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La crise en Amazonie accroît la pression sur le secteur du cuir brésilien

septembre 23, 2019 11:39, Last Updated: septembre 23, 2019 12:26
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La crise en Amazonie et des menaces de boycott des cuirs produits au Brésil, brandies par le secteur de la mode, accroissent la pression sur le vaste secteur du cuir brésilien, alors que les ventes reculent.

En réponse aux incendies en Amazonie et leur possible lien avec l’industrie de la viande bovine, plusieurs marques de mode ont menacé fin août de boycotter le cuir brésilien. Le géant du prêt-à-porter H&M a annoncé dans la foulée à l’AFP la suspension de ses achats.

Selon le Centre des Industries de tannerie du Brésil (CICB), l’entreprise américaine VF Corporation (VFC), propriétaire de marques comme Timberland, Vans, The North Face et Kipling, a aussi informé qu’elle suspendait temporairement ses achats dans le pays, troisième exportateur mondial de cuir derrière l’Italie et les Etats-Unis.

« Cela concerne des volumes négligeables de cuir et n’aura pas d’impact sur nos exportations », relativise auprès de l’AFP le président du CICB, José Fernando Bello.

Il affirme que le pays « présente toutes les certifications » et « tous les labels de garantie qui montrent l’origine du cuir exporté et les pratiques durables de l’industrie ». Selon lui, un « bond en avant » de la traçabilité des peaux et de leur certification sanitaire et environnementale a eu lieu ces 20 dernières années.

-Certifications par les tanneries-

« Aujourd’hui, tout le cuir reçu par les tanneries est accompagné de documents officiels qui certifient l’origine de l’animal », assure-t-il. Assertion relativisée par un autre représentant du secteur brésilien du cuir, Rafael Andrade, porte-parole de la certification CSCB (Brazilian leather sustainability certification), qui s’exprimait à Paris en début de semaine.

« Il est impossible d’avoir une traçabilité du bétail, de savoir où le bétail est né, où il a été déplacé, puis abattu », a-t-il déclaré lors d’un forum dédié au cuir éco-responsable, en précisant néanmoins qu’il « existe des certifications », et que « des tanneries sont certifiées ».

« Il y a tellement de tiers, de fournisseurs, le Brésil est tellement grand, c’est un pays géant. Vous pouvez donc imaginer la taille du problème que nous avons », a-t-il résumé.

Selon l’Institut statistique brésilien IBGE, les principaux États fournissant du cuir brut au deuxième trimestre 2019 étaient le Mato Grosso, le Mato Grosso do Sul et São Paulo, suivis du Parana et de Rondônia. Parmi ces États, seuls le Nord du Mato Grosso et Rondônia se trouvent en Amazonie.

Le CICB fait par ailleurs valoir que de janvier à juin 2019, les exportations de cuir provenaient surtout du Rio Grande do Sul, de São Paulo et de Goiás, non compris dans la forêt tropicale humide. Lancée au XIXe siècle dans la foulée d’un programme d’immigration impulsé par le Brésil pour attirer des colons allemands, dont des artisans cordonniers, la production brésilienne de cuir s’est massifiée.

-488.240 tonnes de cuir en 2014-

Mais, au nombre de 260, les tanneries restent encore, en grande partie, des entreprises familiales. Après avoir atteint 488.240 tonnes en 2014, les exportations de cuir ont baissé à 444.640 tonnes en 2018 (-8,9%) selon le ministère de l’Économie. Sur la même période, la valeur totale du cuir exporté a été divisée par deux, tombant à 1,44 milliard de dollars contre 2,94 milliards en 2014.

Une des raisons: « malgré une position majeure sur la scène mondiale, le Brésil rencontre des problèmes avec la qualité des peaux en raison d’un manque de synergie entre les compartiments de la chaîne productive », ce qui entraîne des « défauts sur les peaux », prévenait un rapport de l’organisme brésilien de recherche agronomique (Embrapa) dès 2009.

Le cuir brésilien est « de mauvaise qualité », en raison d’un « manque de contrôle quant aux dommages provoqués par les barbelés et les parasites, le transport en camion jusqu’aux abattoirs, les coupes et les problèmes de conservation des peaux », explique à l’AFP Manuel Antonio Chagas Jacinto, un des chercheurs de l’Embrapa à l’origine du rapport.

Dans un pays qui comptait 215 millions de têtes de bovins en 2017, la Confédération agricole brésilienne (CNA) a présenté fin 2018 un projet de primes pour les éleveurs dont les bovins présentent une peau lisse et sans aspérité.

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