La cruauté psychologique du déni de l’immunité naturelle

Par Jeffrey A. Tucker
5 janvier 2022 02:37 Mis à jour: 5 janvier 2022 02:37

Chaque enfant malade, et probablement chaque adulte un jour ou l’autre, se pose cette question existentielle : Pourquoi suis-je en train de souffrir ?

Aucune réponse ne peut être satisfaisante. Être malade, c’est se sentir vulnérable, faible, ne pas avoir le contrôle, ne pas être dans le jeu. La vie suit son cours à l’extérieur de votre chambre. Vous entendez des rires, des voitures qui vont et viennent, des gens qui sortent. Mais vous êtes coincé, vous frissonnez sous les couvertures, votre appétit est perturbé et vous vous efforcez de vous souvenir de ce que signifie se sentir en bonne santé.

Avec la fièvre, tout cela est aggravé car la capacité du cerveau à traiter les informations en pleine conscience est diminuée. Une forte fièvre peut provoquer une forme de folie passagère, allant jusqu’à des hallucinations. Vous imaginez des choses qui ne sont pas vraies. Vous le savez mais n’arrivez pas à vous en défaire. La fièvre tombe et vous vous retrouvez en sueur, et votre espoir est que quelque part dans ce désordre, ce court-circuit s’arrête.

Pour les enfants, c’est une expérience angoissante. Pour les adultes aussi, quand elle dure trop longtemps.

Au cœur de la souffrance, les gens cherchent naturellement à trouver une source d’espoir. À quand la guérison ? Et à quoi puis-je m’attendre une fois guéri ? Où se trouvent le sens et la finalité de cette épreuve ?

Pour un virus des voies respiratoires classique, et pour de nombreux autres agents pathogènes, des générations ont compris qu’il y a un aspect positif à la souffrance. Votre système immunitaire a subi un exercice d’entraînement. Il code de nouvelles informations. Ce sont des informations que votre corps pourra utiliser pour rester en bonne santé à l’avenir. Il est maintenant prêt à combattre un agent pathogène similaire dans le futur.

Cette prise de conscience, qui survient lorsque la souffrance est extrême, apporte la source d’espoir dont on a tant besoin. Vous pouvez vous attendre à une vie meilleure et plus saine une fois l’épreuve traversée. Vous allez maintenant affronter le monde avec un bouclier. Cette danse dangereuse avec les agents pathogènes a été gagnée, du moins pour ce virus en particulier. Vous pourrez profiter d’une vie plus solide et plus saine à l’avenir.

Depuis des générations, les gens ont compris cela. C’est surtout au 20e siècle, lorsque les connaissances sur l’immunité naturelle se sont perfectionnées et que l’immunité collective a été démontrée, que cette notion s’est imposée dans les esprits.

Je parle de mon expérience personnelle. Mes propres parents n’ont cessé de me l’expliquer quand j’étais jeune. Lorsque j’étais malade, ce principe est devenu ma principale source d’espoir. C’était crucial pour moi, car j’étais un enfant anormalement malade. Savoir que je pouvais devenir plus fort et vivre normalement était devenu une bénédiction.

Rien n’a rendu cette notion plus évidente que lorsque j’ai eu la varicelle. Me réveiller avec des boutons rouges qui me démangeaient partout m’a fait paniquer à l’âge de 6 ou 7 ans. Mais quand j’ai vu les sourires sur les visages de mes parents, je me suis détendue. Ils m’ont expliqué qu’il s’agissait d’une maladie courante qu’il fallait absolument que je contracte dans ma jeunesse. Je pourrais alors bénéficier d’une immunité à vie.

Il est beaucoup moins dangereux de l’attraper quand on est jeune, m’ont-ils expliqué. Ne gratte pas les plaies. Endure-les et ça passera très vite. J’aurai fait mon devoir envers moi-même.

Cette expérience a été une expérience marquante pour moi. J’ai découvert ainsi les mécanismes de l’immunité naturelle. J’ai appris à connaître non seulement cette maladie, mais aussi toutes sortes de virus. J’ai appris qu’il y avait un aspect positif, une lueur d’espoir, dans la souffrance. Elle a créé les conditions qui m’ont permis de vivre mieux.

Culturellement, cette approche apparaît comme une méthode de pensée moderne, une conscience de soi qui permet de ne pas perdre espoir et d’envisager l’avenir avec confiance.

Depuis le début de la crise sanitaire actuelle, cette dimension est absente. Le Covid a été traité comme un agent pathogène à éviter à tout prix – personnel et social. Aucun prix à payer pour y échapper ne semblait trop élevé. Le pire destin possible était d’affronter le virus. Nous ne devons pas vivre la vie normalement, nous a-t-on expliqué. Nous devons tout réorganiser autour de slogans : ralentir la propagation, aplanir la courbe, garder une distance sociale, porter un masque, considérer tout le monde et tout ce qui existe comme porteur.

Après deux ans, cette situation est toujours d’actualité dans de nombreuses régions du pays. Les autorités sanitaires n’ont pas reconnu, et encore moins expliqué, l’immunité naturelle. Au lieu de cela, notre principale source d’espoir a été le vaccin, dont les autorités ont affirmé qu’il allait entraîner la mort du virus. Cela semblait être l’espoir pour de nombreuses personnes. Puis il s’est avéré que ce n’était pas vrai. Les espoirs ont été anéantis et nous avons été replongés là où nous étions auparavant.

Le pays est maintenant tellement touché par le Covid que tout le monde connaît une ou plusieurs personnes qui l’ont eu. Ils partagent leurs histoires. Certains malades ont eu des crises brèves. D’autres d’une semaine ou plus. La plupart des gens s’en remettent. Parfois, certaines personnes en sont mortes, en particulier les personnes âgées et les personnes atteintes de comorbidités. Cette expérience humaine a donné naissance non pas à une nouvelle vague de panique – il y en a eu une – mais à un épuisement. La grande question qui se pose est la suivante : quand tout cela va-t-il se terminer ?

Elle se terminera, comme l’ont expliqué les auteurs de la Déclaration de Great Barrington, par le développement de l’immunité collective. En ce sens, elle est semblable à toutes les pandémies qui l’ont précédée. Elles ont balayé la population et ceux qui s’en remettent ont développé une immunité forte contre l’agent pathogène et probablement d’autres de la même famille. Cela se produit avec ou sans vaccin. C’est cette évolution du système immunitaire qui permet de surmonter la maladie.

Et pourtant, aujourd’hui encore, des millions de personnes n’ont pas été informées des avantages que représente la confrontation avec le virus. Ils ne sont pas en mesure de croire que la maladie s’arrêtera un jour. Ils ne savent tout simplement pas. Les autorités ne leur ont pas expliqué. Oui, vous pouvez le comprendre si vous êtes curieux et si vous lisez des études spécialisées sur le sujet. Votre médecin a peut-être exprimé ce point de vue.

Mais lorsque les principales autorités de santé publique font tout leur possible pour prétendre que l’immunité naturelle n’existe pas, elles étouffent cette réalité au sein de la population. Les passeports relatifs à l’immunité ne la reconnaissent pas. Les personnes qui sont licenciées alors qu’elles ont fait preuve d’une immunité forte le savent trop bien.

De tous les scandales et outrages survenus ces deux dernières années – les incroyables erreurs commises par des fonctionnaires et le silence observé par tant de personnes qui auraient dû mieux savoir – l’étrange omerta observée sur l’immunité naturelle est parmi les pires. Cette omerta représente un coût sur le plan médical, mais aussi un immense impact sur le plan culturel et psychologique.

Il ne s’agit pas seulement d’une question scientifique obscure. C’est un des principaux moyens qui permet à la population de voir l’autre aspect de la pandémie. Malgré la peur, la souffrance et la mort, il y a toujours de l’espoir derrière, et nous pouvons le comprendre en connaissant le fonctionnement du système immunitaire.

Éliminez cette opportunité et vous enlevez à l’esprit humain la possibilité d’imaginer un avenir radieux. Vous favorisez le désespoir. Vous créez un état de peur permanent. Vous privez les gens de tout optimisme. Vous créez la dépendance et encouragez la dépression.

Personne ne peut vivre de cette façon. Nous ne sommes pas obligés de le faire. Si nous savons avec certitude que toute cette souffrance n’a pas été inutile, l’univers et son fonctionnement paraissent un peu moins chaotiques et semblent avoir plus de sens. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde sans agents pathogènes, mais nous pouvons affronter ce monde avec intelligence, courage et conviction. Nous pouvons atteindre cet objectif et vivre mieux qu’avant. Nous n’avons pas besoin de renoncer à la liberté.

Les personnes qui nous ont refusé ce savoir, cette confiance, se sont livrées à un jeu cruel avec la psychologie humaine. Ce qui est encore plus grave, c’est qu’ils étaient au courant. Ils ne sont pas inconscients. Beaucoup ont reçu une véritable formation médicale. Ils ont toujours connu la vérité.

Pourquoi nous ont-ils imposé ça ? Pour vendre ces vaccins ? Pour nous faire obéir ? Pour nous transformer en de pauvres êtres craintifs, plus faciles à contrôler ? Je ne suis pas sûr que nous connaissions les réponses. Il est possible que l’immunité naturelle en soit venue à être considérée par ces experts comme trop élémentaire, trop rudimentaire, insuffisamment technocratique, pour être autorisée à faire partie du débat.

Quoi qu’il en soit, c’est un scandale et une tragédie dont le coût en vies humaines est considérable. Il faudra des générations avant de s’en remettre complètement.

Ce réveil peut commencer au moins avec une prise de conscience. Vous pouvez examiner toutes les études et voir par vous-même comment cela fonctionne. Nous en sommes maintenant à 141 études qui font état d’une immunité forte après guérison, une forme d’immunité bien meilleure que celle qui peut être obtenue par ces vaccins. Nous devrions nous réjouir de ces études, mais elles n’auraient pas dû être nécessaires. Nous aurions dû le savoir en nous appuyant sur la science en vigueur concernant ces types d’agents pathogènes.

Nous sommes actuellement confrontés à un marasme terrible. Le nombre de cas n’a jamais été aussi élevé. Les gens réalisent de plus en plus que rien n’a fonctionné. La perte de confiance est palpable. De plus en plus de gens savent maintenant que tout le monde aura cette chose. Il n’est plus possible de se cacher, de réussir à « faire attention », il n’y a plus d’autre choix que de se lancer et de prendre un risque avec cette chose. Mais comment se convaincre que cela en vaut la peine ? Réaliser que vous serez plus fort au final.

Supprimez les notions d’immunité naturelle, et donc la prise de conscience qu’il peut y avoir une vie meilleure après la maladie, laissez les gens dans un vide existentiel et un sentiment de désespoir. Personne ne peut vivre de cette façon. Personne ne devrait avoir à le faire.

Selon l’Institut Brownstone

Jeffrey Tucker est le fondateur et le président de l’Institut Brownstone. Il est l’auteur de cinq livres, dont « Collectivisme de droite : l’autre menace pour la liberté ».


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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