Les collègues de Bruno Rejony sont encore sous le choc. Ce conducteur expérimenté de TGV, par ailleurs très engagé au sein de la CGT Cheminots, a mis fin à ses jours ce mardi. Originaire de Saint-Étienne, il était très apprécié par ses pairs. Ses problèmes personnels seraient à l’origine de son geste fatal.
Lors de la veillée de Noël, d’importantes perturbations ont eu lieu sur la ligne à grande vitesse Sud-Est, après le décès de ce conducteur travaillant très régulièrement sur le réseau des trains express régionaux. Aux environs de 20 heures, l’homme, âgé de 52 ans, a sauté de son train en marche depuis sa cabine. Lorsque les secours sont arrivés, ils l’ont retrouvé décédé sur les rails.
La famille cheminote plongée dans le deuil
La SNCF a annoncé ce « terrible drame » ce mercredi. Si un total de 10.000 usagers de la SNCF sont, pour cette raison, restés bloqués ce mardi soir, aucun d’entre eux n’a cependant été mis en danger, grâce au dispositif d’arrêt automatique du train.
« Dès qu’il a abandonné son poste de conduite, les dispositifs d’arrêt automatique du train se sont activés et le train s’est arrêté automatiquement », a en effet spécifié la SNCF, assurant que les systèmes de sécurité avaient alors parfaitement fonctionné. Selon une porte-parole de la compagnie ferroviaire, c’est la première fois qu’un tel incident se produit. Il a plongé toute la famille cheminote dans le « deuil », en ce jour de Noël.
Le nouveau ministre des Transports Philippe Tabarot, a expliqué ce jeudi sur l’antenne de RTL qu’il s’agissait « avant tout » d’un « drame humain », ajoutant que le conducteur était « particulièrement apprécié de tous ses collègues dans la région de Saint-Étienne ».
« Il me disait qu’il n’allait pas bien »
Philippe Tabarot a également signifié que le geste de ce conducteur était « plutôt lié à des problèmes personnels et familiaux très importants qu’à des problèmes professionnels », mentionnant néanmoins la difficulté « d’affirmer des choses sans le recul nécessaire ».
Selon l’un de ses proches, Bruno avait en effet des soucis dus à sa situation familiale. « Bruno, c’était un mec en or mais torturé », a-t-il signifié au micro de BFM-RMC, ajoutant : « Il me disait qu’il n’allait pas bien. Mais je ne pouvais pas imaginer qu’il mette fin à ses jours, surtout dans ces circonstances. »
Il devait prendre sa retraite prochainement
Père d’un enfant autiste, le cheminot avait confié sa détresse dans un message sur Facebook publié le 20 novembre dernier. Il y expliquait que lui et la mère de son fils étaient « largués, impuissants ». Parlant d’une « hospitalisation récente qui aurait pu permettre un peu de repos », il soulignait que celle-ci s’était encore soldée par une « impasse ». « Le tout c’est d’être entouré dans ces moments-là par des personnes qui vous aiment mais qui vous aiment vraiment c’est déjà ça », poursuivait-il, affirmant qu’il ne souhaiterait pas une telle épreuve a son pire ennemi. « À chacun sa Croix comme on dit mais il y a des croix qui sont plus lourdes que d’autres », concluait le message.
Le 6 janvier de cette année, sur ce même réseau social, il avait tenu à faire un « clin d’œil » à l’occasion de ses « 27 ans de conduite jour pour jour ». « Que le temps passe vite trop vite… malgré tout vivement l’année prochaine ce sera d’autres photos pour mon dernier train cette fois », avait-il assuré. Le quinquagénaire, qui devait effectivement bientôt prendre sa retraite, n’aura finalement jamais eu le bonheur de conduire ce dernier train.
« Sympathique, très posé, très combatif »
Sur X en ce 25 décembre, la sénatrice de la Loire Cécile Cukierman a présenté ses condoléances à ses proches, ses camarades de la CGT, et à l’ensemble de ses collègues en apprenant cette « terrible nouvelle ». « Bruno avait chevillé au corps la défense du service public ferroviaire », a-t-elle écrit.
Comme le rapporte BFM-RMC, cet ancien secrétaire syndical CGT des cheminots de la Loire était très impliqué dans les combats sociaux, selon la sénatrice communiste, qui a qualifié le défunt de « sympathique, très posé, très combatif » et « toujours bienveillant ». Prenant « toujours du temps pour expliquer les situations et les luttes qu’il portait », elle a souligné qu’en public, « il ne renvoyait pas une telle souffrance personnelle ».
De son côté, la CGT doit prochainement lui organiser un hommage. Dans un communiqué de presse publié le 25 décembre, elle précise qu’« aucun élément ne permet de privilégier telle ou telle piste notamment celle d’un suicide ». Elle y dénonce en outre « les propos non fondés et honteux du ministre des Transports », déplorant de surcroît la « communication hâtive de la direction nationale de la SNCF qui semble vouloir clore le sujet rapidement ». Une enquête judiciaire a été ouverte afin de faire toute la lumière sur les causes de ce décès tragique.
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