La Chine dépense des milliards d’euros chaque année pour diffuser de la désinformation et de la propagande dans le monde entier. Grâce aux progrès de l’intelligence artificielle, le régime communiste sera bientôt en mesure de « cibler avec beaucoup de précision une audience internationale » avec ses opérations d’influence, selon un rapport publié le 28 septembre.
Le Parti communiste chinois (PCC) déforme depuis longtemps les faits, constate le Global Engagement Center (GEC) du département d’État américain dans son rapport. Aujourd’hui, il diffuse à l’échelle mondiale des « contenus faux ou biaisés en faveur de la République Populaire de Chine » tout en supprimant les voix dissidentes, indique le rapport.
« Depuis sa fondation en 1921, le Parti communiste chinois a utilisé la manipulation de l’information pour assurer la survie du régime et accroître son pouvoir. Aujourd’hui, alors que la Chine cherche à remodeler l’ordre mondial à son avantage, Pékin s’appuie sur cet héritage en tirant parti de la propagande et de la censure », indique le rapport.
Pour mieux diffuser sa propagande, le dirigeant chinois Xi Jinping a adopté une approche plus centralisée au cours de la dernière décennie, en allouant davantage de fonds au département du Travail du Front uni (DTFU), une agence d’État clé chargée de mener des activités d’influence à l’étranger.
« Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, il a considérablement augmenté le financement du département du Travail du Front uni et renforcé la coordination centralisée de ses efforts pour façonner l’environnement international, y compris le domaine de l’information, à l’avantage de Pékin », indique le rapport du GEC.
Bien que la Chine dépense déjà des milliards chaque année pour construire un écosystème d’information dans lequel la propagande et la désinformation chinoises sont « devenues dominantes », le rapport note que les fonds alloués à ses opérations d’influence « augmentent ».
Si on laisse la Chine agir ainsi, le rapport avertit que cela créera « des biais et des lacunes qui pourraient même conduire les nations à prendre des décisions qui subordonnent leurs intérêts économiques et sécuritaires à ceux de Pékin ».
« L’accès aux données mondiales, combiné aux derniers développements de la technologie de l’intelligence artificielle, permettrait à la Chine de cibler avec beaucoup de précision une audience internationale et donc potentiellement d’influencer les décisions économiques et de sécurité en sa faveur », ajoute le rapport.
X et TikTok
Parmi les exemples d’opérations d’influence chinoises, le rapport souligne comment plus de 1000 comptes pro-Chine sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter, ont tenté d’enterrer le rapport 2022 de l’association de défense Safeguard Defenders, basée en Espagne. Le rapport 2022 révèle que la Chine exploite secrètement plus de 100 postes de police dans 53 pays.
« Des comptes pro-Chine ont généré des messages de spam à partir de comptes portant le même nom que celui de Safeguard Defenders, peut-être dans le but de déclencher le processus automatique de dé-boostage de Twitter », indique le rapport de la GEC.
L’existence d’un poste de police chinois aux États-Unis a été révélée en avril, lorsque le FBI a arrêté deux personnes accusées de gérer ce poste à New York, où des agents auraient reçu des ordres du régime chinois pour traquer et réduire au silence les dissidents chinois.
Le rapport du GEC a également pointé du doigt l’application chinoise de partage de vidéos TikTok, en disant qu’elle est un exemple illustrant la façon dont les plateformes de médias sociaux chinois peuvent devenir un outil pour le régime chinois pour censurer les points de vue divergents et promouvoir ses propres discours. TikTok appartient au géant chinois de la technologie ByteDance.
« Dès fin 2020, ByteDance a maintenu une liste interne régulièrement mise à jour identifiant les personnes susceptibles d’être bloquées ou restreintes de toutes les plateformes de ByteDance, y compris TikTok, pour des motifs tels que la défense de l’indépendance des Ouïghours », indique le rapport de la GEC. ByteDance a demandé que des personnes spécifiques soient ajoutées à cette liste si elles étaient considérées comme présentant un risque pour l’opinion publique. Ceci probablement pour empêcher les critiques à l’encontre du régime chinois de se propager sur les plateformes appartenant à ByteDance.
La société de cybersécurité Internet 2.0 a signalé en mars que TikTok recueillait les données des utilisateurs, notamment leur localisation, leurs contacts et leurs mots de passe.
Les préoccupations croissantes en matière de sécurité nationale concernant TikTok ont conduit plusieurs pays, dont l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis, à interdire l’utilisation de l’application sur les appareils gouvernementaux.
Tactique
Le Parti communiste chinois a également cherché à s’associer à d’autres pays pour amplifier ses récits préférés, selon le rapport du GEC, qui souligne que Pékin et Moscou ont convenu de « lutter conjointement contre la désinformation » en juillet 2020.
Dans le cadre de cette « lutte contre la désinformation », Pékin et Moscou travailleront ensemble pour « offrir un compte rendu précis des faits et de la vérité » et « défendre la justice et les principes juridiques », selon le ministère chinois des Affaires étrangères.
Le rapport explique que ce que Pékin considère comme de la « désinformation » se réfère en fait à des « propos qu’il perçoit comme menaçant ses intérêts ».
À la suite de l’invasion de l’Ukraine par Moscou, Pékin a amplifié la désinformation russe, en reprenant par exemple les accusations de Moscou qui affirment que les pays occidentaux « intensifient la guerre en Ukraine ». « La Russie lui a rendu la pareille en promouvant la propagande prônée par la Chine au sujet de Taïwan et d’autres intérêts du régime chinois ».
Pour influencer les communautés chinoises de la diaspora, le Parti communiste chinois a exploité l’application de messagerie chinoise WeChat, dont il a fait « un canal de désinformation », selon le rapport de la GEC. Les comptes d’État chinois sur WeChat cherchent à « isoler la diaspora des sociétés d’accueil, à accroître la loyauté envers [le Parti] et à diminuer la légitimité des systèmes démocratiques aux yeux de la diaspora ».
En mai 2020, Citizen Lab, un organisme canadien de surveillance numérique, a révélé dans son rapport que WeChat surveillait les communications entre ses utilisateurs hors de Chine afin d’améliorer son algorithme de censure des comptes basés en Chine.
Le Parti communiste chinois est également connu pour attribuer des articles à des personnes fictives, en leur donnant des titres tels que « commentateurs des affaires internationales » pour promouvoir de manière trompeuse leur contenu.
« Ces personnes fictives faussent les environnements d’information étrangers en diffusant les récits de propagande du régime chinois par le biais des médias locaux pour influencer les audiences étrangères à un niveau régional, ce qui dégrade l’intégrité du domaine de l’information au niveau international », indique le rapport de la GEC.
Un exemple est le nom « Yi Fan », une personne fictive qui est apparue dans la signature de publications destinées à la communauté internationale, selon le rapport du GEC, qui ajoute : « Les arguments présentés par Yi Fan s’alignent étroitement sur la rhétorique du Parti communiste chinois dans un large éventail de sujets à l’échelle mondiale, cherchant à dépeindre Pékin comme un acteur responsable et une grande puissance ».
Jusqu’à présent, la Chine a obtenu des « résultats mitigés » en matière de propagande et de censure, constate le rapport du GEC, qui met toutefois en garde contre les graves conséquences qui résulteraient d’une victoire du Parti communiste chinois.
« L’enjeu est de taille : si les histoires élaborées par le régime chinois finissent par l’emporter, elle rencontrera moins de résistance pour remodeler l’ordre international au détriment des libertés individuelles et de la souveraineté nationale dans le monde entier. »
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