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La chrétienne Asia Bibi libérée mais toujours au Pakistan

novembre 8, 2018 16:08, Last Updated: novembre 8, 2018 16:10
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La Pakistanaise Asia Bibi, libérée de prison dans la nuit de mercredi à jeudi suite à son acquittement par la Cour suprême, se trouve désormais dans un « endroit sûr », mais toujours dans le pays. « Elle se trouve dans un endroit sécurisé au Pakistan », a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Muhammad Faisal, alors que certains médias avaient fait état d’un départ dans la nuit pour l’étranger.

« #AsiaBibi a quitté la prison et a été transférée dans un endroit sûr! Je remercie les autorités pakistanaises », avait auparavant tweeté le président du Parlement européen, Antonio Tajani, ajoutant l’attendre « dès que possible avec son mari et sa famille » à Bruxelles.  La vie de Mme Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010 et acquittée la semaine dernière, est considérée comme en grave danger dans le pays du fait des extrémistes islamistes qui rejettent le verdict de la Cour suprême.

Sa famille a sollicité ces derniers jours l’aide de plusieurs pays occidentaux pour les accueillir. Son sort a suscité une grande mobilisation dans les pays occidentaux ces dernières années.

L’annonce de sa libération a d’ores et déjà provoqué la fureur des milieux islamistes radicaux qui appellent de longue date à son exécution.  Quelque 10.000 protestataires ont défilé jeudi à Karachi, la grande ville du sud du Pakistan, criant des slogans comme « Pendez Asia ». « Nous pouvons sacrifier nos vies mais nous ne ferons jamais de compromis sur l’honneur du prophète », a lancé un orateur à la tribune. D’autres manifestations pourraient suivre vendredi.

Le Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), un parti religieux connu pour sa ligne particulièrement dure en matière de blasphème, a indiqué qu’il suivait de très près la situation même s’il n’appelait pas ses partisans à la mobilisation dans l’immédiat. Le TLP est au cœur de la vague de protestation qui a suivi l’acquittement de Mme Bibi, paralysant le pays pendant trois jours la semaine dernière et poussant le gouvernement à signer un accord controversé avec ses chefs de file. L’exécutif s’était ainsi engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas s’opposer à un recours contre le verdict déposé par un religieux.

« Je vais dire à tous ceux qui aiment le prophète qu’ils doivent rester en alerte. Si la promesse n’est pas tenue et qu'(Asia Bibi) est envoyée à l’étranger, alors si Allah le veut, un mouvement commencera qui sera décisif », a mis en garde jeudi l’un de ses chefs de file, Pir Muhammad Afzal Qadri dans une vidéo, laissant entendre que ses membres pourraient redescendre dans la rue.

Le compromis passé avec le TLP a valu au gouvernement de vives accusations de « reddition » face aux extrémistes. De nombreux observateurs ont comparé l’épisode à un autre bras-de-fer sur le blasphème en novembre 2017 entre le même parti et le gouvernement précédent, qui s’était soldé par la démission forcée d’un ministre et par plusieurs morts lors d’affrontements de manifestants avec la police.

« Pas une seule goutte de sang n’a été versée pendant ces trois jours et le sit-in s’est achevé par des négociations pacifiques », a justifié jeudi le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Shehryar Khan Afridi devant le Parlement. Le calvaire de Mme Bibi, ouvrière agricole chrétienne âgée d’une cinquantaine d’années et mère de famille, remonte à une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d’un verre d’eau en 2009. Elle avait été condamnée l’année suivante à mort pour blasphème et ses recours tous rejetés.

Son cas avait ému la communauté internationale, attirant l’attention des papes Benoît XVI et François. L’une de ses filles a rencontré ce dernier à deux reprises.  Le mari d’Asia Bibi a réclamé samedi l’asile pour sa famille aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada, arguant d’un trop grand danger s’ils restaient au Pakistan.

« Je demande au président Donald Trump de nous aider à partir. Après cela, je demande à la Première ministre britannique (Theresa May) de faire de son mieux pour nous aider », a déclaré Ashiq Masih dans un message vidéo. Le mari d’Asia Bibi a également sollicité l’« aide » du Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Mercredi, une autre vidéo de M. Masih a été mise en ligne par l’association italienne catholique Aiuto alla chiesa che soffre (Aide à l’Eglise qui souffre), dans laquelle il appelle le gouvernement italien à l’aide pour les faire sortir du Pakistan, où les conditions de vie deviennent selon lui très difficiles.

Après ce message, le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini a tweeté qu’il ferait « tout ce qu’il est humainement possible pour garantir un avenir à cette femme ».

La France « étudie » de son côté sous quelle forme elle pourrait l’aider ou l’accueillir « avec (ses) partenaires européens et internationaux », a déclaré sa secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.

D.C avec AFP

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