Le régime du Parti communiste chinois (PCC) se préoccupe davantage de progresser vers l’hégémonie que de réaliser son objectif proclamé d’intégrité territoriale, selon le président taïwanais Lai Ching-te.
M. Lai a fait cette remarque lors d’une interview accordée à une émission de télévision taïwanaise diffusée le 1er septembre à l’occasion des 100 premiers jours de son mandat présidentiel. Il a fait remarquer que bien que Pékin soulève souvent la question de l’intégrité territoriale pour justifier ses ambitions de s’emparer de l’île démocratique, l’État-parti chinois n’utilise pas la même rhétorique au sujet des territoires historiquement chinois qui se trouvent actuellement en Russie.
« L’intention de la Chine d’attaquer et d’annexer Taïwan n’est pas due à ce que dit ou fait une personne ou un parti politique à Taïwan. Ce n’est pas au nom de l’intégrité territoriale que la Chine veut annexer Taïwan », a-t-il déclaré.
« Si c’est au nom de l’intégrité territoriale, pourquoi la Chine ne reprend-elle pas les territoires occupés par la Russie qui ont été attribués dans le traité d’Aïgoun ? La Russie est aujourd’hui à son point le plus faible, n’est-ce pas ? »
Un immense territoire de l’Extrême-Orient russe et de l’angle sud-est de la Sibérie a été annexé par l’empire russe tsariste à la suite des « traités inégaux » russo-chinois (traité d’Aïgoun de 1858, confirmé par celui de Pékin de 1860 qui a élargi les territoires annexés) imposés à l’empire de Chine après sa défaite dans la seconde guerre de l’opium.
Le président taïwanais a suggéré que la Chine évoque ce traité et demande à la Russie de restituer ses territoires.
Puisque la Chine ne le fait pas, a-t-il poursuivi, « il est évident qu’elle ne veut pas envahir Taïwan pour des raisons territoriales ».
Pékin considère Lai Ching-te comme un « séparatiste » et, depuis sa victoire aux élections présidentielles en janvier, a fait monter la tension entre les deux rives du détroit de Taïwan. Quelques jours après la prestation de serment de M. Lai, le régime chinois a lancé ce qu’il a appelé des exercices militaires « punitifs » encerclant Taïwan.
En 2023, Joseph Wu, alors ministre des Affaires étrangères de Taïwan, a mis en garde que le régime chinois était « plus susceptible » d’envahir Taïwan en 2027.
Selon le président taïwanais, la véritable raison pour laquelle le régime chinois veut s’emparer de Taïwan est de modifier l’ordre international fondé sur des règles.
« Il veut parvenir à l’hégémonie dans la zone internationale, dans le Pacifique occidental, et c’est ça son véritable objectif », a-t-il souligné.
Taïwan est situé dans un endroit clé de la première chaîne d’îles qui s’étend du Japon vers le sud, en passant par Taïwan et les Philippines jusqu’à la Malaisie. Cette chaîne d’îles est considérée comme une barrière qui empêche les forces navales et aériennes de la Chine d’accéder facilement à l’océan Pacifique.
Akio Yaita, commentateur politique et journaliste japonais, a expliqué dans un message posté le 2 septembre sur Facebook, qu’il partageait l’évaluation de M. Lai de l’intention de Pékin d’annexer Taïwan.
« La Russie, actuellement en pleine guerre, a vu sa puissance nationale décliner. Si la Chine veut récupérer ses territoires, ce devrait être une bonne occasion. Il ne suffirait peut-être que de dépenser de l’argent pour y parvenir. On ne sait pas pourquoi la Chine continue à fournir en cachette à la Russie beaucoup d’aide sans rien demander », a-t-il écrit.
En particulier, dans le contexte de la guerre que mène la Russie en Ukraine, les États-Unis ont sanctionné de nombreuses sociétés chinoises pour avoir fourni des machines-outils, des composants électroniques et d’autres équipements à double usage à l’armée russe.
M. Yaita a également rappelé que le régime chinois de l’ancien chef du PCC, Jiang Zemin, avait également cédé des territoires à la Russie dans les années 1990. En 2001, Jiang Zemin a signé avec Vladimir Poutine le « Traité de bon voisinage, d’amitié et de coopération » qui a couronné une décennie de rapprochement entre les deux pays et différents accords signés dans le cadre de ce rapprochement.
Ce traité a servi à Jiang de base pour officiellement reconnaître que les territoires chinois annexés par la Russie depuis l’époque impériale, dont certains incorporés dans l’Union soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale, appartenaient à la Russie. Il a cédé de manière permanente plus de 1,5 million de kilomètres carrés de territoire, y compris Touva (Tangnu Wulianghai), l’ensemble de la rive gauche du fleuve Amour (Mandchourie-Extérieure) allant jusqu’au port stratégique de Vladivostok (Haishenwai) et la frontière coréenne, ainsi que l’île de Sakhaline – l’équivalent de plusieurs dizaines de Taïwan (36.000 km2).
« Ce à quoi [l’actuel dirigeant chinois] Xi Jinping veut s’opposer, c’est au camp de la démocratie et de la liberté dirigé par les États-Unis. Et la Russie est le complice de la Chine. L’idée que ‘l’indépendance de Taïwan conduira à la guerre’ n’est qu’une excuse pour la Chine », a-t-il conclu.
Chiu Chih-wei, un législateur du Parti démocrate progressiste au pouvoir à Taïwan, a fait écho au commentaire du président taïwanais dans un message publié sur Facebook le 3 septembre. Il a ajouté que la Chine avait également une attitude intransigeante à l’égard de ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale et qu’elle lançait un défi au monde démocratique.
La République de Chine (RDC), nom officiel de Taïwan, a été fondée en Chine en 1912. Le gouvernement de la RDC, dirigé par le leader nationaliste Chiang Kaï-shek, s’est installé à Taïwan en 1949 après avoir perdu le contrôle de la Chine au profit des forces communistes de Mao Zedong lors de la guerre civile chinoise.
Avec Reuters.
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