La Géorgie s’attire les foudres des États-Unis et de l’Union européenne avec sa « loi contre l’influence étrangère »

La loi vise toute organisation détenue à 20% par une entité étrangère

Par Adam Morrow
2 août 2024 00:02 Mis à jour: 2 août 2024 00:02

Les États-Unis ont annoncé qu’ils suspendaient l’envoi de plus de 95 millions de dollars d’aide internationale à la Géorgie, dans la région du Caucase, en raison de l’adoption récente par ce pays d’une législation visant à lutter contre « l’influence étrangère ».

« Après ces actions antidémocratiques de la part du gouvernement géorgien, j’ai annoncé un examen complet de la coopération bilatérale entre les États-Unis et la Géorgie », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans un communiqué daté du 31 juillet.

« À la suite de cet examen, les États-Unis suspendent une aide de plus de 95 millions de dollars qui bénéficie directement au gouvernement géorgien », a-t-il ajouté.

Cette mesure punitive de Washington intervient deux mois après l’adoption par le parlement géorgien d’une loi contre l’influence étrangère, entrée en vigueur le 1er août.

Cette loi oblige toute organisation dont plus de 20 % des fonds proviennent de l’étranger à s’enregistrer en tant qu’ « organisation poursuivant des intérêts étrangers ».

Cette loi a été défendue par le parti au pouvoir, le parti du Rêve géorgien, selon lequel une telle législation est nécessaire pour protéger le pays des influences étrangères malveillantes qui opèrent sous le couvert de la « société civile ».

Les partisans de la loi affirment également qu’une telle décision est nécessaire pour sauvegarder la souveraineté nationale du pays et combattre les « valeurs pseudo-libérales » imposées par des entités étrangères, en particulier occidentales.

M. Blinken a déclaré dans son communiqué que « les actions antidémocratiques et les fausses déclarations du gouvernement géorgien sont incompatibles avec les normes d’adhésion à l’UE et à l’OTAN ».

Dans les semaines qui ont précédé la ratification de la loi, des manifestations en opposition à la loi ont éclaté à Tbilissi, la capitale de la Géorgie.

Parallèlement, plusieurs institutions et pays occidentaux, dont l’Union européenne, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, ont exhorté les dirigeants géorgiens à renoncer à cette loi.

En mai, Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’UE, a averti que la ratification de la loi aurait un « impact négatif » sur la candidature de la Géorgie à l’adhésion à l’UE.

Les détracteurs de la loi l’ont qualifiée par dérision de « loi russe », la comparant à la législation prétendument utilisée par Moscou pour réprimer la dissidence.

Moscou, pour sa part, nie toute association avec la loi géorgienne sur les « agents étrangers » ou sa récente ratification par le parlement du pays.

Par le passé, le fondateur du Rêve géorgien, Bidzina Ivanichvili, a affirmé qu’un « parti de la guerre mondiale » dirigé par les États-Unis cherchait à entraîner la Géorgie dans un conflit avec la Russie.

Washington a averti le parti au pouvoir en Géorgie que sa « rhétorique anti-occidentale » risquait de placer le pays « sur une trajectoire précaire ».

« Menaces et chantage »

Après la ratification de la loi, Washington a imposé des restrictions de visa à plusieurs responsables du parti au pouvoir, affirmant qu’ils se rendaient « complices de l’affaiblissement de la démocratie ».

En juin, le département d’État a dévoilé une première série de restrictions visant les responsables du parti au pouvoir, les législateurs, les officiers de police et certaines personnes privées.

Il a également annoncé son intention de procéder à un « examen complet de nos relations avec le gouvernement géorgien ».

Peu après, le Pentagone a « reporté indéfiniment » les exercices militaires conjoints entre les États-Unis et la Géorgie, initialement prévus pour le mois de juin.

Rêve géorgien a réagi en accusant Washington de se livrer à des « menaces et au chantage », et voit dans la série de restrictions américaines une « tentative grossière de restreindre l’indépendance et la souveraineté de la Géorgie ».

Bruxelles a également réagi à la ratification de la loi en suspendant la candidature de la Géorgie à l’adhésion à l’UE.

« L’adoption de cette loi [contre l’influence étrangère] a gelé l’intégration de la Géorgie dans l’Union européenne », a déclaré Pawel Herczynski, l’envoyé de l’UE en Géorgie, dans des remarques adressées à la presse locale.

Il a également annoncé que Bruxelles avait gelé 30 millions d’euros d’aide militaire précédemment destinés aux forces armées géorgiennes.

Dans sa déclaration du 31 juillet, M. Blinken a condamné les « actions antidémocratiques et les fausses déclarations » de Rêve géorgien, qui sont, selon lui, « incompatibles avec les normes d’adhésion à l’UE et à l’OTAN ».

Il a toutefois ajouté que les États-Unis continueraient à financer des programmes d’assistance visant à « renforcer la démocratie, l’État de droit, l’indépendance des médias et le développement économique » en Géorgie.

« Nous resterons engagés auprès du peuple géorgien et de ses aspirations euro-atlantiques », a déclaré M. Blinken.

Le premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidze, a qualifié les dernières mesures punitives de Washington de « contre-productives ».

« Au lieu de faire du chantage et de proférer des menaces, nous devrions avoir une conversation saine sur l’amélioration de nos relations », a-t-il déclaré à la presse géorgienne le 1er août.

« Nos relations ont besoin d’une remise à zéro », a-t-il déclaré.  »

Avec Reuters 

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