La France a décidé d’ouvrir « avec 15 ans d’avance » les archives judiciaires de la guerre d’Algérie, a annoncé vendredi 10 décembre le gouvernement, poursuivant la politique des « petits pas » amorcée par Emmanuel Macron.
Cette déclaration intervient deux jours après la visite à Alger du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, destinée à désamorcer une crise d’une rare gravité entre les deux pays en cours depuis plusieurs mois.
Cette annonce s’inscrit dans la politique de réconciliation mémorielle initiée par le chef de l’État, Emmanuel Macron. Le 13 septembre 2018, il reconnaissait que la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Audin, en 1957 à Alger, était le fait de l’armée française et promettait à sa famille un large accès aux archives.
« On ne doit jamais avoir peur de la vérité, il faut la contextualiser. (…) Mais il faut la regarder en face », a expliqué Roselyne Bachelot.
Le 9 mars 2021, poursuivant sa politique de « petits pas », le chef de l’État avait annoncé une simplification des accès aux archives classifiées de plus de 50 ans, permettant d’écourter les délais d’attente.
Cette décision s’inspirait du rapport Stora sur la question mémorielle entre l’Algérie et la France qui préconise une ouverture et un partage des archives coloniales sensibles entre Algériens et Français, conservées aux Archives nationales d’outre-Mer à Aix-en-Provence.
Elle répondait aussi partiellement à une requête d’universitaires se plaignant des entraves à la libre consultation de documents historiques.
Une ouverture des archives souhaitée de longue date par les historiens
« Il y a une demande très forte des historiens s’agissant de la déclassification des documents couverts par le secret défense. Et l’idée fondamentale est de leur donner la possibilité de faire leur travail », a ajouté ce membre de la commission « Mémoire et vérité » présidée par l’historien Benjamin Stora.
Même requête, restée sans réponse, du côté des historiens algériens qui en avril ont appelé dans une lettre le chef d’État algérien à ouvrir les archives nationales sur cette période. « La demande et la revendication d’ouvrir les archives date d’au moins dix ans », déplorait alors l’historien Amar Mohand-Amer sur TV5 Monde.
De profondes plaies entre les deux pays
Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, les plaies sont encore vives de part et d’autre malgré des gestes symboliques au fil des ans de la France, qui exclut toutefois « repentance » ou « excuses ».
Le président Emmanuel Macron avait déclenché l’ire d’Alger en octobre en accusant, selon des propos rapportés par Le Monde, le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d’indépendance et de la France.
L’Algérie avait alors rappelé son ambassadeur à Paris et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français ralliant le Sahel.
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