La Chine est en train de forger une alliance menaçante avec d’autres régimes hostiles à l’Occident. Ce nouvel axe devient une menace de plus en plus importante pour les pays démocratiques dans divers domaines, ont mis en garde différents experts participant au récent forum sur la sécurité internationale.
Des responsables politiques et militaires ont partagé ce point de vue lors de deux tables rondes organisées dans le cadre du 2023 Halifax International Security Forum qui s’est tenu à Halifax, au Canada, du 17 au 19 novembre. Ce forum a introduit un nouvel acronyme anglais « CRINK » pour l’alliance entre la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord.
« Nos adversaires font équipe contre nous en Ukraine, en Israël, en Europe et dans le Pacifique », a constaté Josh Rogin, chroniqueur au Washington Post, lors de la table ronde sur les conséquences d’une victoire russe en Ukraine pour les CRINK.
La Chine collabore avec la Russie pour aider le Hamas sur le plan diplomatique, et le régime communiste chinois aide également la Russie et l’Iran à échapper aux sanctions occidentales et à poursuivre leurs actions agressives. Dans le même temps, l’Iran fournit des armes à la Russie et au groupe terroriste Hamas à Gaza, et la Corée du Nord exporte des armes en Russie pour qu’elle les utilise dans sa guerre contre l’Ukraine, a-t-il ajouté.
Vincent Chao, directeur et porte-parole du Parti démocrate progressiste au pouvoir à Taïwan, a expliqué que si la Russie devait gagner sa guerre contre l’Ukraine, cela enverrait avant tout un message fort aux autres régimes autoritaires dans le monde, les enhardissant face au déclin de la démocratie.
Il a notamment insisté sur le fait qu’un triomphe russe amplifierait les ambitions du Parti communiste chinois (PCC) de placer Taïwan sous son contrôle par la force, en exhortant les habitants de cette île démocratique à suivre la ligne directrice du PCC.
« En ce qui concerne la Chine, il n’y a qu’un seul moyen de contenir ses ambitions. Et ce seul moyen est de rester unis ; il est tout simplement impossible que les États-Unis puissent le faire seuls. »
« La seule façon d’y parvenir est que nous soyons tous unis maintenant, plutôt que dans 10 ou 15 ans, en se rendant compte de ce qui aurait pu être fait, de ce qui aurait dû être fait », a souligné M. Chao.
Pékin « veut une guerre prolongée en Ukraine »
Les implications de l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour les ambitions mondiales de l’État-parti chinois ont été évoquées par Nathan Law, un ancien politicien de Hong Kong qui est actuellement en exil au Royaume-Uni à cause de son opposition ouverte au régime de Pékin.
M. Law a noté que le dirigeant chinois Xi Jinping « souhaite une guerre prolongée en Ukraine », car cette guerre détourne l’attention du monde de la politique de Pékin qui vise la domination mondiale. En outre, si la Russie réussit à annexer l’Ukraine, cela pourrait permettre au régime chinois de persuader d’autres États autoritaires de collaborer davantage.
Au cours des deux dernières années, Pékin a intensifié ses menaces à l’encontre de Taïwan, située à environ 130 kilomètres de la côte sud-est de la Chine continentale. Le régime chinois a établi de nouveaux records quant au nombre d’avions militaires déployés pour encercler cette île, recourant à une forme d’intimidation militaire accompagnée d’une coercition économique et de diverses formes de désinformation.
Le général Charles Flynn, de l’armée américaine, et le général Wayne Eyre, chef d’état-major de la Défense du Canada, ont également pris la parole lors du forum.
Au sujet de l’argument que « si la Chine est le grand problème, alors l’Ukraine sert de distraction », le général Flynn s’est fait l’écho des préoccupations concernant une guerre potentielle dans le Pacifique alors que les conflits régionaux en Europe et au Moyen-Orient font rage.
« Une guerre limitée et régionale se déroule en Europe, une autre guerre limitée et régionale se déroule au Moyen-Orient. Et la dernière chose que nous pouvons tous nous permettre est une autre guerre dans le Pacifique », a-t-il déclaré.
En partageant l’analyse de Charles Flynn, Wayne Eyre a ajouté que la question allait au-delà d’une remise en cause du principe de souveraineté territoriale et englobait la menace pour le droit des peuples à exister et à choisir leur propre forme de gouvernement.
Il a également noté que si ces normes de l’ordre international ne sont pas respectées, cela incitera d’autres pays à se lancer dans l’aventurisme impérialiste et l’expansionnisme.
« Je pense qu’il est dans notre intérêt à tous de nous opposer à cette agression, à cette menace peut-être la plus importante pour l’ordre international depuis la fin de la guerre froide, et peut-être même depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », a-t-il résumé.
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