Les Israéliens se sont parfois demandé s’ils ne seraient pas dépassés en nombre par les Palestiniens et s’ils ne deviendraient pas une minorité dans la seule patrie juive du monde.
La crainte d’une « bombe démographique à retardement » a souvent été évoquée par les partisans de la solution à deux États, où les Palestiniens obtiendraient un État indépendant à côté de l’État juif. Selon eux, un État palestinien indépendant est le seul moyen pour Israël de rester majoritairement juif.
Cette crainte pourrait ne pas être justifiée. Selon une étude démographique réalisée en 2025 par une équipe de recherche israélo-américaine, la population juive croît plus rapidement que la population arabo-musulmane, en particulier en Judée et en Samarie – les noms historiques d’Israël pour désigner ce que d’autres nations appellent la Cisjordanie.
L’étude, qui a sondé la question démographique sur deux décennies, a révélé que le nombre de naissances juives annuelles a augmenté de 73 % entre 1995 et 2024, tandis que le nombre de naissances arabes en Israël n’a augmenté que de 18 %.
« Les naissances juives en 2024, soit d’environ 139.000, représentaient 76 % des 182.000 naissances totales, contre 69 % en 1995, selon l’étude intitulée 2025 Israels’ Demographic Update Defies Conventional Wisdom (La mise à jour démographique d’Israël de 2025 défie le discours communément admis). »
Yoram Ettinger, ambassadeur à la retraite et responsable de l’étude publiée dans son « Rapport Ettinger », disponible en ligne, a déclaré à Epoch Times que son groupe ne prenait ni les déclarations du gouvernement israélien, ni celles de l’Autorité palestinienne au pied de la lettre.
Il faut examiner attentivement le plus grand nombre possible de données pour corroborer les chiffres officiels, a-t-il déclaré.
M. Ettinger reconnaît que le travail de son groupe tempère l’élan des Israéliens à préconiser une solution à deux États que peu d’entre eux continue de soutenir après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et la guerre qui s’ensuivit.
L’objectif principal, a-t-il dit, est d’entrevoir une perspective d’avenir, « pessimiste et optimiste [pour les Israéliens juifs] ».
« Si vous croyez que vous deviendrez une minorité, le pessimisme vous envahira. L’étude suggère que la perspective démographique [des Israéliens juifs] est très optimiste », a-t-il déclaré.
« L’étude permet de constater que l’annexion des crêtes montagneuses de la Judée et de la Samarie est viable d’un point de vue démographique. »
Moshe Elad, professeur et ancien officier de l’armée, possède une grande expérience de la Judée et de la Samarie. Il a été gouverneur militaire des districts de Jénine et de Bethléem et chef de la coordination de la sécurité en Cisjordanie, et a 40 ans d’expérience dans les affaires de cette région.
Il a déclaré être au fait des travaux de Yoram Ettinger, mais ne pas penser que les conclusions de ses recherches justifient l’annexion de la Judée et de la Samarie par Israël.
« Il s’agit d’une aspiration de [certains] de la droite politique », a déclaré M. Elad. « La plupart des Israéliens ne le souhaitent pas. » Environ un quart de la population israélienne est actuellement non juive, a-t-il déclaré, et la plupart des Juifs israéliens pensent que cela est suffisant. »
« Je connais cette région. Je l’ai gouvernée. Il y a trop de problèmes là-bas. Nous n’en avons pas besoin. »

Non seulement le taux de natalité juif se maintient, mais il a été démontré que les données démographiques de la population arabe sont considérablement gonflées.
La population arabe de Judée-Samarie, estimée à 3,25 millions de personnes selon l’Autorité palestinienne, serait plutôt de 1,5 million, a déclaré M. Ettinger à Epoch Times. Son équipe est parvenue à ce chiffre en examinant les intrants ayant servi à l’estimation de la donnée originale déclarée.
Selon l’étude, le chiffre de l’Autorité palestinienne incluait 500.000 personnes absentes depuis plus d’un an.
Il comprend 428.000 personnes dont l’émigration n’a pas été reconnue par l’Autorité palestinienne. Il compte 380.000 Arabes de Jérusalem-Est qu’Israël compte comme des Israéliens, ce qui constitue un double comptage. Il inclut 200.000 Arabes de Judée et de Samarie mariés à des Arabes israéliens, leur donnant le statut de résident permanent ou de citoyen en Israël et les comptabilise en Israël, ce qui constitue un autre double comptage.
En outre, a indiqué M. Ettinger, la Banque mondiale a constaté un gonflement artificiel de 32 % sur les statistiques des naissances de l’Autorité palestinienne.
Son équipe, composée de trois Américains et de six Israéliens, analyse les chiffres qui se cachent derrière les chiffres.
Une étude de la Banque mondiale réalisée en 2006 a examiné le nombre d’enfants de 6 ans inscrits en première année dans les écoles de Judée et de Samarie. Ce nombre était inférieur de 32 % à celui des naissances enregistrées par l’Autorité palestinienne six ans plus tôt.

Moshe Elad a déclaré avoir vu des preuves du gonflement des données démographiques palestiniennes au moment de la première guerre du Golfe, lorsque l’Irak de Saddam Hussein a bombardé Israël de missiles. M. Elad a raconté qu’à cette époque, il était chargé de distribuer des masques à gaz aux Arabes de Judée et de Samarie.
Son employeur disposait d’une liste complète de la population, et, pour des raisons évidentes, tout le monde voulait obtenir ces masques et personne ne refusait d’aller les chercher. « En moyenne, un tiers de la population manquait à l’appel », a-t-il affirmé.
Le principal collaborateur américain de Yoram Ettinger, Bennett Zimmerman, de Los Angeles, était auparavant dans le domaine bancaire. Il y avait réalisé des études de diligence raisonnable sur des entreprises qui demandaient un financement à son employeur. M. Zimmerman a suggéré à M. Ettinger d’examiner les données démographiques, comme il a examiné les données financières dans le cadre de son travail pendant de nombreuses années.
Selon Yoram Ettinger, le Bureau central palestinien des statistiques est à l’origine des chiffres douteux. Il affirme que les données de ce bureau sont en contradiction avec les données brutes d’autres ministères palestiniens, tels que ceux de la Santé, de l’Éducation et de l’Intérieur.
« Nous ne nous contentons pas de reprendre les données publiées par un quelconque gouvernement », a-t-il affirmé.
L’importance de l’étude ne relève pas, cependant, du fait qu’elle révèle des chiffres douteux, mais de ce que les données véritables révèlent : les taux de natalité arabes ont diminué en raison de l’urbanisation, de l’éducation et d’autres facteurs liés à la modernisation, alors que les taux de natalité juifs ont augmenté.
Ce phénomène est unique dans les sociétés occidentales, où les taux de natalité, en général, chutent.
« La conclusion [de l’étude] est que, non seulement il n’y a pas de ‘bombe à retardement démographique arabe’, mais qu’il y a, en réalité, un essor démographique sans précédent de la communauté juive en Israël. »
« Cette dynamique ne se limite pas aux juifs religieux », dont les taux de natalité élevés sont bien connus. « Le plus impressionnant, c’est qu’elle caractérise aussi les juifs laïques », a-t-il déclaré.
Selon l’étude, le taux de fécondité de la communauté juive, de 3 naissances par femme, est non seulement supérieur au taux de fécondité de la communauté musulmane, de 2,86 naissances par femme, mais aussi à celui de tous les pays musulmans, à l’exception de l’Irak et des pays musulmans d’Afrique subsaharienne.
En 1969, deux ans après qu’Israël a pris la Judée et la Samarie à la Jordanie lors de la guerre des Six Jours, les Arabes de cette région et d’Israël proprement dit avaient un taux de natalité supérieur de six naissances par femme au taux de natalité juif.
En 2015, le taux de natalité était de 3,13 naissances par femme dans les deux cas. Selon l’étude, ce phénomène reflète l’occidentalisation spectaculaire de la population arabe. En effet, l’urbanisation, l’amélioration du statut social des femmes, la participation accrue des femmes à l’enseignement supérieur et au marché du travail, l’âge plus avancé du mariage, le raccourcissement de la période de procréation et le recours accru aux contraceptifs sont des facteurs ayant contribué à faire baisser les taux de natalité dans les pays arabes.
Selon lui, les communautés rurales ont un besoin accru de main-d’œuvre pour les tâches agricoles, ce qui n’est pas le cas pour les personnes qui s’établissent dans les zones urbaines. De plus, l’espace de vie devient plus exigu lorsqu’une famille passe d’une maison rurale à un petit appartement urbain.
L’âge moyen du mariage chez les femmes arabes en Israël, en Judée et en Samarie est passé de 15 ans, dans les années 1960, à 24 ans, aujourd’hui, et il continue d’augmenter, selon l’étude. La période de reproduction des femmes a donc diminué.
L’augmentation du taux de natalité dans la communauté juive en Israël est principalement due à une hausse de la fécondité chez les juifs laïques. Les ultraorthodoxes, qui ont le taux de natalité le plus élevé, ont connu une légère baisse, tandis que le taux de natalité des orthodoxes modernes est demeuré inchangé.
« Les femmes juives israéliennes sont les seules à connaître une corrélation directe entre l’augmentation du taux de fécondité, d’une part, et l’augmentation de l’urbanisation, de l’éducation et du niveau de revenu, d’autre part », indique l’étude.
Selon M. Ettinger, ces facteurs ont contribué à baisser les taux de natalité dans la plupart des sociétés occidentales.
Le taux de fécondité en Israël est presque le double de celui des 37 nations démocratiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon l’étude.
M. Ettinger attribue cette situation unique à Israël à « un niveau relativement élevé d’optimisme, de patriotisme, d’attachement aux racines et de responsabilité communautaire, qui caractérise Israël depuis le premier jour ».
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