La chorégraphe Carolyn Carlson : « Je pourrais écrire de la poésie, même à 100 ans ! »

Par Epoch Times avec AFP
27 septembre 2024 11:20 Mis à jour: 27 septembre 2024 15:06

« Je pourrais écrire de la poésie, même à 100 ans ! », dit à l’AFP la chorégraphe Carolyn Carlson, 81 ans, qui avec ses danseurs, « part de la poésie » pour « rechercher le mouvement ».

A son programme: des événements dansés dans des musées parisiens, et bientôt un recueil de poèmes. Sur le fil entre ces deux univers, la Franco-Américaine, qui a joué un rôle majeur dans l’éclosion de la danse contemporaine en Europe et définit son art comme de la « poésie visuelle », déclamera ses textes lundi devant « Les Nymphéas » à l’Orangerie.

Dans un spectacle auquel participeront aussi deux artistes de sa compagnie, un acteur et un violoncelliste, poésie et danse s’entremêleront lors d’une représentation faisant la part belle à l’improvisation devant les tableaux de Claude Monet.

« Ces tableaux sont extraordinaires! Ce qui me plaît, c’est que Monet travaille avec la nature », s’exclame auprès de l’AFP l’artiste, dont une partie des pièces qu’elle a chorégraphiées ces dernières années « s’inspirent de thèmes écologiques ». Pour ces « événements poétiques », elle a choisi vingt de ses poèmes qui parlent « de nature et d’humanité ».

« Ce que nous créons avec mes danseurs donne une sorte d’espoir, de lumière, une âme »

Avec une centaine de pièces et ballets à son actif, dont certains devenus cultes comme « Blue Lady » ou « Signes », Carolyn Carlson, à la tête d’une compagnie qui compte aujourd’hui 12 danseurs et une vingtaine d’artistes collaborateurs, n’a cessé, depuis cinq décennies, de repenser la danse.

En juin prochain, dans la nef du musée d’Orsay, une traversée de son répertoire est programmée, dans un registre éclectique: des improvisations poétiques des danseurs de sa compagnie avec musique live, un solo inspiré des arts martiaux, un duo créé au son de hurleurs finlandais, ou un solo spécialement conçu pour le danseur étoile de l’Opéra de Paris, Hugo Marchand.

Carolyn Carlson place une baguette sur la tête d’une élève pour lui montrer comment se tenir droite, à Briançon le 26 mai 2024. Des pros et des semi-pros participent à une masterclass donnée par Carolyn Carlson. (Photo Thibaut Durand / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Envisage-t-elle de s’arrêter ? « C’est ma vie ! », rétorque-t-elle. « J’ai la volonté de travailler parce que je sais que je peux toucher les gens. Ce que nous créons avec mes danseurs donne une sorte d’espoir, de lumière, une âme. Je suis reconnaissante ».

Avec la pièce « The Tree », réflexion poétique sur la nature et l’humanité – reprise en tournée à Reims puis à Paris en octobre -, « les gens me disent : ‘Merci de me donner des émotions’ « , ajoute-t-elle.

La méditation et les arts martiaux, Qi gong, Tai Chi

La chorégraphe ne danse plus mais pratique la méditation et les arts martiaux – Qi gong, Tai Chi – « parce qu’ils ont à voir avec la nature, le symbolisme de la montagne, du tigre, les pierres, la terre ». Cette femme blonde, aux allures de Pierrot, ne se « considère pas comme bouddhiste » mais « suit cette voie depuis les années 1960 ».

Carolyn Carlson, en 2004. (Photo PHILIPPE HUGUEN/AFP via Getty Images)

 

« Nous avons besoin de poésie aujourd’hui »

Carolyn Carlson continue en revanche de s’exprimer par la calligraphie et l’écriture, mettant actuellement la dernière touche à son septième recueil de poésies, prévu en 2025 (Actes Sud).

« Nous avons besoin de poésie aujourd’hui. C’est quelque chose d’ouvert, qui vous donne un signe que vous devez écouter », assure-t-elle. « Je pourrais écrire de la poésie, même à 100 ans ! », ajoute cette grande admiratrice du philosophe Gaston Bachelard, notamment parce que ce dernier, « brillant et spirituel », s’intéressait aussi à ce genre littéraire.

La danse « vient de l’intérieur, de quelque chose de profond »

« Avec mes danseurs, nous partons de la poésie et, à travers elle, nous recherchons le mouvement », dit-elle. La danse « vient de l’intérieur, de quelque chose de profond », souligne celle qui, née en Californie, a d’abord étudié la danse classique à San Francisco et à l’Université de l’Utah, puis s’en est affranchie après avoir rencontré son « maître », Alwin Nikolais, grand scénographe innovateur aux créations foisonnantes de lumières et de couleurs.

Elle se remémore ses débuts à l’Opéra de Paris dans les années 1970, où le directeur de l’époque Rolf Liebermann l’engage comme « chorégraphe-étoile » puis comme directrice du « groupe de recherches théâtrales » de l’institution et où elle secoue les conventions.

« Quand on a commencé, les gens se sont dit: ‘qu’est-ce que c’est ? ‘ Ce n’était pas facile. Pour une partie du public, des bravos, pour une autre, des huées. J’ai introduit l’improvisation auprès des Français. Je ne le savais pas mais c’était une révolution. Rolf Liebermann croyait en moi, il a été visionnaire ».

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