Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié jeudi d’« antisémite » la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre un mandat d’arrêt international contre lui et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant, s’estimant victime d’un nouveau « procès Dreyfus ».
La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d’arrêt contre les deux hommes « pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu’au 20 mai 2024 », et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement terroriste islamiste palestinien « pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l’État d’Israël et de l’État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023 », date de l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.
La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n’importe lequel des 124 États membres de la cour serait obligé de l’arrêter sur son territoire.
« La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d’aujourd’hui qui se terminera de la même façon », a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé par son bureau.
Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L’affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l’antisémitisme d’une grande partie de la population.
« Israel rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI], dont les juges « sont animés par une haine antisémite à l’égard d’Israël » , ajoute le texte.
« C’est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l’humanité »
« C’est un jour noir pour [la CPI], qui a perdu toute légitimité à exister et à agir », réagit de son côté le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur son compte X.
La cour de La Haye « s’est comportée comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient », a-t-il ajouté, accusant la cour d’avoir émis « des ordonnances absurdes sans en avoir l’autorité » contre MM. Netanyahu et Gallant.
« C’est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l’humanité », a écrit sur X le Président israélien, Isaac Herzog, pour qui la « décision honteuse de la CPI […] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu’à aujourd’hui ».
« Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d’arrêt sont une prime au terrorisme », a déclaré le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.
Les mandats d’arrêt ont été classés « secrets », afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour. Mais la CPI « considère qu’il est dans l’intérêt des victimes et de leurs familles qu’elles soient informées de l’existence des mandats ».
Selon Israël, Mohammed Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que l’organisation terroriste Hamas nie sa mort.
Le procureur de la CPI, Karim Khan, a abandonné la demande de mandats d’arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.
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