La gendarmerie française « fait une boulette » en arrêtant une journaliste suisse

14 novembre 2017 21:03 Mis à jour: 17 novembre 2017 05:48

Une journaliste suisse qui faisait un reportage sur les migrants dans la région de Briançon (Hautes-Alpes) en France a été arrêtée et interrogée par la gendarmerie, s’est scandalisé mardi le journal Le Temps, tandis que les autorités judiciaires françaises ont confirmé son « audition ».

« Ce n’est pas digne de la France à qui nous demandons des explications et des excuses », écrit le rédacteur en chef du journal, Stéphane Benoit-Godet, qualifiant les faits « d’intolérable attaque contre la presse ».

L’envoyée spéciale du quotidien, Caroline Christinaz, avait pris place samedi dans une voiture d’un habitant des Hautes-Alpes, qui portait secours aux migrants franchissant le col de l’Échelle (1.762 mètres d’altitude), alors partiellement enneigé, pour entrer en France depuis l’Italie. Un second véhicule transportait le journaliste français de la radio France Culture Raphaël Krafft.

À leur descente du col ils ont été arrêtés par la gendarmerie, alors que les deux véhicules transportaient quatre migrants.

Les deux journalistes ont été convoqués dimanche à la gendarmerie de Briançon. « L’interrogatoire a duré deux heures », témoigne Caroline Christinaz.

« Ils m’ont dit vouloir connaître mes capacités financières pour établir le montant de l’amende », dit-elle. Elle explique avoir été photographiée et ses empreintes digitales ont été relevées. « Devant l’insistance et la pression des deux gendarmes, elle finit par leur donner son téléphone portable, puis, de guerre lasse, son code d’accès », dénonce Le Temps, qui précise que les gendarmes lui ont redonné finalement son appareil.

« Quand elle les interroge sur le statut de cette audition, on lui répond qu’elle est mise en cause dans une procédure pour aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’étrangers sur le territoire français », explique le journal.

« Lors de son interrogatoire, notre consœur a subi des tentatives d’intimidation de la part des gendarmes et du procureur, qui l’ont mise en cause alors qu’elle ne faisait qu’exercer sa profession », dénonce le rédacteur en chef.

Interrogé par l’AFP, le procureur de Gap Raphaël Balland a accusé Le Temps « de tenir des propos totalement diffamatoires à (son) encontre ». Il assure « ne pas avoir été informé par les gendarmes de l’audition de la journaliste suisse ».

Il a expliqué que la journaliste s’est vu notifier ses droits – « droit d’avoir un avocat, de garder le silence et de partir à tout moment » – et « qu’elle les a signés ».

Il a aussi précisé que quand les gendarmes lui ont rendu compte de l’audition de la journaliste et du conducteur, il leur a dit « qu’au vu des premiers éléments de l’enquête », « il n’y avait pas d’éléments suffisants pour mettre en cause le deuxième journaliste », qui a donc été entendu comme « témoin ».

Interrogé par l’AFP, le journaliste de France Culture a expliqué que sa consœur était sortie de l’entretien « choquée qu’on lui ait posé des questions intimes ».

L’ONG Reporters sans frontières, qui milite pour la liberté de la presse, a estimé de son côté dans un communiqué que « traiter un journaliste comme un suspect alors qu’il ne fait qu’exercer sa profession est une entrave au libre exercice du journalisme » et rappelé que la protection des sources des journalistes était consacrée par le droit français.

R.B avec AFP

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