Douze orphelins français de familles jihadistes, dont le plus âgé a 10 ans, initialement recueillis dans des camps de déplacés du nord-est de la Syrie, ont été rapatriés lundi à Paris, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
Les douze enfants, « tous des « orphelins, isolés et particulièrement vulnérables » dont « certains sont malades et dénutris », selon le ministère, avaient été remis dimanche à une délégation française venue les chercher sur place.
Deux orphelins de parents néerlandais, également pris en charge par la délégation française sur place, ont été rapatriés dans l’avion militaire français spécialement affrété et remis à des représentants des Pays-Bas qui les attendaient à Paris, a précisé la même source.
Les enfants français vivaient dans deux des camps tenus par les forces kurdes, où ont été accueillies des dizaines de milliers de personnes ayant fui les offensives contre le dernier bastion du groupe jihadiste Daesh (État islamique (EI)).
Selon la procédure qui a été mise en place pour le retour du premier contingent d’enfants de jihadistes français (cinq enfants le 15 mars), les 12 orphelins ont été remis dans la matinée aux services de protection à l’enfance, sous l’autorité du procureur de la République et de la protection judiciaire de la jeunesse.
Ils vont d’abord faire l’objet d’un examen médical approfondi puis seront pris en charge par les services sociaux, a précisé le quai d’Orsay.
« 12 orphelins issus de familles de Daesh »
Au Kurdistan syrien Abdel Karim Omar, haut responsable des Affaires étrangères de l’administration autonome kurde, non reconnue par la communauté internationale, avait auparavant indiqué que « 12 orphelins français issus de familles de l’EI » avaient été remis « à une délégation du ministère français des Affaires étrangères ».
Il a indiqué que l’opération s’était déroulée dimanche dans la localité d’Aïn Issa, près de la frontière avec la Turquie.
Un responsable kurde parlant sous couvert de l’anonymat a précisé que les orphelins français se trouvaient dans les camps d’al-Hol et Roj, et que les Néerlandais étaient hébergés dans celui d’Aïn Issa.
Les autorités kurdes estiment qu’un autre groupe d’orphelins français pourrait être remis prochainement à la France.
Le quai d’Orsay a également confirmé qu’il « n’était pas exclu qu’il y ait une troisième opération, si l’on identifie d’autres enfants répondant aux mêmes critères de vulnérabilité ».
Déjà 17 orphelins ont été rapatriés
Pour l’instant, les autorités françaises ont rapatrié 17 orphelins, cinq le 15 mars et douze lundi, avec en plus les deux enfants néerlandais. Les Pays-Bas avaient contacté Paris pour leur demander de prendre en charge ces deux enfants au cas où une nouvelle opération de rapatriement serait montée, au précisé le quai d’Orsay.
Il y a environ 400 à 500 ressortissants français dans les camps gérés par les Kurdes dans le nord-est syrien, dont une grande majorité d’enfants, a précisé le ministère français des Affaires étrangères.
Après avoir conquis l’ultime fief des jihadistes dans l’est syrien, au terme d’une offensive soutenue par une coalition internationale emmenée par Washington, les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont proclamé le 23 mars la défaite du « califat » de l’EI.
Les autorités kurdes administrent aujourd’hui dans le nord-est de la Syrie plusieurs camps de déplacés surpeuplés où les conditions de vie sont très précaires.
Pour désengorger le camp d’Al-Hol, elles avaient, début juin, laissé rentrer dans leurs foyers quelque 800 femmes et enfants syriens. Parallèlement, elles réclament depuis plusieurs mois le rapatriement des femmes et des enfants de jihadistes étrangers.
Deux Américaines et six enfants, issus de familles liées à l’EI en Syrie, ont été rapatriés la semaine dernière aux Etats-Unis.
En France, le gouvernement, soumis à la pression des familles, a été sommé fin mai par le Défenseur des droits de venir en aide aux enfants de jihadistes français retenus en Syrie, en faisant cesser les « traitements inhumains » qu’ils subissent dans les camps.
Des situations étudiées au cas par cas
A ce sujet, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a réaffirmé la « position constante » de la France, qui étudie les situations « au cas par cas » et ne rapatrie que des orphelins ou des enfants avec l’accord de leur mère.
Lundi matin Samia Maktouf, avocate de familles françaises d’enfants réfugiés dans les camps en Syrie a déclaré : « Ce nouveau rapatriement est une étape très importante que je salue. Il en va de la sécurité de ces enfants, qui étaient confronté à un danger de mort imminent. Ils sont Français, ils ont leur place en France ».
Mais une autre avocate de familles française, Marie Dosé, à l’origine de plusieurs recours pour tenter d’obtenir des rapatriements, a en revanche déclaré à l’AFP que « ces rapatriements au compte-goutte font partie d’un ‘cas par cas’ que je dénonce ».
« J’ai une pensée pour les 200 enfants qui restent là-bas, dont le traumatisme et les dangers augmentent chaque jour », a-t-elle ajouté.
Epochtimes.fr avec AFP
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