La candidate désignée par la gauche Lucie Castets a demandé mercredi à Emmanuel Macron de la nommer sans attendre Première ministre alors que le chef de l’Etat a balayé cette hypothèse et suscité la colère des leaders du Nouveau Front populaire, prêts à « un rapport de force » avec l’Elysée.
Sur France inter, pour sa première prise de parole dans un media audiovisiuel, cette haute fonctionnaire à la mairie de Paris de 37 ans, engagée dans la défense des services publics mais inconnue du grand public, a appelé le chef de l’Etat à « prendre ses responsabilités » en la nommant à Matignon.
« Le moment est grave et on ne peut pas ajourner ce type de décision », a-t-elle insisté, en réponse au chef de l’Etat qui a dit mardi soir qu’il ne nommerait pas de nouveau gouvernement avant la fin des Jeux olympiques « mi-août ».
Elle a qualifié de « déni de démocratie » cette fin de non-recevoir à sa candidature surprise, annoncée par la gauche juste avant l’interview télévisée du chef de l’Etat mardi soir.
Depuis le 7 juillet, le Nouveau Front populaire (NFP), arrivé en tête après le second tour des législatives, ne parvenait pas à se mettre d’accord sur un nom.
« La question n’est pas un nom. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée », a estimé Emmanuel Macron qui, tout en reconnaissant avoir perdu les élections, a appelé à « des compromis » entre les partis ayant fait barrage au RN entre les deux tours des élections.
Mais Lucie Castets a répondu qu' »une coalition avec le camp présidentiel est impossible du fait de nos désaccords profonds », dans la lignée des responsables du Nouveau Front populaire.
Elle a affirmé que « notre base de départ, c’est le programme du Nouveau Front populaire » et qu’il faudra « convaincre texte après texte » pour dégager des majorités à l’Assemblée nationale, avec parmi ses « premières priorités », « l’abrogation de la réforme des retraites ».
Une gauche en ébullition
Les leaders de la gauche se sont succédé dans les médias jeudi matin pour défendre sa candidature, appelant à « la mobilisation » pour faire pression sur l’Elysée.
Le coordinateur de LFI Manuel Bompard veut engager « un rapport de force », ayant « l’impression d’avoir affaire à une sorte de forcené qui est retranché à l’Élysée ».
Pour la patronne des écologistes Marine Tondelier, Emmanuel Macron a réagi « comme un enfant paniqué, la seule chose qu’il a su annoncer à 20 heures, c’est qu’il disait non »
« Il ne peut pas faire comme si de rien n’était jusqu’à mi-août », a-t-elle jugé, balayant l’idée d’une trêve olympique.
« On est capables de faire deux choses en même temps, c’est-à-dire de regarder la finale du 400 mètres haies et de composer un gouvernement », a-t-elle plaidé.
En face, le camp macroniste a défendu cette trêve réclamée par le chef de l’Etat dont l’agenda est désormais quasi-monopolisé par les JO (26 juillet-11 août), entre intervention au Comité international olympique (CIO) et visite de sites mercredi, sommet international sur le développement jeudi et cérémonie d’ouverture vendredi.
« Ce n’est pas gagner du temps, c’est respecter une temporalité que nous n’avons pas choisie qui est celle des JO », a plaidé la ministre démissionnaire Aurore Bergé sur Europe1/Cnews.
Sur le fond, elle a jugé « qu’un gouvernement qui ne serait formé que par le NFP, un gouvernement qui comprendrait des membres issus de LFI serait un gouvernement qui serait censuré dès le lendemain même ».
Les stratèges élyséens considèrent que l’alliance qui s’est nouée entre le camp présidentiel et La Droite républicaine pour faire réélire Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée peut constituer un « embryon » de coalition. La preuve en tout cas que « le barycentre » politique est plutôt « au centre », voire « au centre-droit ».
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