La Chine annonce vouloir renforcer les contrôles sur les produits chimiques utilisés pour fabriquer le fentanyl, une décision saluée par les États-Unis, pays où ce puissant opiacé de synthèse est à l’origine de dizaines de milliers d’overdoses chaque année.
Cette annonce survient après plusieurs séries de discussions entre Pékin et Washington sur le sujet. Le fentanyl n’est pas forcément illégal et peut être utilisé dans le milieu médical comme sédatif, par exemple pour des malades du cancer en grande souffrance. Mais son usage peut être détourné.
Un trafic illicite au double bénéfice pour la Chine
À l’occasion de son voyage à Pékin en novembre 2017, Donald Trump avait accusé le gouvernement chinois de fermer les yeux sur ce trafic de « fentanyl mortel et bon marché ». Cela renforçant l’hypothèse selon laquelle ce trafic illicite profiterait économiquement à la Chine en plus d’affaiblir les Américains en proposant des drogues toujours plus dangereuses sur le marché.
Le régime communiste chinois, dont la législation antidrogue est parmi les plus strictes au monde, a plusieurs fois osé critiquer le laxisme américain supposé en matière de lutte contre les stupéfiants et le manque de sensibilisation du public à la dangerosité des opiacés de synthèse, alors même qu’au cours de l’été 2023, huit entreprises chinoises qui tentaient d’exporter vers les États-Unis, ce qu’on appelle des « précurseurs » chimiques, ont été rattrapées par la justice américaine. Et en début de cette même année, 28 personnes et entreprises chinoises directement impliquées dans le commerce du fentanyl ont été placées sur la liste noire du Trésor américain et donc soumises à des sanctions économiques.
Trois produits chimiques (4-Aminopyridine, 1-Boc-4-AP et Norfentanyl) ont été ajoutés par la Chine à une liste de substances dont la production et la vente font l’objet d’une surveillance accrue, selon un communiqué publié cette semaine par le ministère de la Sécurité publique. La mesure sera appliquée à partir du 1er septembre 2024, a-t-il précisé. Cette décision représente une « avancée précieuse », a estimé mardi la MaisonBlanche.
Les rapports européens et internationaux (Observatoire Européen des drogues et ONUDC) pointent en effet une production de plus en plus importante des drogues de synthèse en Chine. L’observatoire européen des drogues et des toxicomanies précise que, « dans nombre de cas, les nouvelles substances sont produites en vrac par des entreprises chimiques et des sociétés pharmaceutiques en Chine ».
La cybercriminalité
La Chine a un autre atout : la cybercriminalité. Quand la marchandise n’est pas achetée via des sites de commerce en ligne légaux, elle se vend à travers le darknet. Selon le dernier rapport de l’UNODC, près de 9 % des vendeurs de drogues utilisant les réseaux du darknet sont chinois et le fentanyl est de plus en plus populaire auprès des toxicomanes américains, qui s’en procurent depuis des sites de commerce en ligne chinois.
Des ravages aux États-Unis et une priorité pour la Maison-Blanche
Les pourparlers entre Pékin et Washington en matière de drogue étaient au point mort ces dernières années, sur fond de détérioration des relations entre les deux premières puissances économiques mondiales. Mais les discussions ont pris un nouvel élan depuis la rencontre en novembre aux États-Unis entre le Président américain Joe Biden et le dirigeant chinois Xi Jinping. La lutte contre le fentanyl figure parmi les priorités de la Maison-Blanche.
Le fentanyl est cette drogue extrêmement dangereuse et beaucoup plus addictive que l’héroïne ou la morphine et dont les Cartels mexicains se sont fait une spécialité. Il fait des ravages dans les grandes villes américaines, notamment en Californie. Sur les 110 000 morts par overdose l’an passé aux États-Unis, les deux tiers ont été causé par le Fentanyl. Selon Washington, le fentanyl, souvent produit au Mexique avec des composés chimiques venus notamment de Chine, provoque plus de 70.000 décès par overdose chaque année sur le sol américain.
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