En début de semaine, le CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) a publié le quatrième baromètre de l’état du dialogue social en France qui livre un certain nombre de chiffres éclairants sur la relation qui unit les salariés aux acteurs du dialogue social.
Alors que la confiance dans les PME demeure stable à 76 % (contre 44 % pour les grandes entreprises), celle dans les syndicats chute de 40 à 36 % entre 2021 et 2023. Notons également que les médias et les partis politiques, respectivement à 31 et 13 % de confiance, ne sont guère mieux lotis.
Seuls 36 % des salariés pensent que l’action syndicale est efficace et 73 % sont mécontents du fonctionnement du dialogue social, ceux-ci préférant des modèles de défense de leurs intérêts plus simples et plus individualistes, la coordination avec leurs collègues (72 %) ou la discussion avec leur hiérarchie.
Assez logiquement, le premier reproche des salariés envers les syndicats est leur trop forte politisation (36 %), les travailleurs privilégiant les négociations sociales à mener au sein même de leur entreprise ou de leur branche (85 %) plutôt qu’au niveau étatique.
En revanche, l’idée que la flexibilité est une menace pour la protection sociale des salariés est en nette diminution, de 56 à 48 % en deux ans.
Ce désamour des salariés pour leurs représentants s’accorde bien avec la baisse constante du taux de syndicalisation des Français et en particulier des salariés du secteur privé, plus de deux fois moins syndiqués que leurs collègues de la sphère publique. La politisation des organisations de salariés à l’extrême gauche de l’échiquier politique et leur culture du conflit expliquent, au moins partiellement, que la France fasse partie des pays européens les moins syndiqués, ce qui nuit au bon fonctionnement du marché du travail et à la satisfaction des attentes respectives de ses parties prenantes.
Article écrit par Romain Delisle. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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