ACTUALITÉS

La Charente ne fabriquera plus de charentaises – c’était la dernière entreprise du genre dans le département

novembre 15, 2019 18:20, Last Updated: novembre 16, 2019 12:17
By

La Charente ne fabriquera plus de charentaises : le tribunal de commerce d’Angoulême a prononcé vendredi la liquidation judiciaire de La Manufacture Charentaise (LMC) à Rivières, dernière entreprise spécialisée du département dont les 104 salariés, experts dans l’art du « cousu-retourné », restent sur le carreau.

Placée en redressement judiciaire le 25 juillet dernier, l’entreprise n’avait fait l’objet que d’une seule offre de reprise, que le tribunal a rejetée. Elle ne proposait que le maintien de 38 emplois.

La liquidation a été prononcée « avec effet immédiat », a précisé à l’AFP Henri Lalouette, dirigeant départemental du syndicat FO qui suivait le dossier. Il a dénoncé la « gabegie, l’incompétence et la négligence » des dirigeants qui ont conduit à cette faillite.

Les salariés qui « vont recevoir leur lettre de licenciement dans les quinze jours, qui sont mis à la porte sans solution, payent les inconséquences de l’équipe dirigeante », a-t-il accusé. Il a ensuite lancé un appel pour qu’un groupe ou mécène « ne laisse pas tomber ce savoir-faire. On est dans quelque chose de patrimonial ».

Présidée par Renaud Dutreil, ex-ministre du gouvernement Raffarin, qui détient la moitié des parts, LMC est le fruit du regroupement en 2018 de quatre fabricants, déjà mal en point, des célèbres chaussons charentais.

Dans une lettre ouverte aux salariés vendredi, M. Dutreil a regretté cette « triste issue », en assurant les salariés de son soutien pour l’accompagnement à venir.

Son projet il y a un an était « un bon plan », a-t-il plaidé. Mais il a souligné la responsabilité d’un directeur général, depuis démissionnaire, qui a « engagé l’entreprise sur la mauvaise pente et compromis notre projet commun ». Même si « la tache était difficile », a-t-il concédé.

Selon une source proche du dossier, la société a subi en un an une forte baisse de son chiffre d’affaires – de 13 millions d’euros pour les quatre entreprises en 2018 à 7 millions – passant d’un résultat net positif de 1,3 ME à une perte de près de 700.000 euros en quelques mois.

Des problèmes de gouvernance, avec une direction en conflit interne, ainsi que des « mauvais choix de commercialisation », notamment en abandonnant trop rapidement ses ventes traditionnelles en grande surface pour se tourner vers le haut de gamme, expliquent notamment la dégringolade de l’entreprise, selon la même source.

Un savoir-faire français qui risque de se perdre

LMC avait obtenu il y a moins d’un an un label qui garantit son savoir-faire, une  « indication géographique » délivrée le 25 mars par l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi). Ce label de la « charentaise de Charente-Périgord » est également détenu par l’entreprise Fargeot, qui fabrique toujours des charentaises, mais en Dordogne voisine.

Née à la fin du XIXe siècle, la charentaise est issue des rebuts de fabrication des industries textiles et papetières situées sur le fleuve Charente. Les savetiers locaux ont eu l’idée de récupérer les feutres qui servaient au pressage, pour en faire des chaussons. Ils étaient dotés d’une languette caractéristique, qui protégeait le pied du sabot de bois, et de la technique très particulière du « cousu-retourné » (semelle cousue et montée à l’envers, puis retournée).

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER