ARTS ET CULTURE

La détermination des frères Montgolfier à s’envoler

Le rêve des garçons en ballon s'est manifesté lorsque trois animaux se sont envolés dans le ciel
décembre 30, 2024 0:14, Last Updated: décembre 30, 2024 18:40
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Quel a été le premier être vivant à voler dans un engin fabriqué par l’homme ? Ce n’était pas un singe. Ce n’était pas un chien. Et certainement pas un humain. Il s’agissait en fait d’un trio improbable d’animaux : un mouton, un poulet et un canard, qui ont été projetés dans les airs par deux frères français entreprenants, à l’aube de l’ère de l’aviation. La détermination, le rêve et les découvertes des frères Montgolfier ont jeté les bases de l’ascension de l’humanité vers le ciel.

Joseph-Michel Montgolfier est né en 1740 à Annonay, en France, et son frère et partenaire Jacques-Étienne est né 5 ans plus tard. Joseph et Étienne sont issus d’une famille nombreuse de 16 enfants. Leur père, Pierre Montgolfier, était un fabricant de papier prospère à Vidalon, dans le sud de la France.

Des deux frères, Étienne était le plus pratique et il est allé à Paris pour étudier l’architecture. Il revient diriger l’entreprise familiale en 1772. Tout en s’occupant de la papeterie, Étienne et son frère commencent à développer des passe-temps intéressants.

Les frères Montgolfier ont été immortalisés dans des estampes, des livres et des gravures, comme cette illustration tirée du livre de 1870 intitulé Merveilleuses ascensions en ballon ou la Conquête des Cieux. (Domaine public)

Le mystère du vol

Plus précisément, les frères étaient fascinés par l’accélération rapide des connaissances scientifiques et de l’expérimentation à cette époque. Ils lisent avidement le Journal of the Royal Society et les travaux de scientifiques comme ceux de Joseph Priestly et James Watt.

Joseph rêve et s’interroge sur l’aéronautique et le mystère du vol et, dès 1775, il fabrique des parachutes. Étienne a dû percevoir l’étincelle d’émerveillement de son frère, car ils commencent à travailler ensemble sur des expériences aéronautiques. La découverte du gaz hydrogène par Henry Cavendish en 1766 les intrigue tout particulièrement. Le scientifique britannique Joseph Black avait soutenu que si l’on trouvait le matériau adéquat pour contenir le gaz, on pourrait l’utiliser pour soulever du sol, des objets ou des personnes.

Cette idée a éveillé la fascination des deux frères, qui ont décidé de s’y atteler. Vers 1781, ils ont commencé à mener de petites expériences, tout d’abord en utilisant du papier provenant de la fabrique de papier qu’ils dirigeaient. Cependant, ni le papier, ni la soie, ni quoi que ce soit d’autre qu’ils ont essayé ne pouvait contenir l’insaisissable gaz hydrogène. Mais les frères ont refusé de se laisser abattre par cet échec.

Les frères ont remarqué que la chaleur semblait faire monter les choses, comme un morceau de papier ou un peu de cendre au-dessus d’un feu. Ils ont supposé qu’en plus de produire de la fumée, les flammes produisaient également une sorte de gaz, un type de gaz qu’ils pourraient peut-être plus facilement exploiter (ils l’ont appelé « gaz Montgolfier »). Bien que les frères se soient trompés sur le mécanisme exact qui permettait au feu de soulever des objets légers (ils ne savaient pas que l’air chaud est moins dense que l’air froid). Ils étaient tout de même assez près du but, suffisamment pour obtenir un certain succès.

En novembre 1782, Joseph fabrique un sac à gaz avec des panneaux de taffetas de soie. Lorsqu’il brûle du papier en dessous, le sac s’élève doucement jusqu’au plafond. Encouragés, les frères réussissent à faire monter un sac chauffé à 915 mètres et à le maintenir en l’air pendant quelques minutes.

Cette gravure de la fin du XIXe siècle représente un des premiers vols des frères Montgolfier, qui a ouvert la voie à l’ère de l’aviation. (Crédit photo PD-US)

Ces expériences prometteuses ont encouragé les frères à tenter une démonstration publique le 4 juin 1783. Ils font décoller de la place d’Annonay, devant une foule admirative, un ballon fait de toile de coton et de papier d’une largeur de 10 mètres. Il se serait élevé ce jour-là à 1000 mètres et s’est posé, dix minutes après l’envol, à plus d’un kilomètre.

La nouvelle de cet exploit est parvenue rapidement à Paris et les deux frères sont convoqués à la cour royale de Versailles pour répéter la démonstration devant le roi Louis XVI en personne, le 19 septembre 1783. La reine Marie-Antoinette y assiste également, mais a été dégoûtée par l’odeur du feu utilisé pour élever le ballon. Les frères s’étaient en effet convaincus que le « gaz Montgolfier » était plus facile à produire en brûlant de la paille humide, de la laine, de vieilles chaussures et […] de la viande avariée.

La basse-cour prend son envol

Odeur ou pas, ce mélange odorant a permis de lancer le ballon avec succès, mais cette fois-ci avec une particularité supplémentaire. Les frères Montgolfier voulaient découvrir les effets d’un voyage dans le ciel sur des créatures vivantes, et notamment si celles-ci survivraient. Ils ont donc chargé dans la nacelle du ballon trois animaux : un mouton, un poulet et un canard. Une fois les passagers embarqués, le roi, la reine et quelque 130,000 citoyens ont retenu leur souffle tandis que le ballon s’élevait doucement dans le ciel. Le ballon richement décoré était suspendu dans le ciel comme une larme de topaze, scintillant au soleil. La foule émerveillée l’a regardé léviter, semblant défier les lois de la gravité pendant environ 8 minutes. Il est monté à une hauteur estimée de 500 mètres et est retombé sur terre à 3 kilomètres du site de lancement.

Les frères Montgolfier ont exposé leur ballon à air chaud devant la royauté française et plus de 100.000 citoyens français. (Domaine public)

Maintenant, la question brûlante est : les animaux ont-ils survécu ?

Un jeune scientifique, Jean-François Pilâtre de Rozier, s’est précipité à travers les champs vers l’épave de la montgolfière pour en connaître la réponse. S’approchant timidement, il a trouvé le panier d’osier des animaux brisé et vide. Étaient-ils tombés du ballon ? Ou simplement s’étaient-ils vaporisés sous l’effet inconnu de l’altitude ? Non. M. De Rozier s’est aperçu rapidement que ce n’était pas le cas, car il a retrouvé le mouton qui broutait tranquillement à proximité. Les compagnons du mouton, le canard et le poulet, sont également rapidement retrouvés.

Ils semblaient sains et saufs, à l’exception du poulet qui était blessé à une aile. Était-ce dû aux lois inexplicables et mystérieuses du vol ? Tout être vivant osant le ciel risquait-il une fois sur trois d’être blessé par la pression atmosphérique ? Non, une fois de plus, la réponse s’est avérée beaucoup plus banale : le mouton avait donné un coup de pied au pauvre poulet.

Un journal a résumé ainsi l’expérience des animaux aéronautes : « On a jugé qu’ils n’avaient pas souffert, mais ils ont été, pour le moins, très étonnés. »

Les spectateurs humains ont eux aussi été très étonnés et impressionnés. Quelques mois plus tard, deux Français se sont lancés dans la première escapade mondiale en ballon habité par des passagers humains. Tout cela a fait sensation. Les ballons sont devenus une véritable mode, l’enthousiasme pour le ciel ayant gagné l’Europe et l’Amérique.

L’un des associés de Benjamin Franklin a écrit : « Dans tous nos cercles d’amis, à tous nos repas, dans les antichambres de nos jolies femmes, comme dans les écoles académiques, on n’entend parler que d’expériences, d’air atmosphérique, de gaz inflammable, de voitures volantes, de voyages dans le ciel. »

Un monument à la mémoire des frères Montgolfier se dresse à Annonay, en France, leur ville natale. (Crédit photo Jacques Forêt/CC BY-SA 3.0)

Grâce au rêve et à la détermination de deux frères, une nouvelle frontière de l’histoire humaine avait été franchie. L’ère de l’aviation était arrivée.

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