Pékin intervient désormais directement dans la gestion du Covid-19 à Hong Kong, dans ce que de nombreux habitants de Hong Kong craignent être une tentative d’exercer un contrôle sur la ville sous le couvert d’un soutien.
La semaine dernière, les autorités chinoises ont annoncé leur projet d’envoyer une équipe de 60 personnes à Hong Kong, ancienne colonie britannique revenue sous domination chinoise en 1997, pour aider la ville à effectuer des tests de dépistage du virus du PCC* à grande échelle par le biais de tests d’acide nucléique.
Dimanche, sept travailleurs médicaux de la Chine continentale sont arrivés et se sont enregistrés dans le tristement célèbre hôtel Metropark de Hong Kong – le même hôtel où s’est produite en 2003 la super-épidémie du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) impliquant le séjour d’une nuit d’un médecin chinois. La pandémie de SRAS, qui a pris naissance en Chine, a fini par infecter plus de 8 000 personnes, dont 774 ont été tuées.
Entre-temps, la propagation du Covid-19 a atteint tous les coins du globe. Jusqu’à présent, plus de 18 millions de personnes auraient été infectées, et 689 000 décès dus au virus du PCC, également nommé le nouveau coronavirus, ont été enregistrés dans le monde entier.
Un groupe biomédical chinois participe aux tests de Hong Kong
Un laboratoire mis en place par la société chinoise de séquençage de gènes et de biomédecine Beijing Genomics Institute (BGI) Group fait partie de plusieurs organisations de Chine continentale qui « effectueront gratuitement de nouveaux tests de détection du coronavirus pour les groupes à haut risque de plus de 400 000 personnes à Hong Kong », selon un reportage publié sur le site web de la société.
L’agence de presse d’État chinoise Xinhua a cité Yu Dewen, chef de l’équipe chinoise de 60 personnes, qui a déclaré que les succursales de Hong Kong de trois laboratoires du continent, dont le BGI, ont la capacité de tester 20 000 à 30 000 personnes par jour.
« Avec l’équipe de soutien se joignant aux institutions continentales, nous pouvons considérablement augmenter la capacité de tests », a-t-il déclaré dans un rapport du 3 août.
Le groupe BGI n’a pas répondu à une demande de commentaires.
Deux filiales du groupe BGI sont actuellement sur la liste noire des États-Unis pour leur rôle dans « la conduite d’analyses génétiques utilisées pour favoriser la répression des Ouïghours et d’autres minorités musulmanes » dans le Xinjiang, selon le ministère américain du Commerce. Le bannissement leur interdit l’accès aux biens et technologies américains.
Selon un récent rapport d’Axios, le groupe BGI a recueilli des échantillons d’ADN d’Ouïghours et d’autres groupes ethniques musulmans dans la région du Xinjiang en Chine, dans des circonstances où le consentement était probablement impossible. Selon le rapport, ces actes ont fait l’objet d’un accord contractuel signé entre le président de BGI et les responsables locaux du Parti communiste chinois (PCC) en 2016.
« Notre préoccupation est qu’il y ait une collecte d’ADN à grande échelle sans protection juridique et sans que les gens n’en soient informés », a déclaré Maya Wang, une chercheuse de Human Rights Watch, au Nature Science Journal. Le groupe de défense des droits de l’homme a rédigé un bilan de l’année 2017 sur la surveillance de l’ADN au Xinjiang.
« Le gouvernement chinois est en train de mettre en place la plus grande base de données ADN gérée par la police au monde, en étroite coopération avec des partenaires industriels clés du monde entier », a écrit l’Institut australien de politique stratégique dans un rapport publié en juin.
« Ce programme de collecte massive de données ADN viole le droit interne chinois et les normes mondiales en matière de droits de l’homme. Et lorsqu’il sera combiné à d’autres outils de surveillance, il augmentera le pouvoir de l’État chinois et permettra une plus grande répression interne au nom du maintien de la stabilité et du contrôle social », a-t-il ajouté.
Les résidents de Hong Kong s’inquiètent de la surveillance qu’exerce Pékin sur leur ADN
La nouvelle de la généralisation des tests Covid-19 effectués par les laboratoires chinois a fait craindre des plans de la Chine de surveiller l’ADN à Hong Kong.
Un groupe de conseillers municipaux de Hong Kong a fait part de ces inquiétudes dimanche. Le néo-démocrate Roy Tam, qui a organisé une manifestation contre les médecins du continent, a déclaré que l’une des raisons pour lesquelles ils sont contre les tests effectués par la Chine est que les Hongkongais sont préoccupés par la façon dont les données seront traitées par rapport à la vie privée, a rapporté la RTHK.
Dans le reportage susmentionné, le directeur du laboratoire de BGI à Hong Kong, Wang Shihua, a dissipé les inquiétudes du public concernant l’envoi de données sur le continent, en déclarant que les informations personnelles ne seraient pas collectées et que seuls les échantillons positifs au virus seraient envoyés au département de la santé de Hong Kong. « Les autres échantillons seront détruits et ne seront pas renvoyés sur le continent. Le public n’a pas à s’inquiéter », selon l’interview réalisée par le média local en ligne DotDot News.
Une déclaration publiée par le gouvernement de Hong Kong a également réfuté les allégations de prélèvement d’ADN, déclarant que de telles affirmations sont « absolument infondées, soulignant que tout son travail antiépidémique est entièrement conforme aux exigences de la loi ».
La déclaration menace également de sanctions pénales les personnes qui expriment des inquiétudes concernant le prélèvement d’ADN. « Le gouvernement de la RAS[région administrative spéciale] de Hong Kong a condamné les actes de ceux qui ont délibérément répandu de fausses rumeurs et attaqué son travail antiépidémique. Quant à savoir si la diffusion intentionnelles de fausses rumeurs par certains individus constituerait un délit pénal, les services gouvernementaux concernés étudieront attentivement la question et recueilleront des preuves pour le suivi. »
La semaine dernière, la cheffe de l’exécutif Carrie Lam a annulé les prochaines élections législatives de la ville, en citant une récente augmentation des cas de Covid-19. Cette décision a été critiquée par les gouvernements et les groupes de défense des droits, qui s’inquiétaient du fait que les Hongkongais étaient privés de leur droit à des élections libres et équitables.
* Epoch Times qualifie le nouveau coronavirus, à l’origine de la maladie Covid-19, de « virus du PCC » parce que la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale
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