Le fentanyl est un puissant opioïde synthétique lié à près de 100.000 décès par an aux États-Unis, soit plus de victimes que certains gros conflits de l’histoire. Le 17 avril, le Congrès américain a décidé de se pencher sur le rôle du Parti communiste chinois (PCC) dans cette crise, et tente de déterminer s’il s’agit de la part du PCC de négligence ou d’une stratégie délibérée de déstabilisation des États-Unis.
La veille des auditions, la commission spéciale de la Chambre des représentants sur la concurrence stratégique entre les États-Unis et le Parti communiste chinois a publié un rapport alarmant dans lequel le PCC est accusé d’utiliser le trafic de drogues dangereuses et mortelles dans le cadre de sa « guerre sans restriction » contre le pays. Il lui est reproché de faciliter intentionnellement la prolifération du fentanyl en Amérique du Nord.
« Le premier élément de preuve provient d’enquêtes qui montrent que le PCC accorde des subventions à l’exportation à des fabricants de fentanyl. Le PCC exerce un contrôle extrêmement strict du fentanyl en Chine, mais se montre, selon le rapport, particulièrement indulgent vis-à-vis des exportateurs et va même jusqu’à les subventionner. Les enquêteurs américains ont montré que ces subventions ont enhardi ces entreprises criminelles qui ont vu leurs exportations multipliées par plus de dix », a déclaré un expert, M. Li Jun.
Pour compliquer encore la situation, lorsque les États-Unis demandent au PCC de pouvoir mener des enquêtes sur les entreprises chinoises qu’ils soupçonnent de fournir des matériaux précurseurs du fentanyl, le PCC en profiterait pour leur faire discrètement passer l’information, paralysant de fait les efforts des enquêteurs.
Accusations plus générales de « guerre sans restriction »
Selon M. Li, ces tactiques représentent une forme parmi d’autres de « guerre sans restriction », qui vise l’Occident en général et les Etats-Unis en particulier. D’autres méthodes de ce type ciblent la sphère économique, par exemple en pratiquant le dumping de produits à bas prix qui permet d’affaiblir un secteur manufacturier concurrentiel, ou encore en menant des activités d’espionnage, comme l’a souligné l’ancien secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.
« Il est devenu clair que le PCC se livre à une guerre sans restriction contre les pays occidentaux depuis un certain nombre d’années. En surface, le PCC semble toujours coopératif, et veut favoriser les échanges commerciaux, mais en réalité sa propagande à destination des Chinois dépeint l’Occident et l’Amérique en particulier comme des impérialistes. Aujourd’hui, les Occientaux se rendent compte de cette réalité, notamment au sein des armées », rapporte M. Li.
Fentanyl : simple à produire et peu coûteux
Tang Jingyuan, spécialiste des affaires chinoises, s’est exprimé dans le cadre de l’émission « Pinnacle View » dans laquelle était également convié M. Li. Il rappelle que le fentanyl est dangereux, puissant et facilement accessible, et que sa létalité est 5000 fois supérieure à celle de l’héroïne.
Plusieurs facteurs clés contribue à son succès : premièrement, les précurseurs nécessaires à sa fabrication sont peu coûteux et facilement disponibles ; deuxièmement, l’équipement nécessaire à sa synthèse est à la fois bon marché et accessible ; troisièmement, son processus de production est techniquement simple et peut être achevé en quelques étapes seulement.
« Par conséquent, de nombreux trafiquants de drogue dure au Mexique, avec seulement quelques pièces et un équipement de base, peuvent utiliser de grandes quantités de précurseurs de fentanyl importés de Chine et produire des dizaines, des centaines, voire des milliers de kilogrammes de fentanyl et les déverser aux États-Unis », a expliqué M. Tang.
Développements alarmants
En 2023, le ministère de la justice des États-Unis a inculpé quatre entreprises chinoises liées à l’exportation de 200 kilogrammes de matières premières de fentanyl. Une telle quantité pourrait potentiellement produire 50 kilogrammes de fentanyl pur, soit suffisamment pour mettre en danger la vie de 26 millions de gens.
Selon M. Tang il s’agit d’une « guerre de l’opium des temps modernes, dépassant de loin l’intensité des guerres de l’opium de 1840 ».
« L’exportation de fentanyl est incontestablement le résultat d’une action concertée du Parti communiste chinois, et il existe des preuves substantielles à cet égard. Cette récente audition a spécifiquement mentionné le fait que le gouvernement chinois soutient l’exportation de fentanyl et de ses précurseurs par le biais de remises de taxes à l’exportation pouvant aller jusqu’à 13 %, ce qui constitue une incitation délibérée à introduire davantage de drogues aux États-Unis. Pourquoi n’y a-t-il pas d’épidémie généralisée de fentanyl en Chine ? Parce que le PCC est parfaitement en mesure de contrôler ces drogues », a déclaré M. Tang.
Complicité du gouvernement communiste et conséquences mondiales
En outre, M. Tang a rapporté qu’en 2018, Ben Westhoff, un journaliste d’investigation primé, s’est rendu à Wuhan, l’un des principaux centres de production de fentanyl en Chine. Après des mois de recherches, le journaliste américain a publié un exposé détaillant la chaîne de production et d’exportation du fentanyl, des matières premières jusqu’aux produits finis destinés au Mexique ou directement aux États-Unis.
« Ce travail d’investigation soulève une question cruciale : si un seul journaliste étranger a pu identifier aussi clairement la chaîne d’approvisionnement en fentanyl de la Chine, comment le PCC, avec ses vastes réseaux de surveillance, pourrait-il ne pas être au courant? » s’interroge M. Tang.
L’apparente complicité du PCC suggère qu’il s’agit d’une utilisation calculée du pouvoir central dans ce que M. Tang décrit comme une « guerre sans restriction contre les États-Unis ». Cette situation constitue non seulement un défi direct pour les efforts de lutte contre les drogues dures, mais soulève également des questions éthiques et géopolitiques plus larges sur le rôle d’un État au sein du trafic de drogue.
Le PCC n’a jamais cessé de produire de la drogue
La production d’opium dans la ville chinoise de Yan’an a été largement documentée dans l’ouvrage The Vladimirov Diaries par Petr Parfenovich Vladimirov, un envoyé spécial de Moscou en Chine dans les années 1940, dans lequel il est expliqué en détail comment le PCC est impliqué dans la production et la vente d’opium. Mais une fois arrivé au pouvoir, le PCC a continué ces pratiques en secret.
Zhang Youjin, un historien chinois basé aux États-Unis, a été en meusre d’interviewer les descendants des membres du « Corps de production et de construction du Xinjiang ». Ces entretiens ont révélé que les militaires étaient impliqués dans la culture du pavot et la production d’opium, principalement à destination des marchés étrangers. Bien que la culture du pavot ait diminué dans les années 1990, à l’époque où la Chine cherchait à adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), une réorientation s’est opérée vers la production d’éphédrine – un ingrédient clé de la méthamphétamine.
Selon M. Li, une importante saisie de drogue à Shenzhen a eu lieu dans les années 2000, un réseau de trafiquants dirigé par un ressortissant de Hong Kong ayant été démantelé avec une prise de 30 tonnes de méthamphétamine, soit, à l’époque, l’équivalent de trois années de ventes au niveau mondial.
Contexte historique et implications actuelles
Le « Corps de production et de construction du Xinjiang » est une branche de la 359e brigade dirigée par des personnalités importantes du PCC. Cette brigade, active dans le commerce de l’opium pendant la guerre antijaponaise, a été très peu impliquée dans les combats et s’est concentrée sur les stupéfiants.
« De nombreuses drogues ont d’abord été utilisées à des fins médicales, notamment l’opium, le cannabis et la cocaïne. Cependant, les choses changent dès qu’il s’agit de faire de l’argent. Il est clair que le gouvernement du PCC utilise intentionnellement ces substances pour faire des profits, mais aussi pour nuire au niveau international », dit M. Shi.
La dynamique complexe de la guerre internationale de la drogue
Selon Guo Jun, rédactrice en chef de l’édition hongkongaise d’Epoch Times, « la guerre contre la drogue a toujours été une affaire internationale, nécessitant une coopération internationale ». Elle souligne que dans le cas des États-Unis, dont la drogue vient principalement d’Amérique du Sud, de réels efforts de collaboration avec les gouvernements du Mexique et de la Colombie sont nécessaires, ainsi que des interventions directes dans les pays.
« Si ces pays ne coopèrent pas, les États-Unis doivent imposer cette coopération par des méthodes telles que les embargos commerciaux et les sanctions contre les responsables de ces pays. Les États-Unis ont pris de nombreuses mesures de ce type dans le cadre de leur guerre contre la drogue », dit-elle.
« Bien qu’il y ait d’autres raisons à la guerre commerciale entre les États-Unis et le PCC, je pense que le fentanyl en est un facteur important. Mais les pressions commerciale n’ont pas été aussi efficaces en Chine qu’en Amérique du Sud. Par conséquent, les États-Unis pourraient recourir à d’autres méthodes ou à des mesures plus importantes contre le Parti communiste chinois. Par exemple, ils pourraient révéler au grand public les sommes d’argent que les familles des hauts responsables du Parti détiennnet aux États-Unis », dit-elle.
Un rapport de renseignement potentiellement novateur contre le PCC
Selon Mme Guo, un rapport de renseignement américain serait en cours, qui pourrait complètement changé la donne en matière de pressions internationales.
Angela Sohn, porte-parole du bureau du directeur du renseignement national, a en effet confirmé au Washington Times, le 10 avril, que ce rapport était en cours d’élaboration.
« Les agences de renseignement américaines préparent un rapport sur la corruption et les richesses cachées parmi les élites du PCC, qui sera non confidentiel et accessible au public. Le rapport vise [le dirigeant chinois] Xi Jinping et d’autres hauts fonctionnaires, notamment l’intégralité des membres du Comité central, les membres du Politburo, les membres du Comité permanent du Politburo et les secrétaires provinciaux du parti. Les analystes estiment que ce rapport sera un coup sévère pour Pékin », a déclaré Mme Guo.
« Le rapport ne concernera pas seulement les fonctionnaires eux-mêmes, mais aussi les membres de leur famille, les parents directs et indirects, ce qui amplifiera considérablement son impact. Le PCC sera frappé à deux niveaux : tout d’abord, le soutien de l’opinion publique à l’égard du Parti s’en trouvera encore érodé, notamment en raison de la campagne anticorruption qu’il mène depuis dix ans et qui pourrait être perçue comme hypocrite. Deuxièmement, cela pourrait intensifier les conflits internes au sein du Parti, car la légitimité de la croisade anti-corruption du [dirigeant chinois] Xi pourrait être fortement questionnée ».
En choisissant stratégiquement quoi révéler et quand, les États-Unis conservent un outil puissant qu’ils pourront utiliser pour influencer la dynamique interne du PCC, et déstabiliser son leadership, estime Mme Guo.
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