ÉCONOMIE

La France de nouveau sous la loupe de l’agence de notation S&P après Fitch et Moody’s

mai 29, 2024 8:40, Last Updated: mai 29, 2024 9:10
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Après le statu quo de Fitch et de Moody’s en avril, place à S&P Global Ratings vendredi qui doit se prononcer sur une éventuelle rétrogadation de la note de la France que les autorités tentent d’éviter.

La France est aujourd’hui notée « AA » par l’agence américaine, une excellente appréciation équivalent à un 18 sur 20, mais assortie d’une perspective négative. Une révision à la baisse de la note peut donc survenir si l’agence estime que les efforts menés par l’État pour assainir ses finances ne sont pas suffisants.

Lors de sa dernière évaluation en décembre, S&P avait maintenu sa note inchangée, mais agité le risque d’une rétrogradation si « les déficits ne diminuent pas suffisamment pour entraîner une réduction du ratio de dette publique sur le PIB, ou si les intérêts d’emprunt augmentent au-delà de 5% des recettes des administrations publiques ».

L’heure est au bilan six mois après cet avertissement et ce, alors que la France a enregistré entre-temps un dérapage de son déficit public à 5,5% du PIB en 2023, au lieu de 4,9% anticipés, menaçant l’objectif gouvernemental d’un retour sous les 3% en 2027, une limite imposée par Bruxelles.

« Quelques raisons de dégrader la France »

« Sur base des critères que S&P a communiqués elle-même, cette agence aurait quelques raisons de dégrader la France », écrit dans une note Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, mettant en avant certaines projections pessimistes quant aux critères fixés par S&P en matière de dette et d’intérêts d’emprunt.

Pour les analystes de Goldman Sachs, il existe « des risques de dérapage budgétaire supplémentaire à l’avenir » : l’objectif d’un déficit à 5,1% en 2024 sera « difficile » à atteindre, et la cible de 4,1% de déficit en 2025 est « peu probable », car elle imposerait « l’ajustement le plus brutal depuis 2011 », hors Covid.

La France est par ailleurs notée par S&P comme la Belgique et le Royaume-Uni, mais elle a affiché l’an dernier une dette et un déficit public supérieurs à ses voisins. Pour autant, les deux autres principales agences internationales, Moody’s et Fitch, n’ont pas revu à la baisse la note française en avril et maintenu respectivement leur « Aa2 », équivalent de la note de S&P, et « AA-« , un cran en dessous.

La France bénéficie généralement d’un regard positif de la part des investisseurs internationaux pour la stabilité de ses institutions, la liquidité de sa dette et la diversification de son économie.

Aucune des deux agences ne croit en revanche au retour du déficit sous les 3% du PIB en 2027, un objectif « sage et approprié » a martelé le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire dans une interview lundi à Bloomberg, rappelant que la France a « une stratégie très claire et très crédible » basée sur la croissance, la réduction des dépenses publiques et les réformes structurelles.

Une réforme de l’assurance chômage

Le gouvernement met en avant ses dernières mesures destinées à revenir dans les clous budgétaires, dont un effort de 20 milliards d’euros d’économies supplémentaires en 2024, puis encore 20 milliards en 2025.

Paris vient aussi de présenter une nouvelle réforme de l’assurance chômage, un secteur sur lequel le Fonds monétaire international (FMI) a appelé à aller chercher des économies dans un rapport publié jeudi.

Les récentes promesses gouvernementales y ont été saluées par l’institution de Washington mais le FMI a appelé à de « nouvelles mesures » dès cette année afin de ne pas voir le déficit français flamber à 4,5% en 2027, la prévision actuelle de l’institution.

Un tel dérapage pourrait alourdir davantage la charge de la dette de la France qui, selon le gouvernement, va déjà s’envoler à 72,3 milliards d’euros en 2027 – plus que le budget de l’éducation nationale – contre 46,3 milliards en 2022, en raison notamment de l’effet des hausses de taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre l’inflation.

À cela risquerait de s’ajouter un renchérissement lié à une défiance des investisseurs envers la France. Celle-ci n’est pas encore d’actualité, l’écart de taux d’intérêt d’emprunt de la France par rapport à l’Allemagne, pays considéré comme le plus sûr en Europe, étant inférieur à ce qu’il était en début d’année, avant l’annonce du dérapage budgétaire de 2023.

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