Nigel Farage, l’ancien leader de l’Ukip, s’est vu signifier la fermeture de son compte dans un prestigieux établissement financier britannique. Une décision politique, tonne l’homme politique, documents internes à l’appui. En réaction au tollé suscité par cette affaire, le gouvernement britannique prévoit de plancher sur des mesures de régulation du système bancaire visant à éviter que pareille situation ne se reproduise.
Le mois dernier, Nigel Farage, ancien président du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (Ukip), avait annoncé sur Twitter que son compte bancaire chez la luxueuse Coutts, banque de la défunte reine Elizabeth II et filiale de Natwest, avait été clôturé soudainement, ce sans explication. La lumière a été faite. Dans une vidéo publiée ce mardi, l’artisan du Brexit a révélé avoir obtenu un dossier de quarante pages lui permettant d’affirmer que la banque a décidé de l’expulser en raison de ses opinions politiques, celle-ci les jugeant contraire à « ses valeurs » : « Des commentaires et des comportements qui ne collent pas avec les valeurs et les objectifs de la banque ont été démontrés », explique Nigel Farage, qui ajoute être « vu comme xénophobe et raciste » mais aussi comme un ancien « fasciste » ou encore un « homophobe ». De quoi le laisser penser à une cabale politique d’« un établissement opposé au Brexit », énonçait-il dans une longue vidéo mise en ligne début juillet sur son compte Twitter.
« Pour qui ces gens se prennent-ils ? »
Selon le média Mail Online, qui s’est procuré les documents, la banque reproche à l’ex-eurodéputé le partage d’une « blague » tweetée par l’humoriste Ricky Gervais sur les femmes transgenres, l’amitié de Nigel Farage avec le joueur de tennis Novak Djokovic, opposé à la vaccination contre le Covid-19, le soutien exprimé de Nigel Farage envers Donald Trump ou encore sa critique de la politique écologiste menée par le gouvernement britannique. Dans des notes non datées, Coutts craint « des risques pour la réputation de notre banque en étant associée à lui ».
Sur le média GB News, Nigel a annoncé réfléchir à engager un procès en diffamation contre l’établissement bancaire.
Par ailleurs, le farouche détracteur de la politique migratoire anglaise a souligné sur Twitter que la personne en charge de son compte était Camilla Stowell, directrice générale de Coutts qui se décrit publiquement comme une opposante au Brexit et revendique son engagement « pour la planète » ainsi que la « diversité ». Et d’indiquer : « Camilla Stowell a dit un jour considérer que Coutts avait un rôle “dépassant celui d’une simple banque ». Pour qui ces gens se prennent-ils ? »
Depuis l’annonce de la fermeture de son compte bancaire par Coutts, Nigel Farage a rapporté mercredi qu’une dizaine d’établissements bancaires auraient également refusé de le prendre comme client.
Le gouvernement britannique s’insurge
Des informations qui ont suscité la colère jusqu’au plus haut sommet de l’État britannique : « Ce n’est pas bien. Personne ne devrait être interdit d’utiliser des services de base en raison de ses vues politiques. La liberté d’expression est la pierre angulaire de notre démocratie », a lancé le Premier ministre Rishi Sunak mercredi. Cette décision de Coutts est « honteuse », a fustigé pour sa part le ministre de l’Énergie Grant Shapps, tandis que la ministre de l’Intérieur Suella Braverman a estimé que ce « scandale » avait « exposé la nature sinistre de l’industrie de la diversité, de l’équité et de l’inclusion ».
Ces prises de position sont intervenues la veille de trois élections législatives anticipées, précipitées par la démission de leurs députés, tous trois conservateurs : l’ancien Premier ministre Boris Johnson et son allié Nigel Adams, le premier pour avoir menti au Parlement, le second décidé à le suivre dans sa chute, ainsi que David Warburton, évincé à la suite d’accusations de harcèlement sexuel. En décidant de voler au secours de Nigel Farage, les conservateurs pourraient ainsi tenter de mobiliser l’électorat qui lui est favorable alors que le gouvernement traverse actuellement une passe difficile.
Cette affaire pourrait conduire les banques à perdre leur licence dans le cas où elles commettraient des discriminations contre leurs clients sur la base de leurs opinions politiques, relate la BBC, le gouvernement se disant prêt à prendre des mesures qui prévoiraient également de contraindre les banques à donner la raison de la clôture d’un compte et un préavis d’une durée plus longue le cas échéant.
Crédit social
Cette polémique a créé des remous jusqu’en France, des internautes voyant derrière la décision de Coutts l’augure du crédit social à la chinoise : « Le crédit social à la chinoise approche à grands pas ! Et la réduction de nos libertés avec lui », a ainsi commenté le président de la VIA Jean-Frédéric Poisson. Même analyse chez Florian Philipot, président des Patriotes : « Preuves à l’appui, il a montré que les banques lui reprochent ses positions sur le Brexit, Djokovic, les vaccins covid, ou Trump ! C’est le début du crédit social ! »
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