La Manufacture Charentaise de la célèbre pantoufle, patrimoine Français, symbole traditionnel de confort et de coin du feu, cherche un repreneur.
Moins d’un an après avoir obtenu un label qui garantit son savoir-faire, la charentaise de Charente est dans un mauvais pas : La Manufacture Charentaise (LMC), dernière fabrique dans le département de la célèbre pantoufle, symbole traditionnel de confort et de coin du feu, cherche un repreneur.
Les 108 salariés de LMC à Rivières, au nord-est d’Angoulême, devraient être fixés sur leur sort très prochainement, avec néanmoins la quasi certitude de la perte « colossale », selon une source syndicale, de près des deux-tiers des emplois.
L’entreprise, placée en redressement judiciaire le 25 juillet dernier, fait l’objet de trois offres sérieuses de reprise mais la plus optimiste en termes d’emplois n’en reprendrait que 38.
Les trois dossiers sont ceux des Tricots Saint-James, de Pascal Becker, ex-cadre supérieur du groupe suisse Givaudan (parfums et arômes) et d’un duo d’investisseurs parisiens Stéphane Collaert et Thierry Le Guenic, repreneurs de Chevignon.
Un choix hasardeux
Présidée par Renaud Dutreil, ex-ministre du gouvernement Raffarin, qui détient la moitié des parts, LMC est le fruit du regroupement en 2018 de quatre fabricants des célèbres chaussons charentais, qui réalisaient un total de 13 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Selon une source proche du dossier, la société a depuis presque divisé par deux ce chiffre et enregistré une perte nette pour les quatre premiers mois de 2019 de près de 700 000 euros, une situation notamment due à des problèmes de direction et de « mauvais choix de commercialisation ».
« On cherche à comprendre les causes de tout cela », dit Henri Lalouette, secrétaire départemental FO, le syndicat unique de la manufacture. L’entreprise, qui s’est tournée vers le haut de gamme, aurait trop rapidement abandonné ses ventes traditionnelles en grande surface.
Interrogé par l’agence France Presse (AFP), M. Dutreil s’est refusé à tout commentaire, en évoquant un processus de reprise « avec comme principal objectif la préservation du patrimoine de savoir-faire de l’entreprise ».
Des modèles relookés
Pour le maire de Rivières, Michel Cuny, « une fermeture de LMC serait un choc. Ce serait pour la Charente perdre un peu de son patrimoine. C’est un savoir-faire reconnu », ajoute l’élu de cette commune de 2 000 habitants qui se rappelle que la fabrication des charentaises a employé alentour « jusqu’à 1 000 personnes ».
« Le produit ne va pas s’arrêter », tempère Alexandre Bataille, président de l’Association pour la Promotion de la Charentaise (APC) chargée de gérer l’« indication géographique » délivrée le 25 mars de cette année par l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi).
Demander le label qui protège la « charentaise de Charente-Périgord », « c’était avec l’idée de dire, le « Made in France », c’est de la qualité, certes un peu plus cher mais on mise sur la technique et le savoir-faire pour les revaloriser », dit-il.
Car la charentaise, dont les modèles sont « relookés », « a le vent en poupe », assure-t-il, « avec une clientèle de plus en plus jeune. On est dans le cocooning, un peu bobo et écolo », poursuit M. Bataille, président de Fargeot qui fabrique des charentaises, mais à Thiviers, en Dordogne.
Les silencieuses
Née à la fin du 17e siècle, la charentaise est issue des rebuts de fabrication des industries textiles et papetières situées sur le fleuve Charente. Les savetiers locaux, en Charente comme en Périgord, ont eu l’idée de récupérer les feutres qui servaient au pressage pour en faire des chaussons, avec la languette caractéristique qui protégeait le pied du sabot de bois et la technique très particulière du « cousu-retourné » (semelle cousue et montée à l’envers, puis retournée).
À l’époque les charentaises étaient appelées les « silencieuses ». Ce nom vient du fait que les charentaises étaient portées par les valets et leur permettaient de se déplacer dans la chambre de leur maître sans faire de bruit.
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