OPINIONS

La dépression inflationniste mondiale est-elle déjà là ?

juillet 6, 2024 16:31, Last Updated: juillet 8, 2024 0:01
By Jeffrey A. Tucker et Peter St Onge

Un message subtil est apparu en filigrane dans un article du New York Times (NYT) sur la crise croissante de l’immobilier commercial dans les villes. Oui, c’est exactement le genre d’article que les gens ignorent parce qu’il semble traiter d’un sujet s’appliquant à un champ limité. En réalité, il présente un grand intérêt. Cela touche au cœur de questions comme nos paysages urbains, la façon dont nous concevons l’urbanisme et le progrès, l’endroit où nous passons nos vacances et où nous travaillons, et la question de savoir si les grandes villes sont des moteurs ou des gouffres pour la productivité nationale.

Le message mentionne la « détresse plus générale qui se profile sur le marché de l’immobilier commercial, qui souffre du double choc des taux d’intérêt élevés, qui rendent plus difficile le refinancement des prêts, et des faibles taux d’occupation des immeubles de bureaux – une conséquence de la pandémie ».

Nous sommes habitués à ce genre de langage qui impute à la pandémie les résultats des confinements. Bien sûr, la décision de transformer un virus respiratoire en excuse pour fermer le monde a été prise par l’homme. Les confinements ont fait exploser toutes les données économiques, générant des graphiques en dents de scie pour chaque indicateur, du jamais vu dans l’histoire industrielle. Ils ont également rendu les comparaisons avant/après extrêmement difficiles.

Les conséquences se feront sentir longtemps dans l’avenir. Les taux d’intérêt élevés sont le résultat d’une tentative de ralentissement de l’injection d’argent déclenchée en mars 2020, au cours de laquelle plus de 6.000 milliards de dollars d’argent frais sont apparus de nulle part et ont été distribués comme par un hélicoptère.

Quel a été l’effet de cette injection d’argent ? Elle a généré de l’inflation. De combien ? Malheureusement, nous ne le savons pas. Le Bureau of Labor Statistics (BLS) ne peut tout simplement pas suivre, en partie parce que l’indice des prix à la consommation (IPC) ne calcule pas les éléments suivants : toutes sortes d’intérêts, les impôts, le logement, l’assurance maladie (avec précision), l’assurance habitation, l’assurance automobile, les services publics comme les écoles publiques, la réduflation, les baisses de qualité, les substitutions dues au prix ou les frais de service supplémentaires.

C’est en grande partie ce qui a augmenté, ce qui explique pourquoi les données sur des secteurs particuliers montrent un écart énorme (l’épicerie a augmenté de 35 % en quatre ans) et pourquoi ShadowStats estime que l’inflation est à deux chiffres deux années de suite, après avoir atteint un pic de 17 %. Selon un document du Bureau national de la recherche économique, il suffit d’ajouter les intérêts pour que l’inflation atteigne 19 % en 2023.

Diverses études ont montré que depuis 2019, les prix de la restauration rapide – un étalon-or sur les marchés financiers pour mesurer l’inflation réelle – ont dépassé l’IPC officiel de 25 à 50 %.

L’erreur dans les données sur l’inflation n’est que le début du problème. C’est déjà une chance si les données gouvernementales sont ajustées pour tenir compte des chiffres erronés. Prenons l’exemple des ventes au détail. Supposons que vous ayez acheté un hamburger l’année dernière pour 10 dollars et que vous en achetiez un cette semaine pour 15 dollars. Diriez-vous que vos dépenses de détail ont augmenté de 50 % ? Non, vous avez simplement dépensé plus pour la même chose. Et bien, devinez quoi ? Toutes les ventes au détail sont calculées de cette manière.

Il en va de même pour les commandes d’usine. Il faut procéder soi-même aux ajustements liés à l’inflation. Même en utilisant les données conventionnelles, qui sont largement sous-estimées, tous les gains réalisés au cours des dernières années sont annulés. E.J. Antoni est l’un des rares économistes à se tenir au courant de la situation et il a produit les deux graphiques suivants.

Comme l’écrit E.J. : « Il s’agit des commandes d’usine avant et après ajustement pour l’inflation : ce qui ressemble à une augmentation de 21,1 % entre janvier 2021 et mars 2024 n’est qu’une augmentation de 1,8 % – le reste n’est qu’une augmentation des prix, pas une augmentation des produits physiques ; pire encore, les commandes réelles sont en baisse de 6,9 % depuis leur point culminant de juin 22. »

Imaginez les mêmes graphiques, mais avec des ajustements plus réalistes. Comprenez-vous le tableau ? Les données largement répandues diffusées quotidiennement par la presse économique sont fausses. Regardez les mêmes graphiques refaits avec une inflation à deux chiffres, comme cela devrait être le cas. Nous avons un sérieux problème.

Les problèmes liés aux données sur l’emploi sont de plus en plus connus. Pour l’essentiel, les données des établissements qui sont normalement communiquées font l’objet d’un double comptage ou sont tout simplement inexactes, et il existe une énorme divergence avec l’autre méthode de comptage des emplois par le biais d’enquêtes auprès des ménages. E.J. propose à nouveau ce regard.

En outre, ni le ratio travailleurs/population ni le taux de participation du travail n’ont retrouvé leur niveau d’avant le confinement.

Prenons maintenant le produit intérieur brut (PIB). Selon la vieille formule élaborée dans les années 1930, les dépenses publiques augmentent le PIB tandis que les réductions le diminuent, tout comme les exportations augmentent et les importations diminuent. Pourquoi ? Il s’agit d’une vieille théorie enracinée dans une sorte de keynésianisme/mercantilisme que personne ne semble vouloir changer. Mais le biais est profond de nos jours avec l’explosion des dépenses publiques.

Pour déterminer si nous sommes en récession, et dans quelle mesure, nous examinons non pas le PIB nominal, mais le PIB réel, c’est-à-dire corrigé de l’inflation. Deux trimestres de baisse sont considérés comme une récession. Que se passerait-il si nous ajustions des chiffres de production pathétiques et gravement erronés en fonction d’une compréhension réaliste de l’inflation de ces dernières années ?

Nous ne disposons pas des chiffres, mais des estimations et rapides calculs suggèrent que nous ne sommes jamais sortis de la récession de mars 2020 et que la situation s’est progressivement détériorée.

Cela semble correspondre à toutes les enquêtes sur le moral des consommateurs. Il semble probable que les gens eux-mêmes soient de meilleurs observateurs de la réalité que les collecteurs de données et les statisticiens des gouvernements.

(Données : Federal Reserve Economic Data (FRED, Données économiques de la Réserve fédérale), St. Louis Fed ; Graphique : Jeffrey A. Tucker)

Jusqu’à présent, nous avons traité brièvement de l’inflation, de la production, des ventes et de la production, et nous avons constaté qu’aucune des données officielles n’était fiable. Une erreur se répercute sur d’autres, comme l’ajustement de la production à l’inflation ou l’ajustement des ventes à l’augmentation des prix. Les données sur l’emploi sont particulièrement problématiques en raison du problème de la double comptabilisation.

Que faut-il savoir sur les finances des ménages ? L’évolution des taux d’épargne et de l’endettement par carte de crédit est révélatrice.

(Données : Federal Reserve Economic Data (FRED), St. Louis Fed ; Graphique : Jeffrey A. Tucker)

Lorsque l’on fait le compte, on a l’étrange impression que rien de ce que l’on nous dit n’est réel. Selon les données officielles, le dollar a perdu environ 23 cents de pouvoir d’achat au cours des quatre dernières années. Personne n’y croit. Selon ce que l’on dépense réellement, la réalité est plus proche de 35 cents, 50 cents ou même 75 cents… ou plus. On ne sait pas ce que l’on ne peut pas savoir.

Nous en sommes réduits à des conjectures. À ce problème s’ajoute le fait qu’il ne s’agit pas seulement d’un problème américain. La hausse de l’inflation et la baisse de la production sont véritablement mondiales. On pourrait parler de récession inflationniste ou de dépression fortement inflationniste dans le monde entier.

La plupart des modèles économiques utilisés dans les années 1970, et encore aujourd’hui, postulent qu’il existe un rapport d’équilibre permanent entre la production (avec l’emploi comme indicateur) et l’inflation, de sorte que lorsque l’une est en hausse, l’autre est en baisse (courbe de Phillips).

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation où les données sur l’emploi sont profondément affectées par de mauvaises études et enquêtes ainsi qu’ une baisse de la proportion de la population active employée ou à la recherche de travail, où les données sur la production sont faussées par des niveaux historiques de dépenses et de dettes publiques, et où personne n’essaie même plus de fournir une comptabilité réaliste de l’inflation.

Que se passe-t-il vraiment ? Nous vivons une époque obsédée par les données, avec des capacités apparemment magiques de tout savoir et de tout calculer. Et pourtant, même aujourd’hui, nous semblons plus aveugles que jamais. La différence, c’est qu’aujourd’hui, nous sommes censés faire confiance à des données dont personne ne pense qu’elles sont réelles.

Pour en revenir à la crise de l’immobilier commercial, les grandes banques n’ont même pas voulu parler aux journalistes du NYT. Voilà qui devrait vous mettre la puce à l’oreille.

Nous vivons dans une économie où le mot d’ordre est de ne rien demander et de ne rien dire. Personne ne veut parler d’hyperinflation. Personne ne veut parler de dépression économique. Par-dessus tout, il ne faut jamais admettre la vérité : le tournant dans nos vies et l’événement déclencheur de toute cette calamité pour le monde ont été les confinements eux-mêmes. Tout le reste en découle.

De l’Institut Brownstone

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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