MOYEN-ORIENT

La controverse des colonies israéliennes se ravive dans un Moyen-Orient en pleine mutation

Les victoires d'Israël dans la guerre poussent certains Israéliens à envisager de s'installer sur les territoires nouvellement occupés
décembre 24, 2024 3:12, Last Updated: décembre 24, 2024 3:12
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Des Israéliens ont récemment planté leurs tentes au Liban. Gaza pourrait devenir un futur lieu de colonisation israélienne après qu’un membre de la Knesset a présenté un projet de loi allant dans ce sens. Et le gouvernement de Benjamin Netanyahu a inclus dans son nouveau budget des fonds destinés à doubler la population juive du plateau du Golan.

Dans le cadre de son action militaire à la suite de l’attaque du Hamas du 7 octobre, Israël n’a cessé d’affirmer que son seul objectif était de neutraliser la menace que représente le groupe terroriste, et rappelait qu’il n’avait aucune prétention à l’expansion territoriale. Pourtant, certains Israéliens considèrent déjà ces zones de guerre, ou les régions proches de celles-ci, comme des lieux propices à l’installation de nouvelles colonies juives.

Des membres de la Knesset conduits par un dirigeant de colons ont visité Gaza le 19 décembre. Le ministre de la Sécurité nationale a déclaré qu’Israël devait rester dans un corridor militaire pour des raisons de sécurité nationale.

L’armée israélienne contrôle désormais la majeure partie de la bande de Gaza. Certains Juifs souhaitent désormais s’y installer. Près de 9000 Juifs y ont vécu jusqu’en 2005, lorsque le Premier ministre Ariel Sharon a jugé que le coût de leur défense était trop élevé.

L’armée est partie et a emmené avec elle tous les résidents juifs. Nombre d’entre eux ont dû être évacués de leurs maisons ou des synagogues par les forces de l’ordre. Israël a redonné Gaza aux Palestiniens, qu’elle occupait depuis 1967

En vertu d’un accord de cessez-le-feu, l’armée israélienne a jusqu’à la fin du mois de janvier pour se retirer du Sud-Liban. Pourtant elle a déjà dû déloger un groupe de colons qui, dans les jours qui ont suivi le cessez-le-feu, s’est déplacé de « quelques mètres » à l’intérieur du Liban pour y installer un campement de tentes.

Alors qu’Israël a occupé des parties du Sud-Liban pendant des décennies, les Juifs n’ont jamais cherché à s’y installer. Il en va tout autrement du plateau du Golan, qu’Israël a annexé il y a plus de 40 ans.

En réalité, peu d’Israéliens souhaitent que ces terres soient rétrocédées à la Syrie d’une façon ou d’une autre.

Le gouvernement de M. Netanyahu a annoncé cette semaine son intention de doubler la population juive dans cette région, en allouant 11 millions de dollars à cet effet.

La colonie de Trump Heights, une communauté de 26 familles juives proche de la frontière avec Israël, cherche à se développer.

Le chef de la communauté, Yarden Freimann, a déclaré à l’AFP le 17 décembre qu’il s’attendait à ce que sa population double dans le courant de l’année prochaine et atteigne les 99 familles en trois ans.

C’est Donald Trump qui a reconnu l’annexion du Golan par Israël en 2019, d’où le nom donné à cette communauté.

Environ 30.000 Juifs vivent dans le Golan, contre 23.000 Druzes qui y vivaient lorsque le Golan appartenait à la Syrie. Israël l’a occupé lors de la guerre des six jours en 1967. Les Druzes qui vivent en Israël sont citoyens israéliens et servent dans les forces de défense israéliennes.

Les Nations unies ne reconnaissent pas cette annexion israélienne. Pourtant l’État hébreu y est déjà fermement implanté. Les Israéliens en ont même fait un centre de leur industrie viticole et y ont installé une station de ski sur le mont Hermon.

Après la chute d’Assad, les forces de défense israéliennes ont occupé les positions militaires syriennes abandonnées sur la moitié syrienne du mont Hermon – plus élevée que la moitié israélienne – ainsi que la zone tampon de 249 km carrés entre les deux pays, en prévision d’une occupation par les rebelles.

Yaakov Selavan, chef adjoint du Conseil régional du Golan, montre du doigt l’emplacement de la colonie juive de « Ramat Trump » (Trump Heights), à l’entrée de la colonie sur le plateau du Golan annexé par Israël, le 17 décembre 2024. (Jalaa Marey/AFP via Getty Images)

Peu d’Israéliens préconisent la colonisation de la zone tampon. Mais les ennemis ayant été repoussés plus loin, un plus grand nombre d’entre eux pourraient considérer le plateau du Golan comme une option sûre et séduisante.

Israël se concentre principalement sur la colonisation de terres contestées dans ce qu’il appelle la Judée et la Samarie, c’est-à-dire la Cisjordanie. Cette région a de fortes racines religieuses et historiques pour les Juifs.

La plus grande partie de la Bible – les pérégrinations des patriarches comme Abraham, les royaumes ultérieurs sous David, Salomon et leurs descendants – s’y déroule.

C’est aussi le territoire qui serait considéré comme le cœur d’un éventuel État palestinien dans le cadre d’une solution à deux États. Or, depuis l’attentat du 7 octobre, les trois quarts des Israéliens considèrent que cette solution est peu probable.

Plus d’un demi-million de Juifs – certains parlent de 800.000 – y vivent aujourd’hui.

La coalition de M. Netanyahu, qui comprend des dirigeants de Cisjordanie comme le ministre du Trésor Bezalel Smotrich, a injecté de l’argent dans des projets de développement et a donné son feu vert à la construction de nouvelles communautés juives.

Des Palestiniens font la queue pour recevoir de la nourriture devant un centre de distribution au sud de Khan Yunis, le 6 décembre 2024. (Bashar Taleb/AFP via Getty Images)

Certains dirigeants de Cisjordanie prônent désormais l’implantation de nouvelles colonies à Gaza.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, un des principaux défenseurs des colonies, a visité le corridor de Netzarim de l’armée israélienne dans la bande de Gaza le 19 décembre.

Il a déclaré que cette terre, qui divise le sud et le nord de la bande de Gaza, devait rester sous le contrôle d’Israël.

Netzarim accueillait la dernière communauté juive retirée de Gaza en 2005.

La visite a été organisée par le Caucus de la Knesset pour le renouvellement de l’implantation juive dans la bande de Gaza et le Mouvement Nachala, un mouvement de colons de Cisjordanie dirigé par Daniella Weiss.

Ben Gvir a établi un lien entre le retrait de 2005 et l’attaque du Hamas du 7 octobre.

Un autre membre du groupe parlementaire, le député de la Knesset Zvi Sukkot, a déclaré : « La victoire sur le Hamas doit être claire. La victoire absolue ne sera obtenue que lorsque la partie qui a déclenché cette guerre perdra des territoires. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’oppose toutefois à la réinstallation des Israéliens à Gaza. Il a déclaré qu’Israël maintiendrait un contrôle de la sécurité à Gaza, mais qu’ «[ils]  ne cherch[ent] pas à administrer Gaza ».

Mais c’est un membre de son propre parti, le Likoud, qui a présenté cette semaine un projet de loi visant à accorder la « liberté de circulation » des Juifs à Gaza.

Il n’a pas fait directement référence à une réinstallation, mais a évoqué avec insistance le retrait des Juifs de la région décidé en 2005.

Avec Associated Press (AP) et Reuters

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