Après des décennies de croissance à deux chiffres, la Chine est peut-être en train de se rapprocher d’un déclin économique structurel prolongé. D’une manière générale, les facteurs qui pourraient conduire à cette période de déclin sont déjà en place. Dans la plupart des cas, ils découlent des excès des politiques menées par la Chine au cours des dernières années, qui a fait passé la politique politicienne avant la croissance économique.
Le pays ressemble-t-il à l’ancienne URSS ?
Même si la Chine est technologiquement plus avancée que l’ex-Union soviétique, le contrôle croissant de son État sur la société et l’économie auquel s’ajoute la stagnation de son économie ne sont pas sans rappeler l’ancienne URSS à la fin des années quatre-vingt.
Rappelons qu’en URSS après 70 ans de pouvoir, de contrôle étatique et de la corruption qui l’accompagne inévitablement une période prolongée de stagnation économique s’est installée. Les entreprises et économies d’État étaient inefficaces, non rentables et coûteuses et le déclin économique irréversible des économies d’Europe de l’Est de l’ex-Union soviétique s’est soldé par l’abdication du Parti communiste soviétique.
Le Parti communiste chinois (PCC) sera-t-il confronté à une situation similaire ?
En réalité, l’économie chinoise est confrontée à la possibilité très réelle d’un ralentissement prolongé similaire. Elle est confrontée à plusieurs obstacles importants qui gênent sa croissance sur le long terme. Des statistiques récentes attestent que l’économie n’a progressé que de 0,8 % au cours du deuxième trimestre, contre 2,2 % au cours des trois premiers mois de 2023. Les prévisions à court terme ne sont pas non plus encourageantes, la demande intérieure persistant à stagner. Les taux d’épargne des consommateurs restent élevés, signe évident que les épargnants craignent pour l’avenir.
Et pour couronner le tout, le taux de chômage des jeunes est supérieur à 20 %.
Et encore! Étant donné que le PCC tire sa légitimité de ses promesses de croissance économique, il y a de bonnes raisons de croire que le niveau de chômage du pays est sous-estimé, tout comme le sont les obstacles à la croissance économique future.
Les défis structurels s’intensifient
Quoi qu’il en soit, plusieurs défis structurels contribuent à ces perspectives négatives à long terme.
Par exemple, le PCC développe les nationalisations d’entreprises pour maintenir son contrôle sur l’économie en difficulté. Mais l’augmentation du nombre d’entreprises contrôlées par l’État signifie confisquer des entreprises privées performantes pour les transformer en entreprises coûteuses et moins efficaces. Par conséquent, la politique du PCC en matière d’entreprises nationalisées ne contribuera pas à la croissance de l’économie. Au contraire, elle conduira à un nouveau ralentissement.
Compte tenu de son échec, du mécontentement de la population et des tensions, le dirigeant chinois Xi Jinping ne peut pas prendre le risque de relâcher son emprise sur le peuple chinois.
Le risque croissant du modèle de croissance chinois fondé sur l’endettement est lié à l’échec de la politique des entreprises appartenant à l’État.
Les retombées de l’affaire Evergrande se poursuivent
L’impact de l’effondrement du secteur de la promotion immobilière, qui représente environ 30 % de l’économie chinoise, montre à quel point il est risqué de stimuler la croissance par un recours effréné à l’emprunt.
L’effondrement d’Evergrande a entraîné une perte de 81 milliards de dollars au cours des deux dernières années, et la société doit encore des dizaines de milliards de dollars de dettes aux investisseurs. Dans le même temps, les actifs totaux d’Evergrande ne s’élèvent qu’à 256 milliards de dollars, ce qui signifie que l’étoile la plus brillante du secteur immobilier chinois pourrait en fait rapidement faire faillite.
Pire encore, les retombées de la faillite d’Evergrande et d’autres sociétés immobilières continuent de tirer l’économie vers le bas.
Les nouvelles mises en chantier, qui constituent un indicateur avancé du marché immobilier pour l’année suivante, ont diminué de 44 % en septembre 2022, de 36 % en octobre 2022 et de 50 % en novembre 2022. En juin, les ventes de biens immobiliers ont diminué de 28,1 % et les investissements immobiliers ont baissé de 20,6 % d’une année sur l’autre.
Baisse des investissements dans les infrastructures
L’activité sur le front de l’investissement dans les infrastructures est également en baisse, les véhicules de financement des collectivités locales (LGFV) étant confrontés à une diminution des revenus due à la chute des prix des terrains et à la baisse des ventes.
Les gouvernements locaux sont sous pression fiscale en raison de la baisse des prix des terrains et de la diminution des ventes. Les LGFV – les principaux mécanismes de mise en œuvre des projets d’infrastructure – sont en pleine crise du crédit et risquent de se retrouver en défaut de paiement dès cette année.
Selon Harry Murphy Cruise, économiste chez Moody’s Analytics, « la reprise en Chine va de mal en pis »,
« Après une injection de sucre dans les premiers mois de 2023, la gueule de bois de la pandémie plombe la reprise chinoise », explique-t-il.
Il est peu probable que les dépenses publiques soient la « solution miracle ».
Gérer les risques bancaires – au jour le jour
Et même le secteur bancaire chinois semble également menacé, certaines banques ayant déjà vu leur situation se dégrader.
La stratégie actuelle du régime est d’étendre les prêts existants aux LGFV et de retarder les hausses de taux d’intérêt pour leur donner le temps de se redresser. À la lumière d’autres éléments négatifs, il reste à voir si cela sera possible.
La demande étrangère ne reviendra pas de sitôt
La baisse de la demande étrangère pour les biens et services chinois est un autre problème qui ne peut pas être facilement résolu ou occulté par les médias d’État chinois. Le soutien de Pékin à l’invasion de l’Ukraine par Moscou a encore affaibli le goût et la demande de l’Europe pour les produits chinois.
La guerre et les autres conflits commerciaux n’ont fait qu’aggraver la réputation déjà peu reluisante de la Chine en tant que partenaire commercial. Le pays est connu depuis longtemps pour le vol de propriété intellectuelle auquel il se livre, pour les pots-de-vin qu’il verse pour accéder à certains marchés et pour son manque de fairplay vis-à-vis de ses partenaires commerciaux occidentaux d’antan. En outre, la récession se profilant à l’horizon, la demande extérieure risque davantage de diminuer que d’augmenter.
En conséquence, plus de 30 % de la capacité de production du pays reste inutilisée, ce qui contribue à expliquer le taux de chômage très élevé et probablement sous-estimé de la jeune génération.
Le remède du PCC : tuer l’économie
Apparemment, Xi Jinping et le PCC ont décidé de resserrer encore davantage leur emprise sur l’économie, de mandater l’activité économique et de subventionner les embauches par le biais de nouvelles mesures de relance.
Une grande partie des plans de croissance du PCC dépend de sa capacité à stimuler la demande intérieure pour atteindre les chiffres de croissance nécessaires. Mais les injections de liquidités dans l’économie ont des rendements décroissants. La probabilité d’obtenir un rendement suffisant pour le yuan en termes de croissance n’est plus aussi élevée qu’auparavant. Les dépenses publiques ne seront pas aussi efficaces qu’auparavant et alourdiront la dette d’une économie qui se trouve déjà à des niveaux insoutenables.
Mais d’où pourrait bien venir cette nouvelle demande intérieure ?
Les investissements dans le développement immobilier, un secteur clé qui stimule la demande industrielle et de consommation, ont chuté de 7,9 % en juin d’une année sur l’autre.
Comment le PCC va-t-il redonner confiance à des consommateurs échaudés par l’effondrement des investissements immobiliers et les blocages du Covid-19, quand ceux-ci ont des parents à charge et ne veulent qu’un seul enfant, voire aucun ?
La Chine n’en est pas encore au stade de la Glasnost/Perestroïka, mais ce moment risque d’arriver tôt ou tard, quoi que fasse le PCC.
Si c’est le cas, il ne faut pas s’attendre à ce que le Parti réagisse en abandonnant le pouvoir.
Il est plus probable qu’il détourne l’attention vers un événement extérieur, tel qu’une action contre Taïwan.
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