La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a exhorté vendredi Pékin à demander « à l’agresseur russe d’arrêter la guerre » en Ukraine, estimant qu’« aucun autre pays n’a plus d’influence sur la Russie que la Chine ».
« Je dois dire ouvertement que je me demande pourquoi la position chinoise n’inclut pas jusqu’à présent une demande à l’agresseur russe d’arrêter la guerre », a déclaré la cheffe de la diplomatie allemande à Pékin lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue chinois Qin Gang.
La récente visite du dirigeant chinois Xi Jinping à Moscou a montré, selon Mme Baerbock, « qu’aucun autre pays n’a plus d’influence sur la Russie que la Chine et la décision d’utiliser cette influence touche directement les intérêts essentiels de l’Europe ».
« De la même manière que la Chine s’est engagée avec succès pour un équilibre pacifique entre l’Iran et l’Arabie saoudite, nous souhaitons que la Chine fasse pression sur la Russie pour qu’elle mette enfin un terme à son agression et qu’elle participe à une solution pacifique du conflit », a ajouté la ministre qui effectue son premier déplacement en Chine.
Une position ferme sur la question de Taïwan
La ministre allemande s’est également montrée très ferme sur la question de Taïwan où les tensions sont montées d’un cran ces dernières semaines. « Une escalade militaire dans le détroit de Taïwan, où transite chaque jour 50% du commerce mondial, serait un scénario catastrophe pour le monde entier », a affirmé Mme Baerbock.
Des déclarations contrastantes avec celles d’Emmanuel Macron, qui avaient suscité à juste titre à son retour de Chine une vague d’incompréhension aux États-Unis et en Europe en appelant l’Union européenne à ne pas être « suiviste » de Washington ou Pékin sur la question de Taïwan.
L’Europe unie vis-à-vis de Pékin, selon elle
Une déstabilisation du détroit « aurait des conséquences dramatiques pour tous les pays du monde et donc pour l’ensemble de l’économie mondiale », a affirmé Mme Baerbock, appelant les parties à « empêcher toute escalade ».
Jeudi, Mme Baerbock avait assuré que les Européens étaient unis dans leur politique vis-à-vis de Pékin. « Il n’y a pas d’autre partenaire avec lequel nous nous coordonnons aussi étroitement dans l’Union européenne qu’avec nos amis français », avait-elle affirmé.
À propos des droits de l’homme au Xinjiang
Vendredi, deuxième journée de son déplacement en Chine, Annalena Baerbock, a également fait part de ses préoccupations concernant les droits de l’homme dans le pays, se disant préoccupée « par le fait que le champ d’action de la société civile en Chine continue de se réduire et que les droits de l’homme sont restreints ».
Elle a cité la situation de la communauté ouïghoure au Xinjiang, qui a été « documenté(e) noir sur blanc dans le rapport du Haut Commissaire aux droits de l’homme ». Publié en septembre, ce rapport rassemble des informations de première ou de seconde main ainsi que des entretiens réalisés par le HCDH. Ce rapport évoque la possibilité de « crimes contre l’Humanité » dans la région.
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