La Corée du Nord annonce avoir testé un missile hypersonique

Par Epoch Times avec AFP
29 septembre 2021 11:31 Mis à jour: 29 septembre 2021 11:45

La Corée du Nord a annoncé mercredi avoir testé avec succès un missile planeur hypersonique, ce qui pourrait constituer une avancée technologique majeure.

La réussite de cet essai revêt « une grande importance stratégique » au moment où Pyongyang cherche à « multiplier par mille » ses capacités de défense, a affirmé l’agence officielle KCNA.

Les missiles hypersoniques sont beaucoup plus rapides que les missiles balistiques ou de croisière classiques. Ils sont aussi beaucoup plus difficiles à détecter et à intercepter par les systèmes de défense antimissile, pour lesquels les Etats-Unis dépensent des milliards de dollars.

« Les spécificités techniques conformes aux exigences de conception »

L’essai, réalisé depuis la province de Jagang, dans le nord du pays, a « confirmé le contrôle de la navigation et la stabilité du missile » de même que « la manœuvrabilité de son système de guidage et les caractéristiques de vol plané de l’ogive hypersonique détachée », a encore affirmé KCNA.

« Les résultats des tests ont prouvé que toutes les spécificités techniques étaient conformes aux exigences de conception », ajoute le communiqué.

L’image d’un missile nord-coréen le 15 septembre 2021 à Séoul. Photo de Chung Sung-Jun/Getty Images.

Le lancement du missile, identifié comme le Hwasong-8, a été supervisé par un membre haut placé de l’appareil d’Etat nord-coréen, Pak Jong Chon, selon le communiqué qui ne fait pas mention du dirigeant Kim Jong Un.

Les armées sud-coréenne et américaine « capables de le détecter et de l’intercepter »

Le journal officiel Rodong Sinmun a publié une photo de l’engin, muni d’un ensemble d’ailettes de guidage, s’élevant dans le ciel du matin.

L’armée sud-coréenne avait annoncé le lancement d’un « projectile , non identifié » par le Nord peu après l’avoir détecté mardi matin. Mais contrairement à son habitude, elle n’a pas dévoilé officiellement l’altitude maximale atteinte par le missile ni la distance parcourue, des informations que Séoul rend généralement publiques dans l’heure.

Mercredi, les chefs d’état-major interarmées à Séoul ont affirmé que les armées sud-coréenne et américaine sont « capables de le détecter et de l’intercepter ». 

Les gens regardent un journal télévisé montrant des images d’un essai de missile nord-coréen, dans une gare de Séoul le 28 septembre 2021. Photo de Jung Yeon-je / AFP via Getty Images.

« Sur la base d’une évaluation de ses caractéristiques telles que sa vitesse, il est dans sa phase initiale de développement et son déploiement prendra énormément de temps », ont-ils estimé dans un communiqué.

Il s’agit du troisième tir effectué par Pyongyang ce mois-ci. Le premier avait impliqué un missile de croisière à longue portée, et le deuxième des missiles balistiques à courte portée.

« Créer un espace pour des manœuvres diplomatiques »

Le Nord fait l’objet de multiples sanctions internationales en raison de ses programmes d’armement nucléaire et de missiles balistiques interdits.

Le développement du missile hypersonique est l’une des cinq tâches « prioritaires » du plan quinquennal pour les armes stratégiques, selon KCNA.

Ce plan présenté en janvier par Kim Jong Un, qui a érigé à cette occasion les Etats-Unis en « ennemi principal », prévoit aussi le développement d’un sous-marin à propulsion nucléaire et des missiles balistiques intercontinentaux.

Selon Lim Eul-chul, professeur à l’Institut d’études de l’Extrême- orient, Pyongyang utilise le développement de son armement « comme un moyen de créer un espace pour des manœuvres diplomatiques et aussi pour renforcer sa posture militaire ».

Le chercheur s’attend à d’autres tirs dans l’avenir: « d’une certaine manière, le comportement récent du Nord est très prévisible, ils avaient annoncé des actions militaires et les exécutent maintenant étape par étape ».

Le tir de mardi est intervenu quelques jours après que Kim Yo Jong, l’influente sœur du dirigeant nord-coréen, a laissé entrevoir la possibilité d’un sommet entre les deux Corées, tout en exigeant au préalable que Séoul abandonne sa « politique hostile ».

 -Un écran affiche   une carte expliquant le lancement de missile par la Corée du Nord depuis les terres du pays vers la mer du Japon le 15 septembre. Photo de Kazuhiro NOGI / AFP  via Getty Images.

Les deux Corées renforcent leurs capacités militaires dans ce qui pourrait devenir une course aux armements sur la péninsule divisée.

Les États-Unis stationnent environ 28.500 soldats dans le Sud

Séoul consacre également des milliards de dollars au développement militaire et a réussi ce mois-ci le premier tir d’essai d’un missile balistique lancé par sous-marin (SLBM), ce qui en fait l’une des rares nations à disposer de cette technologie avancée. Mardi, elle a organisé une cérémonie pour le lancement de son troisième sous-marin SLBM.

Washington et Séoul sont liés par un traité de sécurité, et les États-Unis stationnent environ 28.500 soldats dans le Sud pour le protéger de son voisin.

Ses pourparlers avec les Etats-Unis sont dans l’impasse depuis l’échec du sommet de 2019 à Hanoï entre Kim Jong Un et le président américain de l’époque Donald Trump.

Depuis l’arrivée de Kim Jong Un au pouvoir, les programmes d’armement ont progressé, mais Pyongyang n’a procédé à aucun essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental depuis 2017.

L’administration Biden, qui a condamné le lancement de mardi a déclaré à plusieurs reprises être disposée à rencontrer des responsables nord-coréens partout, à tout moment et sans conditions préalables, dans le cadre de ses efforts de dénucléarisation.

Mais le Nord n’a montré aucune volonté de renoncer à son arsenal, dont il dit avoir besoin pour se défendre en cas d’invasion américaine.

 

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