La Commission européenne a annoncé le 16 novembre que l’approbation du glyphosate sera renouvelée. La raison ? Les 27 États membres n’ont pas réussi à dégager une majorité qualifiée pour approuver ou rejeter la proposition de Bruxelles sur le renouvellement de l’herbicide. Cette annonce de l’exécutif européen a suscité de vives réactions politiques en France. Des ONG environnementales ont également réagi.
Absence de majorité au Conseil de l’UE
Dans un communiqué rendu public le 16 novembre, l’exécutif européen annonce qu’il renouvelle l’approbation du glyphosate pour 10 ans : « La Commission, en collaboration avec les États membres de l’UE, va maintenant procéder au renouvellement de l’approbation du glyphosate pour une période de 10 ans, sous réserve de nouvelles conditions et restrictions ». Cette décision fait suite à un vote peu concluant des États membres réunis le même jour au sein du Conseil de l’UE. En effet, ce dernier n’a pas permis de dégager une majorité qualifiée donnant la possibilité aux États de valider ou bloquer la réautorisation du glyphosate. Celle-ci peut être atteinte si elle rassemble au minimum 55 % des États membres (15 États) représentant au moins 65 % de la population de l’Union européenne.
Le 16 novembre, 17 des 27 États membres ont voté en faveur du renouvellement de l’approbation de l’herbicide, 3 ont voté contre (Luxembourg, Autriche et Croatie) et 7 pays dont les plus peuplés (Allemagne, France et Italie) se sont abstenus.
Pour rappel, lors d’un précédent vote le 13 octobre, les 27 n’étaient pas non plus parvenus à se mettre d’accord. Le fonctionnement de l’UE fait que si les États n’arrivent pas à atteindre la majorité qualifiée, la décision finale revient à la Commission européenne.
Des réactions politiques…
Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. La députée européenne écologiste Michèle Rivasi a qualifié dans un message sur son site internet de « honte absolue » la décision de la Commission. « La Commission européenne, M. Fesneau et ses homologues, vendus au business, porteront la responsabilité de tous les morts et les malades exposés ces 10 prochaines années », a-t-elle notamment publié.
En marge d’une conférence de presse organisée en réponse au feu vert de la Commission européenne, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot s’est aussi indignée de cette réautorisation de l’herbicide. « Notre groupe parlementaire de La France insoumise-Nupes est scandalisé par la décision de réautoriser le glyphosate pour encore 10 années », s’est-elle exclamée. « Nous sommes d’autant plus scandalisés de voir que la France s’est abstenue sur le vote et en s’abstenant, elle a en quelque sorte donné son accord pour que ce produit continue de nous empoisonner pendant encore 10 années », a aussi ajouté Mathilde Panot.
La députée EELV de Paris Sandrine Rousseau a également lourdement critiqué dans un post sur X, l’abstention de la France lors du vote, fustigeant « cette faiblesse politique sur tous les domaines » qui « devra être interrogée un jour ».
… et des ONG vent debout
La réautorisation du glyphosate a provoqué la colère de certaines ONG environnementales. Dans un communiqué de presse mis en ligne le 16 novembre, Greenpeace qualifie de « déni de science » la prolongation du produit. « Une fois de plus, la Commission européenne préfère se ranger du côté des lobbys de l’agrochimie plutôt que de suivre les avis scientifiques, d’appliquer le principe de précaution et d’assumer l’interdiction de ce pesticide. L’abstention de la France à ce vote et son manque de courage ne sont pas acceptables », dénonce l’organisation non gouvernementale.
L’association Générations Futures a quant à elle fustigé le manque de courage des pays qui se sont abstenus — « dont la France » lors du vote — et a critiqué une décision allant « à nouveau à l’encontre du principe de précaution alors que les preuves de la dangerosité du glyphosate pour l’homme et pour l’environnement continuent de s’accumuler ».
Par ailleurs, plusieurs ONG ont annoncé ce mardi 21 novembre saisir la justice européenne pour s’opposer à la reconduction de l’autorisation du glyphosate pour 10 ans. Elles souhaitent en particulier alerter davantage sur les effets nocifs de l’herbicide sur la santé.
Au gouvernement, on tempère. « Il faut savoir qu’une abstention ça vaut vote contre », affirmait le 17 novembre au micro de France Inter le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu. Ce qui est certain, c’est que le glyphosate est comme un caillou dans la chaussure d’Emmanuel Macron. Déjà en 2017, le président de la République avait promis de le faire interdire au plus tard au bout de trois ans, avant de reconnaître en 2020, un échec. La fin du glyphosate en France n’est pas pour demain.
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