui qualifie Israël d’« entité coloniale fasciste », dit maintenant s’inscrire, en tant que « responsable politique », « dans le cadre de deux États côte à côte ».
Un extrait tronqué, a-t-elle répondu sur X, regrettant « une censure » de ses « développements et réponses étayées » et précisant avoir qualifié le Hamas de « groupe terro ». De plus, « la convocation fait référence à des publications de novembre. Pour ceux qui pensent qu’il est question de l’interview accordée au crayon vous vous trompez, celle-ci a été publiée en janvier », a encore souligné Mme Hassan vendredi sur X.
Une négation de l’État d’Israël ?
Autre déclaration polémique de Rima Hassan : son utilisation du slogan « de la rivière (Jourdain) à la mer (Méditerranée) ». Une expression associée par certains à la destruction d’Israël. « Je demande que tous les Palestiniens, où qu’ils vivent, soient délivrés de toutes ces oppressions, du Jourdain à la mer », rétorque-t-elle.
Depuis le début de la semaine, plusieurs élus, comme la député macroniste Violette Spillebout, le parlementaire RN Sébastien Chenu et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avaient réclamé l’interdiction d’une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan sur la Palestine à l’Université de Lille. Parmi les motifs de dissension, le logo de l’association étudiante organisatrice, « Libre Palestine », qui montre un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza, une manière de « nier l’existence de l’État d’Israël ».
La conférence a finalement été annulée par l’Université précisant que « les conditions ne sont plus réunies pour garantir la sérénité des débats » en raison de la montée « préoccupante » des tensions internationales après « l’escalade militaire intervenue les 13 et 14 avril au Moyen-Orient », en référence à l’attaque iranienne. Une nouvelle conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan a également été annulée par la préfecture du Nord, invoquant un risque de « trouble à l’ordre public ». Un « acharnement » dénoncé par LFI.
Ces dernières semaines, Rima Hassan a pris au sein de la campagne insoumise une importance assez inédite au regard de sa position sur la liste. Elle a notamment pris la parole dimanche à Montpellier, lors du deuxième meeting de campagne des Insoumis, aux côtés de Manon Aubry et du coordinateur du mouvement Manuel Bompard avant de participer mercredi à un autre meeting, avec Jean-Luc Mélenchon, à Roubaix.
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