Depuis le 24 février 2022, date à laquelle les troupes russes ont commencé leur invasion de l’Ukraine, le monde entier pensait que la Russie prendrait le contrôle de ce pays en trois mois et conquerrait la capitale, Kiev, en trois jours. Pourtant, la guerre dure depuis plus de deux ans et trois mois, et rien n’indique qu’elle se terminera bientôt.
Quelle est l’évolution de ce marathon de confrontation militaire, politique et économique qui touche toutes les puissances mondiales ? Plus important encore, comment cette guerre prolongée affectera-t-elle la géopolitique mondiale ? Est-ce qu’elle marque le début de la désintégration d’un impérialisme totalitaire ? Pinnacle View, un programme de la chaîne NTD en langue chinoise, a analysé ces sujets sous différents angles.
L’Occident accroît son aide à l’Ukraine
Le producteur de télévision indépendant Li Jun a rappelé que le sommet sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine se tiendra en Suisse les 15 et 16 juin. Il porterait en priorité sur trois thèmes clés de la formule de paix en dix points, proposés par le président ukrainien Volodymyr Zelensky : la sécurité alimentaire, la sécurité nucléaire et la libération de tous les prisonniers et déportés.
Lors de sa récente rencontre à Paris avec Volodymyr Zelensky, le président américain Joe Biden a annoncé une nouvelle tranche d’aide à l’Ukraine de 225 millions de dollars. En même temps, le président français Emmanuel Macron a annoncé la cession à Kiev d’avions de chasse Mirage 2000-5 et la formation de pilotes ukrainiens sur le sol français. D’autres pays augmentent également leur aide à Kiev. La Suède, par exemple, prévoit de fournir à l’Ukraine une aide militaire d’un montant de 7 milliards de dollars sur trois ans. Le G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada) a aussi discuté d’une motion visant à permettre à l’Ukraine de bénéficier des intérêts générés par les actifs russes gelés, qui s’élèvent à plus de 300 milliards de dollars.
« Grâce à ces aides, je pense que l’avantage actuel de la Russie en matière d’artillerie pourrait être inversé et toute la dynamique de la guerre pourrait changer », a remarqué Li Jun.
Heng He, commentateur politique et économique, a indiqué que si la Russie a pu lancer sa récente offensive dans la région de Kharkiv, c’était en grande partie parce que l’Ukraine manquait de munitions et que sa population est quatre fois inférieure à celle de la Russie. « Par conséquent, si l’Ukraine compte prolonger sa résistance face à la Russie et si sa puissance de feu est désormais suffisante, ses pertes seront bien inférieures à celles de la partie russe. »
D’autre part, a poursuivi M. Heng, la Russie a obtenu de la Corée du Nord des munitions relativement moins avancées qui ne permettraient pas de lui donner un avantage en matière de guidage de précision.
Il a également noté qu’il est largement reconnu que l’Ukraine a le droit moral de résister à la Russie. Avec suffisamment d’armes provenant de l’Occident, « l’Ukraine pourra attaquer à distance et, si elle peut pénétrer [avec ces armes] assez loin dans le territoire russe, elle portera un grand coup à l’approvisionnement logistique et au moral des Russes, apportant une grande aide à ses propres troupes au champ de bataille et inversant ainsi le désavantage de l’Ukraine dans cette guerre ».
« Les armes nucléaires représentent un contrepoids »
M. Heng a attiré l’attention au fait que, face au soutien croissant de l’Occident à l’Ukraine, la Russie a menacé d’utiliser des armes nucléaires tactiques. Toutefois, « les armes nucléaires représentent un contrepoids pour tous, personne n’ose les utiliser le premier et, jusqu’à présent, cet équilibre n’a jamais été rompu », a-t-il ajouté.
« Pour la Russie, l’utilisation d’armes nucléaires tactiques n’apportera rien de bon. Si la Russie utilise ces armes, les forces de l’OTAN élimineront toutes les forces russes qui envahissent l’Ukraine. En d’autres termes, si la Russie utilise des armes nucléaires, elle affrontera l’OTAN. »
« Par conséquent, la Russie réfléchirait à deux fois avant d’utiliser des armes nucléaires tactiques, et je ne pense pas qu’il soit probable qu’elle les utilise pour inviter l’OTAN à s’impliquer directement dans la guerre. »
« Beaucoup dépend de la réaction de l’OTAN », a déclaré M. Heng.
Une guerre marathon impliquant davantage de forces politiques
Shi Shan, rédacteur en chef de l’édition chinoise d’Epoch Times, estime que la guerre russo-ukrainienne risque de se transformer en un bras de fer prolongé, qui pourrait durer de nombreuses années.
M. Shi pense que Vladimir Poutine est déterminé à mener une guerre de longue durée. Au début de la guerre, la Russie a utilisé du personnel militaire professionnel comme force principale. Cependant, ces derniers temps, on voyait surtout de nouvelles recrues sur le champ de bataille, certaines d’entre elles n’ont été formées que pendant deux semaines.
Guo Jun, rédactrice en chef de l’édition d’Epoch Times de Hong Kong, a indiqué que le déclenchement de la guerre en Ukraine a entraîné une augmentation de la dépendance de l’Europe à l’égard de l’OTAN et des États-Unis en matière de défense, et que la guerre se poursuivra probablement jusqu’à ce que les deux parties soient épuisées.
« Au début, tout le monde a surestimé la Russie, pensant que sa puissance militaire était telle que la guerre à ses portes se terminerait très rapidement. En réalité, la Russie n’y est pas parvenue, car sa puissance militaire avait beaucoup diminué. Aujourd’hui, de nombreuses personnes ont adopté l’opinion opposée et pensent que la ‘Russie est faible’. En fait, la Russie a hérité de l’énorme système militaro-industriel de l’Union soviétique, qui est encore largement en place. »
L’État-parti chinois est l’un des pays qui souhaitent que la guerre se poursuive, a souligné Mme Guo. « Tout d’abord, la guerre marathon diminue la puissance exercée par les États-Unis dans la région Asie-Pacifique » et permet à Pékin de se préparer à une guerre dans le détroit de Taïwan. « Deuxièmement, la Russie revitalise l’industrie militaire chinoise en s’appuyant de plus en plus sur Pékin pour les fonds financiers, les équipements et les composants électroniques. »
« Plusieurs autres pays du camp autoritaire deviennent également de plus en plus dépendants du régime communiste chinois, ce qui lui est également très favorable. »
Le début d’un nouveau paysage mondial ?
Selon Mme Guo, la guerre russo-ukrainienne est devenue l’épicentre de confrontation entre les deux camps de ce monde, et il semble probable que l’impasse se poursuivra pendant longtemps, se transformant en une tension géopolitique similaire à celle de la guerre froide.
Pendant la guerre froide, les États-Unis et l’Union soviétique n’ont jamais eu de conflits militaires directs, et toutes les confrontations armées ont été menées par procuration, en particulier dans les régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, a rappelé Mme Guo.
« La guerre russo-ukrainienne peut également être considérée comme une continuation de la guerre froide et une guerre par procuration. Entre les États-Unis et la Russie, et même entre les pays européens et la Russie, la confrontation militaire directe a été évitée, et beaucoup espéraient ‘confiner’ la guerre au sol ukrainien. »
Guo Jun pense que la guerre entre la Russie et l’Ukraine pourrait être déterminante pour l’évolution du paysage géopolitique. « Par exemple, la guerre froide a commencé par la guerre de Corée, qui a duré trois ans [1950-1953]. Le Parti communiste chinois et [son allié] l’Union soviétique ont choisi d’accepter un armistice, et le monde est entré dans une période de guerre froide.
« Dans l’histoire, presque tous les grands changements mondiaux commencent par une guerre. » La Première Guerre mondiale a entraîné l’effondrement de quatre empires : l’Empire austro-hongrois, l’Empire allemand, l’Empire tsariste russe et l’Empire ottoman. La Seconde Guerre mondiale peut être considérée comme une extension de la Première Guerre mondiale, et elle a eu des conséquences similaires qui ont entraîné l’effondrement de l’Empire britannique et l’indépendance des colonies, a indiqué Guo Jun.
« La désintégration d’un impérialisme totalitaire annonce généralement un changement radical. Ce que nous voyons dans la bataille menée en Ukraine, c’est la suite de l’effondrement de l’Union soviétique. La guerre en Ukraine n’est donc que le début d’un nouveau paysage mondial. »
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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