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La fuite des Rosales devant la montée des eaux au Texas

août 30, 2017 17:05, Last Updated: août 30, 2017 16:59
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La petite Luna, 9 ans, s’amuse à franchir avec d’autres enfants les obstacles colorés d’une grande salle de jeux sous les yeux de ses parents silencieux, soulagés d’avoir pu rejoindre Woodlands, au nord de Houston, après avoir fui devant les inondations provoquées par l’ouragan Harvey.

La nuit vient de tomber sur cette petite ville texane et il faut un temps au patriarche, Arnulfo Rosales, pour réaliser qu’à peine une journée s’est passée depuis qu’ils ont été sauvés, après cinq heures d’attente angoissée.

Les pluies record qui se sont abattues sur Houston n’ont pas épargné les vertes campagnes aux alentours, jusqu’à leur bourgade de New Caney et ses quelque 20 000 habitants, située à 50 kilomètres au nord-est de la quatrième ville des États-Unis.

Son fils Juan a vu l’eau monter autour de la maison dès son réveil à 07h00 lundi. « À midi, l’eau commençait à entrer dans la maison et c’est là qu’on a décidé de partir. Les bateaux sont venus nous chercher à 17H00 », raconte ce père de deux enfants, âgé de 31 ans.

Ce sont des volontaires civils venus de Louisiane, État voisin du Texas, qui les ont sauvés des eaux, se souvient-il. « Il y avait un shérif », renchérit son père, âgé de 66 ans, les deux hommes conversant sur un même ton calme, presque recueilli, malgré leur récente frayeur.

« On ne savait pas si on allait s’en sortir (les sauveteurs) allaient et venaient, allaient et venaient… », témoigne Juan. « …parce qu’il y avait des gens malades, c’était la priorité », dit son épouse Lorena, revenue de l’aire de jeux, terminant sa phrase au vol.

La famille Rosales a dû marcher plus de 1,5 kilomètre dans les eaux froides des routes inondées pour rejoindre le point de rassemblement où les sauveteurs en bateau les ont pris en charge.

Ils ont goûté au cours de cette randonnée forcée à cette solidarité évoquée par beaucoup depuis l’arrivée de la tempête catastrophique vendredi soir sur cet État du sud des États-Unis.

« Des voisins ont un petit canoë et ils ont pris les enfants dedans pour ne pas qu’ils se mouillent », raconte Lorena.

Mais en attendant au point de rassemblement d’être évacués par les secours, « notre petit garçon », âgé de sept ans, et « très frileux, s’est mis à trembler. On n’arrivait plus à le réchauffer et quand je l’ai pris sur mes épaules (les sauveteurs) nous ont vus et on a pu monter » en priorité sur leur bateau, poursuit-elle.

Juan et Arnulfo ont dû attendre un autre voyage, faute de place. « L’eau a commencé à monter plus rapidement et on a dû traverser mon père et moi, le courant était fort et l’eau nous arrivait à la poitrine », se souvient le fils.

Solidarité et générosité 

Leur périple s’est poursuivi. Après un trajet en bus, ils ont atteint un premier abri surpeuplé, organisé en urgence à New Caney et où on leur a donné des vêtements propres, puis ils ont sauté sur la proposition d’aller dans un autre refuge, à l’Église Woodlands.

Les pasteurs de cette grande église évangélique ont converti mardi leur centre communautaire en refuge. Couches, couvertures, provisions, jouets, vêtements et même des dizaines de cages pour animaux domestiques : en six heures à peine, les dons ont afflué.

« C’est extraordinaire de voir la réaction de notre congrégation et du voisinage », témoigne Matt Van Houten, un pasteur. Ce jeune homme accueillant de 28 ans fait visiter les lieux, saluant les dizaines de bénévoles affairés, qui en cuisine, tentent de trouver un sèche-linge pour les vêtements des Rosales.

Après l’annonce de l’ouverture du centre, une cinquantaine d’évacués sont rapidement arrivés, précise-t-il.

La famille Rosales n’est là que depuis une heure. Souriante et en chaussettes, Luna quitte la salle de jeux et vient rejoindre ses parents et son grand-père attablés à proximité.

Qu’est-il advenu de leur maison? Philosophes, ils préfèrent ne pas y penser. « Elle est déjà inondée, elle est déjà abîmée… On ne peut rien faire maintenant alors il vaut mieux attendre », estime Arnulfo.

« Tant que nous allons bien, tant pis si on a perdu des choses », renchérit Juan. « On pourra les racheter, mais si j’avais perdu mon père, mon épouse ou mes enfants, alors ça, jamais ».

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