La Chine profite d’un « axe d’évasion » de deuxième niveau

Par Anders Corr
12 juin 2024 15:09 Mis à jour: 18 juin 2024 21:58

La Chine communiste est tristement célèbre pour être à la tête d’un « axe du mal » composé principalement d’elle-même, de la Russie, de l’Iran, de la Corée du Nord et, probablement, des pays comme le Venezuela et la Birmanie (Myanmar). Cet axe terrorise ses propres citoyens et ceux des pays voisins.

Cependant, pour échapper aux sanctions et aux droits de douane imposés aux pays de cet axe par l’Amérique et autres puissances occidentales, Pékin utilise les pays que l’on pourrait considérer comme des partenaires de l’axe de « deuxième niveau » – en particulier le Mexique et le Vietnam, mais aussi la Thaïlande, l’Égypte, la Malaisie et la Hongrie. La Chine investit dans ses partenaires de deuxième niveau pour y fabriquer des produits destinés à l’expédition vers les États-Unis, l’Europe et leurs alliés, y compris des produits qui devraient être frappés de droits de douane du fait qu’ils sont essentiellement chinois.

Les investissements chinois dans ces pays partenaires permettent aux sociétés chinoises de continuer à produire pour l’exportation en Occident malgré les droits de douane et les sanctions. Pékin récompense ses partenaires sur le plan économique, politique et diplomatique, même s’ils ne lui sont pas aussi proches que les régimes de premier niveau de l’axe.

Cette stratégie maligne du Parti communiste chinois (PCC) est bien logique de son point de vue, étant donné que les investissements chinois dans les pays occidentaux risqueraient d’être confisqués en cas de conflit armé. En outre, les pays du premier niveau sont déjà soumis à des sanctions ou à des droits de douane et ne représentent pas les destinations optimales pour les investissements chinois dans les industries orientées vers l’exportation.

Du point de vue du PCC, parmi les pays qui se situent entre l’Amérique et ses alliés d’un côté, et les pays composant son axe de premier niveau de l’autre, les mieux placés pour servir d’intermédiaires aux investissements visant les exportations vers l’Occident sont ceux qui sont idéologiquement les plus proches de Pékin. Et ces pays forment son « axe d’évasion » de deuxième niveau.

En revanche, les pays de l’axe de premier niveau constituent pour l’État-parti chinois une source optimale de ses importations, étant donné que les sanctions ou les droits de douane imposés par l’Occident les poussent à vendre désespérément. Cela donne à Pékin un avantage en négociation qui se traduit par des importations à des prix fortement réduits par rapport aux prix du marché mondial, en particulier sur les produits énergétiques comme le pétrole et le gaz. En même temps, le régime chinois encourage les pays d’où il importe à violer les lois et les normes internationales, afin que ces pays soient sanctionnés, qu’ils rejoignent le premier niveau de son axe et qu’ils soient contraints de vendre à la Chine à un prix réduit.

Pékin a apparemment encouragé Moscou, par exemple, à lancer l’invasion de l’Ukraine. Le partenariat « hors limites » a été annoncé par Xi Jinping et Vladimir Poutine le 4 février 2022 à Pékin, le jour de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver dans la capitale chinoise. Moins de trois semaines après cette rencontre, juste après la clôture des JO, la Russie a lancé son offensive contre l’Ukraine. Des sanctions en ont résulté, et la Russie s’est tournée d’abord vers la Chine pour vendre ses produits énergétiques, y compris son pétrole sanctionné. Le PCC le sait, et peut exiger et obtenir des rabais importants allant jusqu’à 40 % sur le pétrole russe.

Le fait que l’État-parti chinois utilise son influence de cette manière indique que son partenariat avec les pays de l’axe a une base bien mercantile. L’idéologie ou l’intérêt proclamé par l’axe dans la « multipolarité », par exemple, consiste davantage à augmenter la puissance de ses membres menés par la Chine plutôt qu’à rechercher véritablement un monde multipolaire. Si l’occasion lui en est donnée, chaque membre de l’axe cherche à affaiblir les autres à ses propres fins égoïstes sous la bannière de « l’intérêt national ». La Chine, en particulier, casse le prix des hydrocarbures russes en dépit du fait que les sanctions étaient imposées à la Russie à cause de sa violation et de sa redéfinition de la norme de l’intégrité territoriale à l’égard de l’Ukraine – et ce, avec l’assentiment de Pékin qui, à son tour, cherche à redéfinir cette norme aux dépens de Taïwan.

Les démocraties peuvent également s’affaiblir l’une l’autre comme, par exemple, dans le cas du plafonnement par l’Europe des importations agricoles ukrainiennes. Toutefois, les démocraties devraient mieux se soutenir mutuellement dans le domaine de la sécurité, surtout lorsqu’elles sont en danger – comme dans le cas de l’aide militaire américaine à l’Ukraine, à Taïwan et à Israël.

Kimberly Donavan, expert du groupe de réflexion Atlantic Council, a bien qualifié d’« axe d’évasion » le réseau de commerce illicite établi par les pays de premier niveau de l’axe. Les sanctions occidentales éloignent le commerce de ces pays de leurs partenaires légitimes et les poussent les uns vers les autres. Ils peuvent ainsi échapper aux sanctions et créer toute une économie clandestine internationale parce que leurs navires ne sont pas interceptés en mer. Toutefois, étant donné que l’ensemble de l’axe est soumis à des sanctions individuelles, les pays de son premier niveau présentent trop de risques pour les investissements chinois qui visent à accroître les exportations vers les États-Unis, l’Union européenne, le Japon ou l’Australie.

Par conséquent, la stratégie de Pékin en matière d’investissement dans ces exportations consiste apparemment à les canaliser vers ses partenaires de deuxième niveau qui sont moins susceptibles de faire l’objet de sanctions ou de droits de douane occidentaux, mais dont les gouvernements sont encore relativement favorables à Pékin. Le régime chinois obtient ainsi des gains politiques internationaux, tout en démontrant à d’autres pays qui ne bénéficient pas encore de ces investissements qu’ils pourraient en bénéficier si leurs politiques s’alignaient sur le PCC. Cela accroît l’influence politique du régime chinois à l’étranger.

Il est peut-être temps de changer cette situation et d’envoyer aux différentes nations un message suivant : vous êtes soit avec nous, soit contre nous.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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