La Chine incite l’Iran à attaquer Israël

Par Gordon G. Chang
16 août 2024 16:37 Mis à jour: 16 août 2024 18:21

Le 11 août, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré au ministre iranien des Affaires étrangères par intérim que Pékin soutenait la République islamique dans la défense de sa « souveraineté, de sa sécurité et de sa dignité nationale ». M. Wang a laissé entendre que l’assassinat à Téhéran d’Ismaël Haniyeh, qui était chef du groupe terroriste Hamas, violait la souveraineté de l’Iran et menaçait la stabilité régionale.

Alors que les pays du monde entier font pression sur l’Iran pour qu’il n’attaque pas Israël – Téhéran accuse l’État hébreu d’être à l’origine de la bombe qui a tué Haniyeh le 31 juillet – la Chine a, en fait, incité publiquement l’Iran à agir.

Pourquoi le ministre chinois des Affaires étrangères a-t-il fait cela ? Peut-être parce que Pékin estime que son mandataire, l’Iran, est en train de perdre une guerre et qu’il doit agir rapidement.

Le Hamas est, à son tour, le mandataire de l’Iran. Le régime iranien estime qu’il n’est le mandataire de personne, mais les Chinois semblent penser que l’Iran est bel et bien le leur.

Que l’Iran soit ou non l’acolyte de la Chine, Téhéran n’aurait pas pu déclencher la guerre le 7 octobre dernier sans le soutien direct et indirect de l’État-parti chinois.

Tout d’abord, il y a le soutien direct de Pékin à l’économie iranienne en difficulté. L’année dernière, alors que les exportations de pétrole brut de l’Iran ont atteint leur plus haut niveau depuis cinq ans, la Chine en a absorbé environ 90 %, selon l’analyse du cabinet d’études européen Kpler. Il semble que la forte demande chinoise soit à l’origine de l’augmentation de la production iranienne.

Pékin a également fourni une couverture diplomatique à l’attaque du Hamas contre Israël. Le soutien par la propagande a peut-être été encore plus important : quelque 96,5 % des vidéos sur le Hamas diffusées sur la plateforme de TikTok, appartenant à la Chine, soutiennent le groupe terroriste. Le Parti communiste chinois utilise cette plateforme pour propager les discours qui lui sont favorables.

Il y a un autre signe révélateur. « Le flux continu d’armes et des composants d’armes chinois vers l’Iran est la preuve du statut de l’Iran en tant que mandataire de Pékin », m’a expliqué récemment Jonathan Bass d’InfraGlobal Partners. « Tout le monde dans la région est au courant. »

M. Bass, qui s’est entretenu depuis le 7 octobre avec les principaux dirigeants des États de la Ligue arabe et avec quatre des six membres du Conseil de coopération du Golfe, a noté que la région était désormais particulièrement préoccupée par l’afflux d’armes chinoises à l’Iran et à ses acolytes terroristes. Les dirigeants de la région devraient l’être : les trois principaux acolytes de l’Iran – le Hamas, le Hezbollah et les Houthis – font la guerre avec des armes chinoises.

Pourquoi la Chine encourage-t-elle aujourd’hui la guerre au Moyen-Orient ? L’approche de Pékin à l’égard de la région a bien évolué au cours des cinq dernières années. Il n’y a pas si longtemps, les responsables chinois s’efforçaient traditionnellement d’y maintenir un certain équilibre en développant des relations avec toutes les parties et en se tenant à l’écart des multiples conflits dans la région.

Comme résultat, Pékin gagnait en influence en ne restant qu’un spectateur pendant que les États-Unis s’occupaient des questions difficiles. Les diplomates chinois se sont tenus à l’écart lorsque l’administration Trump a remodelé la région avec les quatre accords d’Abraham : les accords conclus entre Israël et deux États du Golfe – Bahreïn et les Émirats arabes unis – ainsi qu’avec deux États de la proche Afrique du Nord – le Soudan et le Maroc. Le résultat – la paix avec Israël – a été historique.

La Chine a répondu en concluant deux autres accords historiques. L’un en mars de l’année dernière entre l’Arabie saoudite et l’Iran, et l’autre, le 23 juillet dernier, lorsque les 14 factions palestiniennes, dont les grands rivaux Hamas et Fatah, ont signé une déclaration d’unité à Pékin, la capitale chinoise.

Jusqu’à l’assassinat de Haniyeh, la Chine semblait exercer un certain contrôle sur les événements se déroulant au Moyen-Orient. Toutefois, le feu vert donné par Pékin à une éventuelle attaque iranienne contre Israël apparait comme une tentative de stopper une tendance qui lui est défavorable.

Il est clair que les Chinois doivent agir. Le Hamas, qui avait gagné les faveurs de Pékin, est en plein désarroi. Le groupe a pu nommer un successeur à Haniyeh plus rapidement que beaucoup ne le pensaient. Pourtant, il est en train de perdre le contrôle de Gaza, comme l’a rapporté Amir Bohbot du Jerusalem Post. Les succès militaires d’Israël, entre autres facteurs, ont considérablement affaibli le Hamas.

En outre, les États-Unis se sont dépêchés d’envoyer des moyens militaires supplémentaires pour renforcer leur présence militaire déjà considérable au Moyen-Orient. La Chine ne peut pas rivaliser avec la puissance de feu américaine dans la région, pas plus que son ami, la Russie.

En fin de compte, c’est toujours les États-Unis qui détiennent le pouvoir au Moyen-Orient. Oui, à un moment donné, il a semblé que l’Amérique se retirait. Après tout, les États-Unis, devenus la nouvelle Arabie saoudite, avaient moins besoin de la région. L’Amérique a pompé plus de pétrole brut que n’importe quel autre pays dans l’histoire, et ce, pendant six années consécutives. Les États-Unis produisent plus de gaz naturel que n’importe quel autre pays. La Chine a donc essayé de combler ce qu’elle considérait comme un vide.

Mais le fait que l’Amérique n’a plus besoin de cette région ne veut pas dire que la Chine y sera plus puissante. Les succès de la Chine – ses deux grands accords conclus – se sont révélés quelque peu imaginaires. Il y a eu, par exemple, peu de suivi de l’accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite, ce qui explique pourquoi l’administration Biden pourrait progresser dans son propre accord de défense avec Riyad. En outre, la déclaration de Pékin s’est effritée en un temps record, en grande partie à cause de l’assassinat de Haniyeh.

La Chine pensait apparemment être intelligente en déstabilisant davantage le Moyen-Orient par le biais d’une guerre par procuration. Cependant, lorsque les acolytes faiblissent, leurs maîtres faiblissent aussi. Et c’est le cas du régime chinois.

La Chine est donc en train de jouer un jeu de hasard. Pour l’instant, le nouveau pari de Pékin enhardit Téhéran : le ministère iranien des Affaires étrangères a répété les propos de son homologue chinois le 13 août, lorsque le régime iranien a rejeté les appels de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Allemagne et de l’Italie à ne pas attaquer Israël.

Le dirigeant chinois Xi Jinping, adoptant apparemment les tactiques de Mao Zedong, a encouragé le « chaos » pour ouvrir la voie à la domination chinoise à l’échelle mondiale. Wang Yi, lors de son appel du 11 août à Téhéran, a fait un pas audacieux vers le chaos.

Tout porte à croire que la Chine souhaite davantage de guerre dans la région du monde qui est déjà la plus déchirée par la guerre.

Publié initialement par Gatestone Institute

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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