Le gouvernement a indiqué lundi avoir identifié « au moins 10 milliards d’euros d’économies » qui ne sont qu’une « étape » et contribueront d’ici 2027 au redressement des comptes dégradés de la France, en taillant dans des dépenses de santé ou des avantages fiscaux aux carburants.
Ces propositions d’économies, qui feront l’objet de concertations, alimenteront en partie le projet de budget pour 2024 qui sera présenté en septembre et nécessitera au moins 12 milliards d’euros d’économies pour cette seule année, a indiqué une source à Bercy.
Après avoir échappé à la sanction de l’agence S&P Global, qui a maintenu la note de solvabilité française, l’exécutif entend réaffirmer son sérieux budgétaire et tourner la page des dispendieuses mesures de soutien du « quoi qu’il en coûte » face aux crises sanitaire et énergétique. « Maintenant que nous revenons à la normale, qui comprendrait que nous continuions à dépenser autant? », s’est interrogé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, en ouvrant à Bercy les Assises des finances publiques.
Notre devoir est de protéger notre nation contre le risque de la dette.
Avec @GabrielAttal, nous mettrons en œuvre les orientations fixées par @EmmanuelMacron et @Elisabeth_Borne pour relever ce défi essentiel : accélérer le désendettement de la France.https://t.co/hmaJlFNFzd— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) June 19, 2023
Ces assises faisaient suite aux revues annuelles des dépenses publiques, lancées il y a quelques mois. Elles ont toutefois été boudées par les trois principales associations d’élus locaux, l’Association des maires de France (AMF) déplorant l’absence de « stratégie » et de « vision » pour les collectivités tout en se disant ouverte à la « concertation ».
Pour diminuer endettement et déficit publics jusqu’en 2027, « nous avons identifié, notamment avec notre première revue de dépenses publiques, au moins 10 milliards d’euros d’économies », a souligné Bruno Le Maire. Ces économies devront être trouvées sur la santé, en luttant contre l’explosion des arrêts maladie et « les dérives » des dépenses en médicaments, a-t-il détaillé.
Sont également dans le viseur les aides au logement, rabotées de deux milliards d’euros par an, et le soutien à l’emploi en cette période de chômage bas, plus particulièrement l’apprentissage et le compte personnel de formation. Autre cible, les avantages fiscaux sur les carburants dont bénéficient notamment les transporteurs routiers ou les agriculteurs, alors que la France engage le virage de la transition énergétique. Ils seront supprimés progressivement d’ici 2030, avec un accompagnement pour les professions concernées.
Pas d’« austérité »
Interrogée sur la nécessité de trouver davantage d’économies pour le budget 2024, une source à Bercy a indiqué qu’« il y en aura d’autres » qui totaliseront « sans doute davantage » que 12 milliards d’euros, citant une évaluation de la Cour des comptes. Les Assises ne sont qu’une « étape », a-t-elle ajouté, alors que Bruno Le Maire a assuré ne pas vouloir faire d’« austérité » et rejette toute hausse d’impôts.
L’objectif est de réduire à 108,3% du PIB (produit intérieur brut) en 2027 le lourd endettement de la France (contre 111,6% fin 2022), qui la range du côté des mauvais élèves européens, et de ramener sous l’objectif européen de 3% le déficit public (4,7% fin 2022). Pour y parvenir, le gouvernement table aussi sur la fin du bouclier énergétique, les gains des réformes comme celles des retraites ou de l’assurance-chômage, et le plein-emploi sur fond de croissance qu’il entrevoit à terme plus dynamique.
Il entend également pérenniser les revues qui passeront au crible chaque année une vingtaine dépenses publiques pour mesurer leur efficacité. « Nous devons assumer de devoir faire des économies quand nous constatons que des dispositifs n’atteignent pas leurs résultats ou pas suffisamment », a déclaré en clôture des Assises la Première ministre Élisabeth Borne.
Ces efforts sont jugés d’autant plus nécessaires que l’environnement économique se durcit, avec le rétablissement l’an prochain des règles budgétaires européennes et la forte remontée des taux d’intérêt qui alourdit significativement la charge de la dette. Le gouvernement pourrait aussi, en présentant son prochain budget, réviser sa prévision de croissance pour 2023, actuellement de 1%.
Déjà, l’exécutif a multiplié les annonces ces dernières semaines. Il a ainsi gelé 1% supplémentaire des crédits du budget 2023 (1,8 milliard d’euros) qui seront partiellement annulés, selon Bruno Le Maire, et demandé aux ministères de dégager 5% d’économies, hors salaires, en 2024 notamment pour financer la transition énergétique.
« Certains demandent des objectifs plus ambitieux ; mais la première évolution serait déjà de tenir ceux affichés », a averti le gouvernement de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, exigeant de la fermeté dans leur déploiement. Mais entre refus d’alourdir la fiscalité et tension sociale face à une inflation élevée, maîtriser la dépense s’annonce délicat. Surtout après une douloureuse réforme des retraites et sans majorité absolue à l’Assemblée nationale.
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