Les États‑Unis et de nombreux pays de l’Union européenne ayant imposé des sanctions commerciales à la Russie et interdit l’importation de pétrole russe, il est opportun de voir qui sont les véritables perdants et gagnants d’une telle configuration.
Les sanctions commerciales nuisent rarement au pays auxquelles elles sont imposées, car celui‑ci peut trouver d’autres acheteurs pour ses marchandises et produits de base importants. Dans le cas du pétrole russe, il rapportera très probablement plus d’argent qu’avant le début des sanctions.
Comment est‑ce possible ?
La Russie produit actuellement environ 11,3 millions de barils de pétrole par jour et en exporte 7,1 millions. Les pays qui ont imposé des sanctions importent 4,8 millions de barils. Tandis que les pays qui importent les 2,3 millions restants n’ont pas d’interdiction et continuent à faire des affaires comme si de rien n’était.
Le prix du pétrole est monté en flèche à ses niveaux les plus élevés depuis 2008 alors que les alliés américains et européens envisageaient d’interdire les importations de pétrole russe.
En fait, à leur sommet, les prix mondiaux du pétrole ont progressé d’environ 60 % depuis le début de l’année 2022, et nous le ressentons tous à la pompe. Depuis, il est redescendu très rapidement, mais cela ne s’est pas encore ressenti dans nos portefeuilles, car les prix de l’essence continuent de monter à tout‑va.
Les perdants
La demande de pétrole reste forte, principalement pour trois secteurs qui sont les grands perdants des sanctions :
Le secteur économique : la production économique nécessite du pétrole, et les gens doivent se déplacer pour travailler.
L’éducation : les enfants doivent se rendre dans les établissements scolaires et suivre les cours.
Les personnes âgées : les personnes âgées doivent se rendre à leurs rendez‑vous médicaux.
Les gagnants
Le déficit de 4,8 millions de barils peut‑il être comblé par d’autres sources ? La réponse rapide est non.
Non seulement nous avons prétendument atteint le pic de production de pétrole en 2006, mais les pays qui peuvent produire davantage ne le feront pas.
Prenons l’exemple de l’Arabie Saoudite, deuxième producteur mondial avec 10,1 millions de barils par jour, également connue comme « la banque centrale du pétrole ». Les Saoudiens peuvent produire 2 à 2,5 millions de barils supplémentaires par jour grâce à leur capacité de réserve, mais ils ne produiront pas plus.
Ils ne le feront pas car cela nuirait à leur rentabilité et contrarierait leur partenaire de l’OPEP, la Russie.
C’est la raison pour laquelle le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a refusé un appel téléphonique du président américain Joe Biden.
Une autre source potentielle est l’Iran, le quatrième plus grand producteur avec 4,5 millions de barils par jour. L’Iran dispose également d’une capacité supplémentaire, mais, tout comme les Saoudiens, le fait de produire davantage nuirait à ses bénéfices.
De plus, l’Iran exigerait des États‑Unis et de l’UE qu’ils abandonnent toutes leurs sanctions, y compris celle touchant à sa capacité d’acquérir des armes nucléaires. Or, c’est un point que les États‑Unis et l’UE refuseront à tout prix.
Le pétrole peut circuler grâce à des oléoducs ou par dans des citernes (par voie terrestre ou maritime). Sur les 19 pays qui partagent une frontière terrestre ou maritime avec la Russie, seule la Chine a la possibilité et la capacité d’importer ces 4,8 millions de barils supplémentaires et de les exporter.
La Chine importe déjà 1,6 million de barils par jour de Russie, et tripler sa capacité d’importation peut se faire en quelques mois dans le cadre de son Initiative ceinture et route (ICR).
Les Saoudiens ont été effrayés par la perspective de perdre leur statut de « premier fournisseur de pétrole en Chine » au profit de la Russie ou par le fait que la Chine puisse éventuellement ne plus avoir besoin de leur pétrole. À tel point que la branche pétrolière saoudienne, Saudi Aramco, a récemment proposé à la Chine de construire une nouvelle raffinerie d’une capacité de 300 000 barils par jour, à condition qu’elle soit approvisionnée en pétrole saoudien.
Certes le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a averti la Chine qu’elle devra « certainement » faire face à des conséquences si elle aide Moscou à échapper aux sanctions radicales liées à la guerre en Ukraine, mais cette mise en garde est tombée droit dans l’oreille d’un sourd. La Chine est heureuse d’acheter du pétrole russe à prix réduit et de profiter de sa vente ou de son utilisation pour ses ambitions de production mondiale.
Par ailleurs, le dirigeant chinois Xi Jinping connaît bien la contrebande de pétrole. Il a personnellement protégé le trafic de pétrole le plus terrible de l’histoire chinoise alors qu’il était gouverneur de la province de Fujian en 1999.
Le scandale de la contrebande de Xiamen [une petite ville du Fujian dont Xi Jinping avait antérieurement été le premier adjoint au maire, ndlr.], un trafic (allant d’une énorme quantité de pétrole à de l’huile végétale en passant par les voitures de luxe) ayant généré dans les 10 milliards de dollars, a éclaté au grand jour après la découverte surprenante par Zhu Rongji, alors Premier ministre que les recettes des droits d’accises sur le carburant n’augmentaient pas au même rythme que la croissance explosive du PIB que la Chine connaissait à la fin des années 1990.
Zhu Rongji a immédiatement lancé une enquête en promettant que toute compagnie pétrolière étrangère en train d’importé illégalement de l’essence sans payer les droits d’accise serait définitivement interdite de toute relation avec la Chine.
À la grande surprise de Zhu Rongji, l’auteur de cette escroquerie aux accises était un entrepreneur local, Lai Changxing. Zhu Rongji a fait le célèbre commentaire suivant : « L’exécuter trois fois ne suffirait pas. »
Ce dernier était soutenu par plusieurs des centaines de représentants du gouvernement chinois, y compris les douanes et les forces de l’ordre.
Ce scandale a abouti à 14 condamnations à mort, 11 incarcérations à vie et 58 autres peines de prison moins lourdes.
La révélation la plus scandaleuse fut que le terminal pétrolier de réception avait été construit par des ingénieurs de l’Armée populaire de libération.
Bien que le gouverneur du Fujian de l’époque, Xi Jinping, aujourd’hui chef du Parti, n’ait été condamné à aucune peine, il a, tout comme à l’époque, le pouvoir d’exonérer tous les contrebandiers qui se rendront coupables d’acheminer le pétrole russe.
Si tous les producteurs de pétrole profitent des sanctions russes, le principal bénéficiaire de cette configuration reste la Chine.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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